BOMBARDIER

Pratiques douteuses

Il faut maintenir la pression sur les entreprises pour qu’elles agissent dans la légalité

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Pas de rétro-commissions, pas de contrats !

Une enquête du Globe and Mail nous apprenait samedi que Bombardier Transport, dont le siège social est à Londres, avait vendu pour 2,4 milliards de dollars d’équipements à des compagnies de chemins de fer russes en passant par une société-écran dirigée par des proches de l’ancien président d’un monopole d’État, lui-même ami de Vladimir Poutine. Complexe, mais pas surprenant.
Ce n’est pas la première fois que le nom de Bombardier est associé à des pratiques douteuses. On se souviendra qu’en 2015, la société avait dû remercier son représentant en Belgique et au Luxembourg après publication d’une enquête journalistique accusant celui-ci d’avoir versé un pot-de-vin en échange de renseignements confidentiels en prévision d’un appel d’offres.

Il y a deux ans, Bombardier faisait aussi partie d’un groupe de multinationales accusées par les autorités brésiliennes de collusion pour faire grimper les prix des équipements ferroviaires.

Au cours des dernières années, d’autres soupçons de pratiques immorales sinon illégales qui seraient survenues en Corée, en Afrique du Sud et au Luxembourg ont affecté la réputation de la compagnie. Parmi elles, il y a les révélations des LuxLeaks, il y a deux ans, selon lesquelles Bombardier utilisait une adresse de complaisance au Luxembourg pour y déclarer des revenus et ainsi payer moins d’impôts. Bombardier a toujours prétendu agir dans la légalité.


Bombardier inc. possède 75 lieux de production et d’ingénierie dans 28 pays du monde. Elle vend ses trains, ses avions, ses équipements de signalisation et fournit des services d’entretien à un nombre encore plus élevé de pays, dont les États-Unis, la Chine et la Russie.

Comme toutes les multinationales, la société est constamment en quête de contrats pour alimenter ses usines et satisfaire l’appétit de ses actionnaires, dont notre Caisse de dépôt et placement, qui possède 30 % de la filiale transport ferroviaire mise en cause par le Globe and Mail.

Officiellement, tous ses dirigeants se conforment à un code d’éthique strict qui interdit la collusion et la corruption où que ce soit dans le monde. Dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples.

Cette fois-ci, Bombardier Transport est mise en cause pour avoir conclu plus d’une centaine de ventes d’équipements de signalisation d’une valeur de 2,4 milliards à des firmes russes dont elle était parfois elle-même actionnaire, en passant par une société-écran nommée Multiserv Overseas.

Ce que les collègues du Globe and Mail ont appris, c’est que Multiserv n’avait ni employé ni bureau et que ses dirigeants étaient des proches de l’ancien président de la Compagnie des chemins de fer russes, Vladimir Yakunin, lui-même un ami de Vladimir Poutine et une bonne connaissance de Laurent Beaudoin.

Pour quelle raison avoir recours à un intermédiaire fictif pour vendre des équipements ? L’exigence vient des Russes, aurait répondu un représentant de Bombardier. Mais encore ?

Dans au moins un cas mis au jour précédemment dans les Panama Papers, une société incorporée aux îles Vierges, Rambo Management (sic), aurait reçu 23 millions de dollars pour avoir vendu 13 systèmes de signalisation au même intermédiaire Multiserv. Pourtant, Bombardier est le seul fabricant de cet équipement sophistiqué baptisé Lock 950s.
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