Pour qui travaille la Commission Charbonneau ?

Tribune libre

Pour qui travaille la Commission Charbonneau ?
Tant que la Commission Charbonneau s’attarde sur des canards boiteux comme Tremblay, Vaillancourt et Marcotte, elle ne vise alors que les petits poissons. L’émission Enquête a fait beaucoup mieux. Pendant ce temps-là, un Coderre se prépare à ramasser les lauriers. A-t-on changé quelque-chose, si Coderre devient maire de la ville de Montréal ?
Pourquoi ce retard à s’attaquer au financement du PLQ en lien direct avec les firmes d’avocats, les firmes d’ingénierie, les compagnies de construction appartenant surtout à la communauté italienne et l’establishment canadien-français à la Desmarais ?
La Commission Chabonneau arrête ses travaux au moment où elle commençait à toucher le coeur du problème: le Ministère Québécois des Transports (MQT), l'octroi de contrats et le financement du Parti libéral du Québec (PLQ).
Par exemple, en 2006, Lino Zambito(Infrabec) a obtenu un contrat du MQT pour la construction du nouveau pont en treillis entre Terrebonne et Laval (13 millions de $). Le 18 mars 2007, un ouvrier d’Infrabec (Frédéric Jean : 33 ans) bascule avec sa pelle hydraulique et meurt noyé dans la rivière des Milles-Îles. Dans un rapport public signé le 19 septembre 2007, deux inspecteurs de la CSST rapportent que le maître-d'œuvre (Infrabec) de ce projet n'avait pas l'expertise pour faire un ouvrage au-dessus des eaux vives. On conclut dans le rapport que la compagnie a fait preuve de grave négligence dans ce projet.
En mars 2010, la juge Nathalie Duperron-Roy de la Cour du Québec, chambre criminelle et pénale, condamne Infrabec à payer des amendes au montant de 17 000 $ suite à la mort accidentelle de Frédéric Jean. Elle ajoute que la compagnie Infrabec avait déjà commis 30 infractions à l’encontre de la Loi sur la santé et sécurité au travail entre 1998 et 2007, et que ces écarts sont incompatibles pour une compagnie qui effectue des travaux complexes et d’envergure.
Posons la question à notre nouvelle vedette médiatique Lino Zambito: pourquoi le MQT a-t-il attribué cet ouvrage complexe à une compagnie inexpérimentée et connue pour ces manquements à la Loi sur la santé et sécurité au travail ? Zambito a déjà mentionné qu'il avait ses entrées au MQT, grâce à ses nombreux dons au PLQ.
Avez-vous entendu parler une seule fois du nom de la députée libérale, Filomena Rotiroti , élue une première fois en 2008, dans la circonscription Jeanne-Mance-Viger. Elle était permanente au PLQ, responsable du financement de plus de 70 circonscriptions lors des élections de 2003 et 2007. Son grand frère (c’est elle qui le dit), c’était Tony Tomassi. En décembre 2008, Jean Charest le nomme ministre de la Famille et responsable de la politique des garderies et des CPE avec un budget de 2 milliards de $. Tony Tomassi avait été élu une première fois en 2003 et son entrée au Conseil des ministres était désirée ardemment par la communauté italo-québécoise qui contribuait largement à la caisse électorale du Parti Libéral du Québec (PLQ). Il connaissait bien Jean Charest puisqu’il avait été son adjoint parlementaire entre avril 2007 et novembre 2008 au ministère du Conseil exécutif dont le premier ministre est responsable. Filomena Rotiroti et Tony étaient deux des plus importants « collecteurs » de fonds au PLQ.
Quand la commission Charbonneau va-t- elle leur envoyer un subpoena pour comparaître devant elle ? Surtout que la firme Axor Experts-Conseils inc., Groupe Axor inc. et Axor Construction Canada inc. ont plaidé coupables, le 5 août 2010 à un total de 40 constats d’infraction que le DGE leur a signifiés relativement à des infractions à la Loi électorale. Ces compagnies avaient utilisé des prête-noms pour financer principalement le PLQ. La table est mise, encore faut-il vouloir manger !!


