Parler des deux côtés de la bouche

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Legault en plein double discours sur le nationalisme...

On le sait, un politicien du PQ qui fait la conversion vers le fédéralisme sera toujours visé par une certaine suspicion quant à ses opinions passées.


C’est le cas de François Legault. Ses opposants libéraux ne se gênent pas pour le dépeindre comme un crypto-séparatiste. On veut attaquer son intégrité. Comment celui qui se décrivait jadis comme un « pressé parmi les plus pressés », un caribou selon l’ironie du chef caquiste lui-même, comment peut-on virer de bord de façon aussi spectaculaire?


La question se pose, et elle est légitime.


Au cours des dernières années, Legault n’a pas lésiné sur les approches auprès de l’électorat captif anglophone, un segment de la population que la CAQ veut courtiser. Ça va de soi quand on considère que la « Coalition » avenir Québec n’a plus rien d’une coalition. Ce parti est mur à mur fédéraliste et devient de plus en plus frileux quant à tout ce qui touche le « nationalisme ».


On peut se demander si c’est justement l’étiquette « nationaliste » de la CAQ qui a poussé Marguerite Blais, l’ex ministre libérale devenue candidate vedette de la formation de François Legault, à affirmer à l’émission Beau dimanche qu’elle était en accord avec « certaines » positions de la CAQ.


Connaissant l’allergie des libéraux envers tout « nationalisme québécois » ...


De façon épisodique, Legault se rend disponible auprès d’un média anglophone afin de réaffirmer la conviction fédéraliste de son parti politique, et la sienne.


« I promise we will never separate from Canada »


Cela se fait généralement loin des médias francophones.


La plus récente c’est l’entrevue qu’il a donnée au West Island Blog, un site en vue au sein de la collectivité anglophone de l’ouest de l’île de Montréal. Oubliez tout discours nationaliste dans ces contextes-là! Legault a plutôt insisté, deux fois plutôt qu’une, et à grands traits, que jamais, jamais, jamais le Québec ne se séparerait du Canada.


Jamais.


Parole d’ex-caribou.


Parler des deux côtés de la bouche...


Un qui ne croit pas cette « conversion » fédéraliste de François Legault c’est le chroniqueur du Montreal Gazette Don Macpherson. Pas que ce rhodésien soit une référence mais nul ne peut nier toutefois que son opinion est importante au sein de la collectivité anglophone de Montréal.


Il a signé un texte très dur envers François Legault le 22 juin dernier (j’en avais traité ici). Macpherson a, ni plus ni moins, traité François Legault de menteur en l’associant à un ventriloque politique, un chef qui « parle des deux côtés de la bouche » et qui dit une chose aux anglophones et qui tient un discours différent devant les francophones.


Ce qui est embêtant pour le chef de la CAQ c’est que Don Macpherson appuie ses dires par des exemples qui ne plairont pas à la collectivité anglophone. Lors de certains événements partisans, Legault fait appel à l’ex animateur Gilles Proulx, lequel a tenu des mots très durs envers les anglophones du West Island. Voici quelques exemples rapportés par Macpherson :


« La CAQ perd son temps à courtiser la population anglophone; laquelle vote pour le PLQ comme le chien de Pavlov qui salive en entendant la cloche »  


« Le West Island est peuplé de rednecks qui n’ont pas changé depuis 1970 »


Macpherson ne manque pas de rappeler non plus que tout discours « nationaliste » de la CAQ se fait loin de l’électorat de Montréal; « un circuit B de comtés à une saine distance de la métropole ».


Sans surprises, en réponse à l’article du West Island Blog, le texte de Macpherson s’est remis à circuler.


C’est que celui-ci se terminait par ce constat : « Legault tient un message inclusif aux anglophones dans leur langue tout en insistant sur un ton plus nationaliste aux francophones dans la leur. Et il s’en tire. Du moins jusqu’à maintenant. »


Accents «nationalistes» quand il s'adresse aux francophones; full fédéraliste, le plus fédéraliste de tous, quand il s'adresse aux anglophones. 


Plusieurs anglophones ont pris des notes.


C’est plutôt au sein de la confrérie médiatique que Legault s’en sort le mieux car peu, ici, lui ont signifié à quel point il parle des deux côtés de la bouche.