Il y a vingt ans, le regretté syndicaliste Michel Chartrand était considéré comme une personnalité de la gauche québécoise parce qu'il désirait voir advenir prioritairement une certaine justice socio-économique. Bref, il était contre le fait que dans une province riche comme le Québec, il y ait des pauvres.
Ce qui frappe aujourd'hui, c'est qu'on essaie de peindre la gauche de moins en moins au niveau de la justice socio-économique et de plus en plus au niveau des valeurs morales et sociales.
Ce courant vient surtout des États-Unis et il est tranquillement en train de s'implanter au Québec. Autrement dit, on tente de mettre en sourdine la justice socio-économique comme n'étant pas le point le plus pertinent de ce qu'on nomme les valeurs de gauche.
J'entendais dernièrement quelqu'un me dire que la justice socio-économique était accomplie au Québec puisqu'il y avait le régime d'aide sociale. Cette personne se définissait comme étant de gauche parce qu'ouverte aux droits des femmes à l'avortement et à tous les moyens de procréation possible ainsi qu'au mariage homosexuel et à l'immigration sans limite et à tout le reste qu'on associe à la gauche au point de vue moral et social.
J'ai répondu à cette personne qu'elle devrait s'essayer pendant une année de vivre à l'aide sociale avec un 589$ par mois pour vérifier si vraiment la justice socio-économique était un problème réglé au Québec.
Entendu qu'avec un tel montant, la vie est invivable au Québec, c'est la raison pour laquelle le regretté Michel Chartrand plaidait pour l'implantation d'un revenu de citoyenneté universel se situant au moins au niveau du seuil de faible revenu.
C'est à souhaiter que les Québécois ne se laissent pas trop contaminés par ce qui vient du sud car tous savent que l'empire voisin est l'empire du chacun pour soi et du "au plus fort la poche", et que ces deux dernières valeurs définissent tellement l'empire que la gauche américaine se trouve dans l'impossibilité de défendre la justice socio-économique et doit se cantonner strictement dans la morale et le social.