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 décembre 2012

    Je ne veux pas vous décevoir, cristal de Paix, mais la première tête qui tombera, ce n'est pas celle de Charbonneau. D'autres sont déjà tombées avant, dans des mairies très connues, et celles de témoins parjurés ou ayant erré gravement, y passeront bien avant la sienne.
    J'ai le sentiment que la juge Charbonneau est très solide, et nous surprendra.
    Le problème de la Commission n'est pas tellement la juge que les faibles ressources dont elle dispose. Pensez-y: il y a 3 fois moins de procureurs affectés à cette importante Commission qu'à celle de Bastarache, créée essentiellement pour défendre Charest.

  • Chrystian Lauzon Répondre

    3 décembre 2012

    Excellent travail de filature. Merci. Vous méritez d’être un agent de pemière ligne dans l’escouade d’assainissement des moeurs, une vraie.
    Effectivement, la Juge Charbonneau est questionnable : quitter pour les Fêtes sur le suspens de 2 libéraux incriminés (Beauchamp et Tomassi), c’est comme donner un boîte vide en cadeau. Du pseudo-salissage de surface pour épater la galerie.
    C’est dans l’égout, comme vous le faites, que la Commission, ni personne ne descendra pour récurer. L’opinion publique sera confirmée dans son opinion « je le savais, cela a toujours été et sera toujours ainsi! », mais la vérité dans la crasse même ne sera qu’effleurée. Montrer la puanteur, à distance oui, sans la faire sentir, sans mettre le population devant le sale trou. Le traitement reste superficiel, caricatural, jusqu'à présent.
    Après tout, c’est Charest qui a nommé Charbonneau et cette dernière n’a pas refusé Lussier à titre de procureur en chef (l’avocat des magouilleurs du Plan Nord), alors que le PQ, rendu au pouvoir, heureux hasard, Lussier démissionne peu de temps après. Ipso facto? J'en doute. Breton, cet authentique renifleur de vermine a peut-être pointé du doigt. Mais c'est probablement grâce à une bonne dose d’information de collusion à travers les médias, Vigile et Victor-Lévy Beaulieu aussi.
    Les escouades d’assainissement (et de salissage dans une vision de guerre réciproque) au niveau des égoûts, des tuyaux de communication sombres avec ses rats anonymes, deviennent indispensables pour qu’à travers médias et commissions, le peuple ait droit à une lumière concrète de conscientisation, qui autrement, n’est qu’un soporifique.
    En fait c’est cette participation citoyenne à la gestion publique et politique qui importe plus que la surface médiatique d’une « bonne – fausse – conscience ».
    Je l’ai annoncé ailleurs sur Vigile, en commentaire et article, je le répète : Charbonneau elle-même est dans l’eau bénite, sa tête est sur le billot, c’est visible par la rogne médiatique des néolibéraux qui monte l’opinion publique contre elle, tout comme les frustrations dans les coulisses de l’avocratie, laquelle complote pour l’expulser.
    Son temps est compté et les 2 noms libéraux rendus publics représentent peut-être sa petite vengeance avant de tirer sa révérence. Il n’y a pas que les Breton de la rue qui dérangent, mais les justicières en toge qui ne répondent plus à l’appel des maîtres!
    Les vacances de Noël de la juge Charbonneau seront peut-être prolongées indéfiniment – le ou la remplaçante, déjà choisi(e) passera mieux dans l’opinion publique après les Fêtes, un temps d’oubli arrosé d’alcool, comme le cadeau du Jour de l’An. Du vieux sang neuf durci pour la Bonne Année! À l’instar du lunetté figé qui nous dit dans l’annonce publicitaire « Bonne tsemaine! » pour nous vendre ses salades de potins en revue qu’il ne veut que «populiste».