Un scénario digne de la petite enfance

Pas d'huile sur le feu mais...

Battre le fer quand il est chaud

Tribune libre

Dans un entretien réalisé sur les ondes d’une station radiophonique de Québec le 1er avril, le ministre de l’Éducation François Blais y est allé à boulets rouges de ses perceptions et commentaires sur les mesures punitives qu’il avance pour apaiser le climat dans les universités. Et, parmi celles-ci, «expulser deux ou trois personnes par jour refroidirait les ardeurs de certains et ferait réfléchir les autres». Et tout cela, sans aucune intention d’« ajouter de l’huile sur le feu… » [expression utilisée à trois reprises au cours de l’entretien].

Et, d’ajouter le ministre, sur un ton paternaliste, « On fait ça avec les enfants. Quand on veut corriger leurs comportements, on ne dit pas, du jour au lendemain : “ Va dans ta chambre, tu n’auras pas de souper. ” On commence par leur dire : “ Écoute, il va y avoir une sanction pour ce que tu as dit à ta mère, etc. ” » Un scénario digne de la petite enfance!

En bref, indépendamment des motifs invoqués par le ministre pour justifier ses positions plutôt radicales dans le conflit, il m’apparaît que son approche pour « faire réfléchir les autres » risque carrément de « jeter de l’huile sur le feu ».

Alors, M Blais, vous qui êtes issu du monde universitaire, je vous suggère d’employer une méthode beaucoup plus didactique que la « répression infantilisante» qu’on appelle la « discussion ouverte» avec les étudiants universitaires qui, soit dit en passant, sont majeurs et vaccinés…et de continuer à insister sur la participation de la « majorité silencieuse » aux assemblées générales étudiantes. Votre crédibilité y gagnerait surement!

Battre le fer quand il est chaud

Les dizaines de milliers de personnes qui ont envahi les rues de Montréal le 2 avril ont signifié avec force que le mouvement engendré par les étudiants est en voie de multiplier ses appuis dans la population. Une marche qui s’est déroulée dans le calme en ce samedi où dame nature était du bon bord.

Conséquemment, ce qu’il faut retenir de cette manifestation contre les mesures d’austérité prônées par le gouvernement Couillard, c’est la mobilisation étendue qu’elle a suscitée auprès de différentes couches sociales qui, jusque-là, s’étaient montrées plutôt discrètes. Ce qui confère aux organisateurs étudiants une crédibilité accrue et une sympathie nouvelle auprès de la population.

De ce fait, maintenant que le mouvement de mobilisation est enclenché, je verrais d’un mauvais œil un « repli stratégique » jusqu’à l’automne afin de militer aux côtés des syndicats, une stratégie qui aurait pour effet de dégonfler le mouvement d’enthousiasme qui émerge actuellement….Comme dirait le vieil adage, il faut battre le fer quand il est chaud!

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Henri Marineau2032 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Chrystian Lauzon Répondre

