Oui à l'autonomie, non au référendum

Le "Détour" autonomiste ? - Coalition ADQ BQ PQ ?


Michel Corbeil - Un rapport commandé par la députée bloquiste Christiane Gagnon préconise que le Bloc québécois « accompagne l’ADQ dans sa démarche autonomiste » face à Ottawa. Il recommande d’écarter « tout référendum sur la souveraineté du Québec à court et moyen terme ».
L’exposé a été remis le 30 mars à l’élue représentant la circonscription de Québec au Parlement canadien. C’est quatre jours après le scrutin québécois qui a consacré l’Action démocratique du Québec de Mario Dumont comme l’opposition officielle et relégué le Parti québécois d’André Boisclair au troisième rang.
La version confiée au Soleil est étiquetée « document strictement confidentiel ». Elle est signée par un conseiller principal de la firme de relations publiques National, Jean Baillargeon.
L’analyse s’ouvre sur une interrogation. « Une alliance conjoncturelle bloquiste, péquiste et adéquiste, est-ce possible ? » Elle s’appuie sur le contexte posé par les élections québécoises du 26 mars et le dépôt du budget fédéral.
« Il nous apparaît inévitable que le Bloc doit se rapprocher du discours autonomiste de l’ADQ », affirme-t-on. La formation de Gilles Duceppe doit s’y plier « non pas par opportunisme ou calcul électoral, mais pour s’inscrire comme un joueur incontournable afin de renforcir les pouvoirs du Québec ».
Selon son auteur, « cette approche ne contredit en rien les orientations souverainistes du Bloc. Faut-il rappeler que l’ADQ a supporté le PQ au référendum de 1995 ? Pourquoi ne pas lui rendre le même service pour la réalisation de ses objectifs autonomistes, soit le rapatriement (à Québec) de 22 pouvoirs » que détient Ottawa. Les bloquistes se donneraient « comme nouvelle mission » de vérifier le sérieux de l’ADQ et la faisabilité de l’autonomisme.
Selon le texte, le Bloc doit agir pour que Mario Dumont ait d’autres choix que de se jeter dans les bras des conservateurs de Stephen Harper. Les bloquistes devraient « souscrire » à l’idée adéquiste de rédiger une Constitution du Québec et celle d’y enchâsser les « valeurs communes » des Québécois.
Le rapport condamne durement un élément central au PQ. « L’approche suicidaire du référendum à tout prix le plus vite possible » a « fait fuir beaucoup » de souverainistes. Il faut « repousser tout » plébiscite sur l’indépendance « à court et moyen terme ». Une consultation populaire ne peut être envisagée que pour rapatrier « taxes et impôts » perçus au Québec par Ottawa. « L’ADQ ne revendique-t-elle pas un seul rapport d’impôt ? »
Le rapport ne remet pas en question le fait que le PQ est le parti frère du Bloc. Compte tenu du rapprochement évoqué avec l’ADQ, il suggère que les chefs et les députés du PQ et du Bloc se réunissent rapidement pour « convenir d’une stratégie commune ». Une réunion de travail avec les adéquistes doit avoir lieu, souhaite-t-on.
L’auteur du document s’est refusé à tout commentaire. La députée Christiane Gagnon a trouvé « déplorable » qu’une copie ait atterri entre les mains du Soleil. Elle a refusé de renier le contenu du rapport. « Il y a des bouts de texte » qu’elle n’endosse pas, a-t-elle ajouté sans préciser lesquels.
L’entourage du chef bloquiste, lui, a répudié sans ménagement ce qui a été soumis à l’attention de Gilles Duceppe. « Ce ne sont pas les positions du Bloc. Ce sont les conclusions de National. » Le caucus, a-t-on précisé, n’en a pas discuté.
Mme Gagnon a souligné qu’elle a accordé un mandat parce qu’elle voulait avoir le pouls de personnes « à l’extérieur du cercle de ceux qui sont autour » du Bloc. Il s’agit d’une opinion parmi tant d’autres qui serviront de matériel pour stratégie électorale.
« Mystère québec »
À la fin de 2006, un rapport bloquiste sur le soi-disant « mystère Québec » avait défrayé la manchette. On déplorait que le discours bloquiste est trop à gauche et se cantonne à la seule réalité que vit Montréal. Le dossier remis à Christiane Gagnon pointe dans le sens d’un repositionnement plus à droite sur l’échiquier politique. Parmi les correctifs, il mentionne que « le nationalisme québécois ne doit plus être associé au seul discours de l’État-providence inspiré d’une social-démocratie bureaucratique ».


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