AVIONS DE CHASSE

Plus ça change…

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«Les rouges de Justin Trudeau ressemblent à s’y méprendre à leurs pères et à leurs grands-pères de triste mémoire»

L’achat par le gouvernement Trudeau de 18 avions de chasse Super Hornet construits par Boeing est un trompe-l’oeil destiné à cacher l’inconfort d’un politicien qui s’est trop avancé. Non seulement les libéraux avaient-ils promis de lancer un appel d’offres, mais les voilà qui annoncent une décision milliardaire transitoire dont ils ne connaissent même pas le coût.
Au cours de la campagne électorale de 1993, Jean Chrétien avait promis d’annuler l’achat de 50 hélicoptères Cormorants commandés par les conservateurs de Brian Mulroney au coût de 6 milliards. Aussitôt élu, M. Chrétien a tenu promesse, et Ottawa a dû payer 500 millions en guise de dédommagement.

Cinq ans plus tard, les libéraux commandaient à leur tour 15 Cormorants, et six autres années plus tard, 28 exemplaires du concurrent H-92 de Sikorsky. Toujours sans appel d’offres.

Compte tenu du nombre d’années qui ont séparé ces acquisitions, le coût d’acquisition de ces appareils ajouté à l’entretien prolongé des vieux Sea Kings a fait grimper la facture finale à plus de 11 milliards, soit près du double de l’engagement pris onze ans plus tôt par les conservateurs. Va pour les hélicos.

Entre-temps, les libéraux avaient aussi accepté d’injecter 700 millions sur une période de 40 ans pour participer aux côtés d’autres pays, dont les États-Unis, à un programme de développement d’un avion fureteur ultramoderne chez Lockheed Martin, le F-35.

Revenus au pouvoir en 2006 sous la direction de Stephen Harper, les conservateurs ont décidé de maintenir leur participation au projet du F-35 et même de faire l’acquisition de 65 appareils au coût de 9 milliards.

Quelques mois avant l’élection suivante, le nouveau chef libéral, Michael Ignatieff, promit d’infirmer cette décision après que le Directeur parlementaire du budget eût révisé les coûts à rien de moins que 29,4 milliards sur 30 ans.

Encore vainqueur à cette élection, Stephen Harper maintint sa préférence pour le F-35, mais se ravisa finalement à la veille des élections de 2015 pour permettre la tenue d’un concours s’il était réélu. C’est à ce moment que le jeune libéral Justin Trudeau entre en scène pour renchérir en promettant un appel d’offres en bonne et due forme, mais duquel le F-35 maudit serait exclu.

Or, voilà que le même Justin Trudeau vient d’annoncer l’achat sans appel d’offres de 18 Super Hornet de Boeing en guise « solution transitoire », sans en avoir négocié le prix.

Du même souffle, Ottawa annonce la tenue d’un processus de sélection qui durera cinq ans pour le choix de l’avion principal. Un appel d’offres auquel Lockheed Martin pourra participer, bien sûr, puisque le Canada contribue toujours au programme de développement du F-35 et que les règles du commerce l’y forcent.

Tout cela vous donne la nausée.

Depuis le temps que des comités d’experts, des militaires comparent les différents modèles de chasseurs à la lumière des besoins d’une armée moderne, pourquoi prolonger le processus d’au moins cinq autres années ? Pourquoi sinon pour reporter la décision après les prochaines élections ?

Entre-temps, pourquoi procéder à l’achat de 18 Super Hornet malgré les coûts supplémentaires que cela comporte pour la formation des pilotes et l’entretien d’une flotte parallèle aux 77 vieux F-18 encore fonctionnels et aux futurs vainqueurs de l’appel d’offres ?

Puis, pourquoi avoir passé outre à un appel d’offres pour ces 18 appareils contrairement à ce qu’on avait promis ? Pourquoi, sinon pour plaire au gouvernement américain et à quelque puissant intermédiaire dont on ne connaîtra sans doute jamais l’identité ?

Pourquoi ne pas avoir simplement maintenu le choix du F-35 qui a dépassé le stade du développement et pour lequel plusieurs entreprises du Québec et d’Ontario sont déjà de grands fournisseurs ? Bien sûr, Boeing fait aussi des affaires au Canada, au Manitoba surtout, mais l’acquisition du Super Hornet, qui pourrait coûter 10 milliards, n’ajoutera pas grand-chose à notre économie.
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