Pr Xavier Ducrocq : “Vincent Lambert n’est pas en fin de vie, on veut le faire mourir !”

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Un médecin réplique à la propagande euthanasiste de l'État


Pour Boulevard Voltaire, le Professeur Xavier Ducrocq, neurologue, s’exprime sur le cas Vincent Lambert, dont l’alimentation et l’hydratation ont cessé ce mardi.






Le docteur Sanchez du CHU de Reims a annoncé qu’il allait plonger Vincent Lambert dans un état de sédation et qu’il allait également couper l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert.

Vous faites partie de ces personnels du corps médical qui sont opposés à ce que Vincent Lambert soit mis à mort.

Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?


J’ai été sollicité en mai 2013 lors du premier arrêt de nutrition et d’hydratation de Vincent Lambert. Cet arrêt avait duré 31 jours avant que la justice n’arrête cette procédure.

A cette époque, les parents de Vincent m’avaient sollicité. J’étais neurologue, professeur de neurologie et président du comité d’éthique du CHU de Nancy. Lorsqu’on m’a sollicité, on m’apprend que Vincent Lambert est une personne en état de conscience altérée et qu’il a manifesté une volonté certaine de mourir dans son comportement. Je suis évidemment interloqué. C’est impossible.

Par la suite, tous les experts vont le redire. Soit il y a une erreur médicale, soit c’est un mensonge.

Vincent n’avait pas écrit de directives écrites anticipées. S’il avait écrit des directives, nous les aurions regardées avec prudence, mais il n’avait rien écrit. Par conséquent, stopper sa nutrition et son hydratation, sans qu’il y ait de menaces sur sa vie au motif qu’il voulait mourir, est un acte qui n’avait d’autre but que de faire mourir Vincent Lambert. C’est donc une euthanasie.

C’est ce que j’ai écrit dès 2013.


La loi Léonetti autorise-t-elle le docteur Sanchez à stopper la nutrition et l’hydratation de Vincent Lambert ?


Oui et beaucoup le découvrent. Elle a évolué entre le début de la loi Léonetti en 2005 et sa révision en 2016. Deux éléments ont été introduits. D’une part, de qualifier la nutrition et l’hydratation artificielle de traitement. D’autre part, de proposer une sédation profonde jusqu’à la mort.

Ces deux procédures vont être appliquées à Vincent Lambert.

On a l’impression que la loi lui a été taillée sur mesure pour pouvoir permettre de mettre fin à ces jours, alors qu’il n’est pas en fin de vie, qu’il n’a pas une maladie incurable, qu’il est simplement atteint d’un handicap des plus sérieux à la fois cognitif, intellectuel et physique, mais sa vie n’est pas immédiatement menacée. Sa nutrition artificielle ne pose pas de problèmes particuliers.

Nous avons montré en 2015 qu’il était capable de manger, au moins en partie, par la bouche. Par conséquent, la loi Léonetti le permet, et toutes les instances juridiques ont confirmé qu’on est bien dans le cadre de la loi française. Beaucoup de médecins ont découvert ce piège de la loi Léonetti. Aucun des députés qui l’a votée à l’unanimité et l’immense majorité des médecins ne l’avait soupçonné.

On n’aurait pu être intrigué par le fait de son appellation. C’est une loi relative aux droits des patients et à la fin de vie.


Ceux qui seraient favorables à la mort de Vincent Lambert ont pour argument que personne ne souhaiterait vivre dans la situation de Vincent Lambert. Lui donner la mort serait presque un acte charitable.

Est-ce audible pour vous en tant que médecin ?


Ce sont des choses qu’on entend et qu’on ne souhaite à personne. Quand la maman de Vincent parle des personnes qui sont dans le même état que Vincent, elle parle de ses compagnons d’infortune. Cela fait bientôt 35 ans que je pratique la médecine et en particulier la neurologie, c’est ma spécialité. Je m’occupe en particulier des accidents vasculaires cérébraux.

Personne ne souhaite survivre à un AVC. Les 99,9 % des patients dont je me suis occupé ont tous survécu. Ils ont tous fait face à l’événement, se sont adaptés et ont développé des facultés dont ils ne se soupçonnaient pas capables. C’est la force de vie qui se trouve en chacun de nous.

Les médecins spécialistes qui s’occupent spécifiquement des patients comme Vincent disent qu’il y a une force vitale chez Vincent qu’on est obligé de constater. Il y a chez lui, un désir de vivre. Il le prouve en vivant et en étant là !