    4 avril 2015

    M. Marineau,
    Je sais que vous faites plutôt dans l’édito « soft » genre médiateur-temporiseur, mais la réalité est plus brutale, ordurière même. Vous dites en effet :
    “Alors, M Blais, vous qui êtes issu du monde universitaire, … » Pire, M. Blais a même fait dans le socialisme intelligent contre le néolibéralisme sauvage de l’austérité couillardienne libérale!
    Et je cite :
    « En 2001, le professeur Blais a publié un livre sur la nécessité d’instaurer un revenu minimum garanti. Expert reconnu en la matière il a même été consulté par Michel Chartrand qui, lui aussi, préparait un livre sur la question afin de soutenir une campagne de mobilisation qu’il a menée par la suite à travers le Québec même s’il était octogénaire. J’ai moi-même assisté à cette rencontre au sortir de laquelle le fougueux syndicaliste s’était dit d’accord avec la plupart de ses propositions. » - Paul Cliche
    http://www.vigile.quebec/Le-Ministre-Francois-Blais
    Comme quoi l’arrivisme politique nourri par la soif de pouvoir argenté n’a pas de limite et que la méfiance doit être la règle d’or vers l’indépendance praxis, pas déblatèreuse ou qu’idéologique, sans réels « débats » sur la Cause. Spécialement au Québec , enclavés que nous sommes de fédéralistes contrôleurs de nos finances bankstérisées et corporatistes, la méfiance est de mise pour créer de la conscience et de l’intelligence pour vrai, pour le Vrai. Sans cette maturation profonde, l'infantilisme flottant de l'arrivisme s'ancrera dans des Blais sans fin, et ni conviction profonde en soi, ni celle de la population en elle-même et le politicien, ne résulteront en une confiance collective nationale. Une réciprocité politicien-population (étudiante ou civile simplement), est-elle en développement ou plutôt en régression au Québec? et ce depuis l'événement Charest et compagnies, sans oublier le PQ hélas pris en otage par le délire maroisien : toujours ces collabos-traîtres de libéraux à l'avant-scène, sans oublier les partis fédéralistes de service et au Service de la Division stérilisante .
    M. Blais n’a pas que retourner sa veste, mais sa peau! C’est un pauvre diable ontologiquement plongé dans la trahison face à lui-même comme à la nation, la sienne, et jusqu’au sang libéral corrompu, trahissant une collectivité française d’origine républicaine dont il participe à l’appauvrissement et la perte totale et totalitaire, via la mise en cartels* privatisés de l’État démantelé. Nous assistons non pas à une déconstruction, mais une destruction du Québec-nation! Quand ne craindrons-nous plus les mots et leur sens PROPRE?! Le mot juste, tel "République libre" fait avancer le pas dans la fermeté, rendue citoyenne.
    Par son exemple pitoyable du politique, M. Blais nous contraint à nous demander, comme au sujet de beaucoup de membres du parti qu'il a rejoint dans les bas-fond$ : si la liberté et la fierté ont un sens ou qu’un prix? si l’individu vaut plus qu’un peuple (peuple cochon-payeur des Vandaliseurs à 40 millions $ payés pour leur petite vie!)? si l’individu peut valoir sa nation d’origine? si une nation a des droits démocratiques d’expression ou doit subir les oppressions-compressions militaristes selon les opportunismes politiques qui créent l’orientation mercantile du politicien?
    Si le besoin crée l’organe, l’argent peut créer l’ordure. De ce fait, patent et à répétition spontanée, qui pourrait désormais douter? Les Québécois sont-ils démunis devant l'Évidence Même (sic)? L'éducation de l'agir fait-elle carence chronique chez Nous? Où sont les pédagogues de notre indépendance intérieure en cadence avec une Cause fidélisée dans les faits? Le temps des réponses devrait marquer désormais notre marche dans le réel, surtout chez les "débatteurs" à la chefferie du PQ: là aussi le fer devrait être battu beaucoup mieux avec une chaleur plus intense et citoyenne ajustée à celle de la rue et de la Voix publique, populaire, non plus populiste!
    Allez étudiants, unissez-vous! Faite-vous stratèges subtils contournant les violences, les policiers vous suivront, par derrière, pas de face, avec vous rassemblant un peuple, malgré l'argent que Couillard leur a donné en surplus à ces instruments-police sur le dos de l'austérité plantée dans le coeur de leurs concitoyens contribuables. Payés en temps supplémentaires pour nous faire taper d'ssus à travers les étudiants, c'est pas rien! De quoi sommes-nous solidaires, vraiment, voilà la question? Être ou dis-paraître... mais ensemble, invariablement!
    Chrystian Lauzon
    *cartel : est un oligopole où les quelques vendeurs obtiennent le contrôle d'un marché par entente formelle - wikipedia

  • Henri Marineau Répondre

    3 avril 2015

    Au moment de la nomination de François Blais à titre de ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, je me suis dit qu’enfin un ministre issu du monde de l’Éducation pourra jouer pleinement son rôle de premier responsable de la qualité de l’enseignement au Québec. Professeur pendant une vingtaine d’années, ex-doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval, bien articulé dans ses interventions, l’avenir s’annonçait prospère.
    Toutefois, sa dernière sortie sur les ondes d’une station radiophonique de Québec concernant les grèves étudiantes, en particulier le ton « béatement paternaliste » utilisé par le ministre pour « mater les enfants indisciplinés », dénote d’un manque total de jugement de sa part. Le « bon » père de famille a carrément dépassé les bornes du raisonnable. M Blais pourra toujours se ranger du côté des élèves qui désirent assister à leurs cours, il n’en demeure pas moins qu’il ne peut faire fi de ceux qui contestent les mesures d’austérité du gouvernement Couillard en les rabrouant sur les principes mêmes de la démocratie étudiante.
    Enfin, je laisse la parole au président de la Fédération des cégeps, Jean Beauchesne : « […] à partir du moment où il y a une ébullition sociale, peu importent les raisons, droits de scolarité ou autres, les associations étudiantes, les leaders étudiants prennent ce droit-là. Alors, on pourrait le nier, regarder, mettre ça en dessous de la table, en dessous du tapis, mais la réalité nous rattrape, et le passé est garant de l’avenir à cet égard-là »…un message on ne peut plus clair auquel François Blais aurait nettement avantage à se référer.