À propos de ceux qui restent imperméables à notre vie culturelle

Parler français ne suffit plus pour être Québécois

Il faut aussi participer à la culture vivante

Tribune libre

L'autre soir, je pitonnais d'une chaîne à l'autre et je suis tombé en passant sur le bulletin de nouvelles du réseau anglais Global. C'était un reportage fait par une jeune reporter hindoue tout ce qu'il y a de plus anglophone, à l'image de toute sa communauté d'ailleurs. Pendant un instant, j'ai cru que ça provenait de Toronto, mais non, elle se tenait bel et bien dans une rue de Montréal.

Je me suis dit que si elle y habitait, elle devait certainement pouvoir se débrouiller en français lorsqu'elle y était forcée, je lui accorde le bénéfice du doute, mais que sa participation à la québécité devait s'arrêter là. De par sa communauté hindoue, c'est l'anglais qui est la norme, et c'est le Canada qui remporte son allégeance, pas le Québec (ce qui est également la situation des allophones en général, sans parler des anglophones bien entendu).


Photo: moment magique: Jean-Pierre Ferland débute son spectacle sur les Plaines d'Abraham devant 70 000 personnes, seul en scène avec sa guitare et entonne Marie-Claire, Marie-Lo. Connection directe immédiate.

Il faut beaucoup plus que pouvoir dire quelques mots de français à l'occasion pour être véritablement québécois. Il ne suffit pas d'habiter ici non plus. Il faut participer activement et de bon coeur aux diverses manifestations culturelles de la société qui nous entoure.

En ce sens, je doute fort qu'elle adhère aux mille aspects de notre culture québécoise. Je l'imagine mal achetant le dernier cd de Martin Léon, lisant le Voir, ayant vu un seul des films d'André Forcier (incluant le nouveau "Coteau rouge"), ayant essayé une recette de Ricardo, regardant Pénélope McQuade ou Sucré/Salé tous les soirs, ayant assisté à l'intégrale du disque "Jaune" de Jean-Pierre Ferland (magnifique) cet été, ou connaissant les derniers potins sur Chantal Lacroix, Véro ou Ginette Reno...(j'avoue que là je ne suis peut-être pas tout à fait à jour).


Photo: Micheline Lanctôt sur le plateau de tournage de Pour l'amour de Dieu

Saura-t-elle jamais que le long métrage Pour l'amour de Dieu, réalisé par Micheline Lanctôt, a raflé deux prix au Festival du film francophone d'Angoulême? Même si elle l'apprenait, je doute fort qu'elle se précipiterait dans une salle pour aller le voir...

Aura-t-elle jamais la plus infime curiosité d'entendre l'adaptation des Filles de Caleb réalisée par Michel Rivard, encore moins de payer pour aller voir la comédie musicale?

Son monde n'est pas le monde québécois et ne le sera jamais. Le sien, c'est celui de Toronto, de Vancouver, du Canada de l'autre solitude imperméablement fermée à la nôtre. Son univers, c'est celui du multiculturalisme, du cosmopolitisme, de la relativisation des cultures, toutes valeurs contraires et nuisibles à la perduration de notre propre société unique en Amérique du nord.



Les anglophones et les allophones comme cette animatrice établis à Montréal ne font pas vivre la culture qui est la nôtre. Ils vivent en marge de notre univers sans chercher à le connaître ni à en adopter les mille facettes. Ce faisant, ils contribuent par leur abstention et leur indifférence à son affaiblissement au lieu de la renforcer en la consommant pour leur agrément et en faisant vivre les artistes qui la créent. C'est un péché par omission en quelque sorte. Et plus ils augmentent en nombre, moins il en reste en proportion pour apprécier et participer à notre culture.

Le problème, c’est qu’ils sont un million de ces personnes non pas à
habiter mais bien à occuper le territoire de l’île de Montréal et à y vivre
à la canadienne, hermétiquement fermés à notre culture québécoise.

Ils vivent dans la réalité culturelle canadienne qui n'a rien de commun avec la nôtre dans une parfaite inconscience. De l'indifférence totale jusqu'au mépris dédaigneux, il n'y a qu'un pas facilement franchissable. Combien de temps encore serons-nous un peuple de piétinés?

Réjean Labrie, de Québec, capitale nationale.

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Réjean Labrie826 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Plus de 825 articles publiés en ligne ont été lus un million 400 000 fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période de plus de 14 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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8 commentaires

  • Réjean Labrie Répondre

    6 septembre 2011

    À M. choderlosdelaclos
    Les commentaires de ce monsieur au pseudonyme littéraire vont toujours dans le sens du mépris du bon peuple et de l'éloge de la culture savante qu'il juge supérieure.
    Du haut de sa tour ivoirine, il regarde avec dédain les manifestations culturelles de tout un peuple uniquement pour les dénigrer et les rabaisser autant qu'il lui est possible.
    Hier encore, j'ai écouté le concerto de Québec d'André Mathieu, j'ai un passage de Soren Kierkegaard et un chapitre de La Peau de Chagrin de Balzac, puis feuilleté mon album de reproductions de Marc-Aurèle Fortin.
    Mais j'ai aussi regardé "Génial", quelques extraits des Bons Débarras de Francis Mankiewicz, regardé le catalogue Ikéa et fredonné un vieux succès de Gilles Valiquette sans avoir aucunement l'impression de m'abaisser au niveau d'un populisme abject.
    Curieusement, jamais les commentaires que ce M. choderlosdelaclos s'amuse à ajouter un peu partout n'ont pris la défense du bon peuple descendant des Canadiens-français, comme si leur survivance était le cadet de ses soucis. Serait-il secrètement partisan de l'effacement tranquille de sa nation (si c'est bien la sienne) tel que proné par les multiculturalistes fédéraux?
    Réjean Labrie

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2011

    J'ai confondu Rejean Labrie et Jacques Noel tant ils chassent tous les deux sur les memes territoires....et utilisent le meme argumentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2011

    "En ce sens, je doute fort qu’elle adhère aux mille aspects de notre culture québécoise....etc.......ou connaissant les derniers potins sur Chantal Lacroix, Véro ou Ginette Reno...(j’avoue que là je ne suis peut-être pas tout à fait à jour)"
    L'essentiel de cet étalage culturel, de quelqu'un accroché a sa télévision telle une moule a son rocher, ne peut que donner envie de voir ou d'apprendre autre chose. Monsieur Jacques Noel suppose que la journaliste basanée de RC ne parle pas francais, qu'elle ne désire pas s'intégrer a la culture québécoise, etc...sans aucune preuve. Bref a partir d'un reportage en anglais sur une chaine de television destinée au public anglophone, il généralise et fantasme sur une situation dont il ne connait rien. Mais que faut-il donc faire pour finalement plaire et etre suffisament québécois pour Monsieur Jacques Noel ? Qui trouve grace a ses yeux ? Peut-on avoir des gouts culturels qui ne soient pas nivelés par le plus petit commun dénominateur ("Les potins de Chantal Lavoie....") ? Existe t-il un salut dans la lecture de Nietzche, de Fitzgerald ou de la Mahabharata, le cinéma de Luis Bunuel, etc... plutot que dans les calembredaines des Filles de Caleb ? peut-on vivre ici et faire pruve de distanciation ?
    Etre québécois n'est pas synonyme de qualité ou d'admiration inconditionelle...a coté de créateurs de génie ,Robert Lepage par exemple, parmi bien d'autres, le Québec comme toute autre société dite avancée, comprend en son sein des gens dont la production culturelle, au sens large, est de pietre qualité, et est destiné a un public inculte. L'estampille fleur de lys bleue ne suffit pas a provoquer mon admiration.
    Les créateurs québécois, significatifs et remarquables ont eux,su s'élever aux dessus des particularismes de la société québécoise afin d'atteindre cet universel qui déplait tant...a Monsieur Jacques Noel
    Et pour conclure, connaissant bien la culture hindoue, il est fort probable que la journaliste en question ne parle pas francais, l'histoire des 2 solitudes....

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2011

    @Pablo Lugo Herrera
    ''D’abord, lorsqu’on fait la demande pour émigrer de notre pays l’on le fait pour le Canada ''
    Oui et personne ne va vous blâmer pour çà et certainement que vous ne partez pas de votre pays pour rien.
    Je sais aussi que portez serment d'allégeance au Canada en arrivant.On ne vous le reproche pas.
    J'ai de nombreux amis immigrants qui se sont parfaitement intégrés au Québec-français et apportent leur grain de sel pour colorer notre nation.C'est donc un plus.Il ne faut pas généraliser.
    Ceci étant dit,je travaille dans le public et je peux vous confirmer que la plupart des indoues et des pakistanais ont décidés de faire fi de la culture et de la langue française du Québec.Alors pourquoi?
    Quelle publicité fait le Canada à l'extérieur pour encourager les immigrants à immigrer au Canada et au Québec en particulier?Parle-t'il de la particularité culturel du Québec ou n'est-ce qu'une province parmis les autres?
    Pourquoi le PLQ a t'il sabré dans les budgets servant à intégrer le immigrants au fait culturel-francophone du Québec en arrivant au pouvoir en 2003?
    Pourquoi la loi 115 imposée par décret par le PLQ et Jean Charest((ancien vice-président du comité du non lors du référendum de 1995),permettant ainsi aux mieux nantis immigrants de se payer une éducation en anglais(pour leurs descendants ainsi que frères et sœurs)?
    Pourquoi un bilingue anglais-italien dans un pays dont les deux langues officielles sont l'anglais et le français pour remplacer Dimitri Soudas au prestigieux poste de directeur des communication pour Stephen Harper?
    Je vous invite à vous documenter sur le rapport Durham émis après la conquête des britanniques sur les français,vous allez surement y trouver des ''mises à jour'' actualisées.
    Ne le prenez donc pas personnel mais comprenez plutôt l'urgence de la situation,ici au Québec.
    Merci de participer au débat et bienvenue au Québec.

  • Pablo Lugo Herrera Répondre

    5 septembre 2011

    Je ne suis pas d'accord. D'abord, lorsqu'on fait la demande pour émigrer de notre pays l'on le fait pour le Canada. Ensuite, pour moi, être Québécois est contribuer au développement culturel — parler français — et économique — travailler. — Jean James Charest — je suis certain — connait et chante toutes les chansons de ces artistes et quand même est un traitre qui fait mal à notre Nation. Bref, comme sont les choses, être Québécois est un choix et pas une imposition. C'est à vous de nous convaincre.En passant, les hindous parlent plus de 7 langues.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2011

    Monsieur Labrie
    Tant que le Québec ne sortira pas une fois pour toute de cet état féodal, colonisateur et méprisant qu'est le Canada, il n'y a rien à faire.
    André Gignac 5/9/11

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2011

    Ouin, pis, si nos élites et élites chouverainistes se comportent comme des pleutres? Il faut faire le ménage chez nous, le reste viendra après.
    Le pire ennemi il est à l'intérieur de nous.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    4 septembre 2011

    Très bon point.Sagit pas seulement d'avoir l'apparence d'un arbre,faut qu'il y coule de la sève.Approcher les indoues ou pakistanais de Montréal directement en français,et soudain leurs yeux s'écartillent et le piton''in english please'' part.Comme vous le dite si bien, pas sur que le soir ils écoutent en famille du Vigneault ou du Pierre Flyn.
    Comme le disaient les Zappartistes,les Anglais ont conquis l'Inde,tous les indous se sont mis à parler en anglais,mais pas un anglais a appris l'indoue.
    Je remarque aussi que vous êtes installé dans la ville de Québec.Heureux de voir qu'il y a encore des gens de la capitale qui ont à coeur la nation québécoise avant l'équipe de hockey.
    Daniel Boucher, Chez-Nous
    http://www.youtube.com/watch?v=oT4tgCHFj_w