Plus à droite qu’on ne le pense

Connaissez-vous vraiment les milléniaux?

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Pour un Québec plus solide


 


Voici la troisième chronique écrite à quatre mains, sous forme d’une discussion entre un baby-boomer (le sondeur Jean-Marc Léger, âgé de 55 ans) et son fils, un millénium (l’étudiant en journalisme Philippe Léger, âgé de 22 ans).




Un vieux dicton dit: «Si tu n’es pas à gauche à 20 ans, c’est que tu n’as pas de cœur. Mais si tu l’es encore à 40 ans, c’est que tu n’as pas de tête.»


JML : Ce n’est plus vrai. Les jeunes sont de moins en moins gauchistes et les baby-boomers sont de moins en moins droitistes. Notre sondage révèle que, pour la première fois, un plus grand nombre de milléniaux (20 %) que de baby-boomers (16 %) se disent de droite. C’est toute une révélation!


PL : Attention, ce n’est pas si simple. Même si on se pense plus à droite qu’avant, les milléniaux ont quand même un comportement de gauche. On s’oppose au capitalisme sauvage et on est plus favorables à l’intervention de l’État, au syndicalisme, à l’écologie, à la légalisation de la marijuana ou à l’avortement, et plus ouverts aux immigrants.


JML : Oui, mais inversement, vous êtes plus favorables à la mondialisation, à la présence du privé en santé, à la peine de mort et aux baisses d’impôt. Vous n’êtes pas toujours logiques. Vous voulez plus d’État et payer moins d’impôt. C’est facile à dire quand tu ne paies pas d’impôt et que tu fais payer les autres.


PL : Ma génération exige une gauche plus efficace. Tu as remarqué que la majorité des jeunes (53 %) ne se disent ni de gauche ni de droite. Nous voulons choisir à la carte et avoir un Québec plus solidaire, mais aussi plus lucide. D’ailleurs, pour t’amuser, prends les premières lettres du mot «solidaire» et les dernières lettres du mot «lucide»: on arrive à un Québec plus solide. Avons-nous encore le droit de rêver?


JML : T’as tellement raison. Le concept gauche/droite est vieillot. La victoire de Macron, nouveau politicien, nouveau parti, nouvelle coalition centriste, est exceptionnelle. D’habitude, quand les gens de gauche ou de droite gagnent, ils gouvernent au centre. C’est rare qu’on gagne au centre.


PL : Partout dans le monde, il y a une volonté de changement propulsée par l’arrivée des électeurs milléniaux. On ne fait plus confiance aux politiciens professionnels ni aux partis politiques traditionnels. La victoire n’est ni à gauche ni à droite. Ce sont ceux qui représentent le changement qui gagnent. En fait, moins tu as d’expérience politique et meilleures sont tes chances de gagner!


JML : D’accord pour le changement, mais quel changement?


PL : Un changement de génération. Les baby-boomers ont réalisé de grandes choses, mais ils se sont essoufflés. Il faut que les baby-boomers laissent la place aux idées nouvelles incarnées par une nouvelle génération de politiciens.


JML : C’est vrai que notre génération a accompli beaucoup: égalité des femmes, création d’un État moderne, hydro-électricité, assurance maladie, langue française, garderies, Québec inc., ouverture sur le monde, etc. On retrouve d’ailleurs une majorité de baby-boomers qui veulent ralentir les changements, alors qu’à l’inverse, les milléniaux veulent accélérer les changements.


PL : Les jeunes ne sont plus souverainistes et ne sont pas plus fédéralistes. Ils sont ailleurs. Ils cherchent de nouvelles solutions à leurs préoccupations quotidiennes: stress, anxiété, sexualité, performance, vie amoureuse, violence, manque d’argent, emploi stimulant et équilibre travail/famille/amis.


JML : C’est quand même très égocentrique.


PL : C’est vrai. Tu te souviens de la pyramide de Maslow? On a besoin d’amour, d’appartenance et d’estime de soi avant de pouvoir s’occuper des autres. Notre mal est en dedans. Plusieurs jeunes souffrent du mal de vivre. Il faut comprendre notre univers avant de nous juger. Tout va très vite autour de nous et plusieurs jeunes ont perdu leurs repères. Même si l’on se croit uniques, on a besoin de vous pour nous guider.


JML : Mon père était toujours parti pour s’occuper du Québec. Malgré toute sa bonne volonté, il a sacrifié sa santé, sa famille, son confort et sa vie pour les Québécois. Il est mort à 62 ans. J’ai décidé que ma famille passerait en premier et, comme bien des parents de ma génération, je vous ai tout donné.


PL : C’est votre génération qui a créé ce monde d’opportunités. La gauche ou la droite, cela n’a pas vraiment d’importance. Nous voulons laisser le monde dans un meilleur état que celui dans lequel nous l’avons trouvé. Les baby-boomers pensent que c’était mieux dans leur temps, mais nous, on pense que c’est mieux aujourd’hui. Make our planet great again, comme a répondu Macron à Trump, ce n’est ni du côté gauche ni du côté droit, mais dans notre cœur. Faites-nous confiance.



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