Le krach des prix du pétrole pourrait avoir des conséquences néfastes pour les banques canadiennes. Déjà, les faibles coûts d'emprunt dont elles bénéficiaient par rapport à leurs rivales internationales ont disparu, selon des données compilées par Bank of America Merrill Lynch. Et le recul du prix du baril, malgré ses effets positifs sur d'autres secteurs de l'économie, menace aussi de nuire à leur rentabilité.
1. Perte de valeur boursière depuis trois mois
Banque Royale (RBC) -1,7%
Banque Scotia -6,7%
Banque CIBC -4,2%
Banque Nationale (BN) -6,7%
B. de Montréal (BMO) -2,2%
B. Tor.-Dominion (TD) -1,1%
On attribue aux marchés boursiers une qualité d'indicateur avancé de la conjoncture économique susceptible d'influer sur les prochains résultats des entreprises.
Or, depuis trois mois, après quelques années avantageuses, les investisseurs boursiers ont clairement exprimé leurs appréhensions quant à la détérioration des prochains résultats bancaires au Canada.
La conséquence? Les banques ont entrepris l'exercice 2015 (commencé en novembre 2014) avec l'un des pires épisodes baissiers en Bourse depuis la crise financière de 2008-2009.
2. Réduction du bénéfice annuel par action annuel
RBC -8,2%
Scotia -7,4%
CIBC -7,4%
BN -6,1%
BMO -6%
TD -3,4%
Pour les investisseurs boursiers, la valeur attribuée aux actions des entreprises, notamment les banques et la hausse régulière de leurs dividendes, repose beaucoup sur les attentes de prochains bénéfices.
Or, de l'avis d'analystes spécialisés, le krach des revenus pétroliers qui frappe fort dans l'Ouest canadien touchera à coup sûr les plus importantes sources de revenus et de profits des banques canadiennes: les contrats de financement d'entreprises (prêts, émissions d'actions en Bourse, fusions et acquisitions, etc.) ainsi que le financement dans l'immobilier commercial et résidentiel, deux marchés chauffés à bloc dans l'Ouest avec le récent boom pétrolier.
3. Prêts à l'industrie pétrolière et gazière
RBC 9,6 milliards
Scotia 12,8 milliards
CIBC 5,2 milliards
BN 3,0 milliards
BMO 5,9 milliards
TD 3,6 milliards
Le marché du financement des entreprises au Canada est vivement disputé entre les banques canadiennes et étrangères - américaines surtout -, parce qu'il recèle un alléchant potentiel de croissance des revenus et de profits, surtout dans une conjoncture économique favorable.
Durant le boom de l'industrie pétrolière en Alberta, les banques canadiennes n'ont pu résister à l'attrait d'accroître leurs activités auprès d'entreprises qui gèrent des actifs multimillionnaires, voire milliardaires.
Leurs prêts à l'industrie pétrolière totalisent plus de 40 milliards, selon les chiffres divulgués par les banques dans leurs récents résultats de fin d'exercice 2014.
4. Part des prêts totaux dans l'industrie pétrolière et gazière
RBC 2,1%
Scotia 2,9%
CIBC 1,9%
BN 2,8%
BMO 1,9%
TD 0,7%
Après des années d'expansion sans précédent, l'industrie pétrolière de l'Ouest canadien pèse de plus en plus lourd dans les activités de financement des banques canadiennes. Cette part varie maintenant de 2% à 3% parmi les principales banques, à l'exception de la TD (0,7%) qui a donné priorité à sa croissance dans l'est des États-Unis.
Même la principale banque québécoise, la Nationale, a profité du boom pétrolier en Alberta pour bonifier les activités en financement d'entreprise qu'elle y mène depuis qu'elle a fait l'acquisition de la Banque Mercantile, à Calgary, en 1985.
Comptabilisés à 3 milliards, les prêts de la Banque Nationale à l'industrie pétrolière et gazière représentent presque 3% de son portefeuille de prêts, toutes catégories confondues.
5. Part des prêts non assurés de l'actif hypothécaire dans l'Ouest canadien
RBC 16%
Scotia 13%
CIBC 10,6%
BN 2%
BMO 11%
TD 8%
Avec le krach des revenus pétroliers, les investisseurs dans les actions des banques canadiennes se sont soudainement mis à s'inquiéter des risques de pertes compte tenu des dizaines de milliards de dollars prêtés à l'industrie pétrolière et gazière.
Mais de l'avis d'analystes chevronnés, comme Peter Routledge, de la Financière Banque Nationale, c'est plutôt l'expansion considérable du crédit aux ménages dans l'Ouest canadien (hypothèques résidentielles, prêts à la consommation, etc.) qui représente le plus de risque de pertes pour les banques, selon la durée et l'ampleur du krach des revenus pétroliers.
En particulier, les milliards de dollars en prêts hypothécaires non assurés (par la SCHL) qui ont été consentis dans un marché immobilier régional surchauffé par le boom pétrolier.
Sources: Marchés mondiaux CIBC, Financière Banque Nationale, Bloomberg
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé