PQ : éviter de jouer à la guerre civile

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Le risque, et le danger, de la division





Si à ce qu’on dit, la course à la chefferie au PQ ne passionne pas, elle n’en est pas moins robuste. On l’a vu ces derniers jours : les candidats ne se contentent pas de débattre. Ils se combattent. C’est normal. En politique, on ne veut pas seulement convaincre : on veut vaincre. La politique est une activité fondamentalement polémique, conflictuelle et ceux qui refusent cette réalité et nous sermonnent en prétendant faire de la politique autrement sont condamnés, un jour ou l’autre, à se faire éjecter du jeu. Y a-t-il slogan plus usé, soit-dit en passant, que celui de la «politique autrement»? Tant que l’être humain demeurera l’être humain, il fera de la politique une activité passionnelle et en fera un lieu privilégié pour exprimer son désir de combat. C’est une bonne chose. La politique ennuie et endort lorsqu’elle se présente comme une berceuse pour enfants sages. Et une société s’endort lorsqu’elle est trop consensuelle.


C’est ainsi que les candidats ont commencé à s’attaquer très sévèrement: il ne reste plus que quelques semaines à la course et ils veulent marquer des points. Mais s’attaquent-ils trop sévèrement? C’est l’impression de plusieurs. Car c’est une chose d’accepter que la politique n’est pas une activité pour les cœurs tendres, c’en est une autre de faire comme s’il n’y avait pas de lendemains, et qu’on pouvait se canarder entre collègues d’un même parti sans jamais penser au fait qu’après la course à la chefferie, tous devront se réconcilier, faire la paix et recommencer à combattre le camp d’en face. Lorsque dans une course à la chefferie, un candidat ne sait plus se retenir et excommunie idéologiquement ses adversaires, c’est la crédibilité de sa formation dans l’ensemble qu’il compromet. On peut être en désaccord profond, mais se rappeler de temps en temps les convictions partagées.


Dans un parti, lors d’une course à la direction, il y a un conflit civilisé : c’est l’occasion pour les différents courants qui le composent de s’affronter, de faire le point sur la situation politique globale et de redéfinir les alliances qui structurent la formation politique. Sur fond de convictions communes, des lectures différentes du présent se confrontent, des visions différentes de l’avenir s’affrontent: elles sont incarnées par des hommes et des femmes qui en viennent à représenter ces courants. Mais chacun doit normalement avoir une préoccupation essentielle : éviter l’éclatement du parti, éviter de frapper si fort que la réconciliation, ensuite, ne sera pas possible. Il n’est pas certain que ce souci soit unanimement partagé dans la présente course. Il ne faut pas que le conflit civilisé vire à la guerre civile. La guerre civile, faut-il le rappeler, représente la forme dégénérée du conflit politique.


Malgré les désaccords très profonds qu’on peut avoir avec chacun d’eux, tous les candidats présents dans la présente course à la direction au PQ représentent une part indispensable du mouvement souverainiste. Alexandre Cloutier représente le souverainisme urbain et en accord avec l'esprit de l'époque qui peut rejoindre une frange importante des nouvelles générations. Jean-François Lisée représente le souverainisme réaliste et n’hésite pas à assumer l’indispensable part identitaire du projet souverainiste. Martine Ouellet incarne l’indépendantisme militant, pour qui le PQ ne doit déroger jamais de la poursuite en ligne droite de la souveraineté, le volontarisme pouvant accélérer la marche de l'histoire. Paul St-Pierre Plamondon représente la possibilité pour le PQ de sortir de sa base historique et d’intégrer des gens qui y voient encore un véhicule crédible pour accéder au pouvoir et contester la détestable hégémonie libérale. Ajoutons un mot pour Véronique Hivon qui représentait bien la tradition sociale-démocrate du Parti et qui conservait une part importante de sa tradition politique.


Dans les semaines à venir, lorsqu’ils s’affronteront, lorsqu’ils débattront, les candidats auraient avantage à se souvenir qu’après le 7 octobre, il y aura le 8 octobre. Et que les souverainistes, même s’ils sont divisés, peuvent quand même s’entendre sur le fait que le gouvernement Couillard est néfaste pour le Québec et ne sera combattu efficacement que si le principal parti qui s’y oppose ne cultive pas exagérément son goût de la division.




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