Un président normal ou un bon président ?

Où en sera la France dans cinq ans ?

Hollande agira-t-il en grand homme politique ?

Tribune libre

Depuis son accession à la présidence de la France, François Hollande s’applique à devenir ce qu’il qualifie de président normal. Ce qui est nécessaire pour la France et l’Europe c’est qu’il soit un « bon » président. Bon dans le sens du leadership, de la compétence, de l’efficacité et du réalisme.
Avec son parti socialiste qui vient d’obtenir une grande victoire électorale qui lui assure une majorité absolue à l’assemblée nationale et un sénat qui est aussi majoritaire pour lui, le président Hollande a tous les atouts pour agir et faire en sorte que la France et l’Europe puissent sortir de la crise de l’euro et de la crise économique qui déferlent sur le continent. La période de l’électoralisme est terminée et l’heure de vérité est arrivée.
Pour avoir une première idée où va Hollande, on peut analyser les quelques mesures, les positions et les orientations politiques qu’il a prises à ce jour en rapport avec les intérêts stratégiques à long terme de la France et de l’Europe.
Le premier décret voté par le conseil des ministres fut le retour de la retraite à 60 ans. Il ne touche qu’un peu plus de 125 000 personnes mais coûtera selon le Conseil d’Analyse Économique (CAE) français près de 5,5 milliards d’euros. Cette décision va à l’encontre des recommandations du FMI, de l’OCDE et de la Commission européenne et a été prise pour rencontrer une des promesses électorales du candidat Hollande.
L’ex-président Nicolas Sarkozy avait eu le courage politique d’augmenter l’âge de la retraite de 60 à 62 ans, nonobstant d’immenses manifestations d’opposition dans les villes de France. Il en a payé le prix à l’élection, malgré qu’il ait agi pour le bien des Français.
De plus, Hollande va annuler la « TVA sociale » adoptée par l’ancien gouvernement pour stimuler la compétitivité des industries et la création d’emplois, comme ce fut le cas dans plusieurs pays européens. La TVA devait être augmentée pour compenser la baisse de 13 milliards des charges de cotisations sociales, alors que le « coût du travail » diminuerait de 5%. Dans un billet précédent, j’ai expliqué mon appui avec cette politique car je sais combien elle stimulera l’engagement de nouveaux employés par les petits entrepreneurs et commerçants, aux prises avec des charges exorbitantes. C’est grâce à une mesure semblable que l’Allemagne a connu un rebond économique. Son initiateur, l’ex-chancelier Gerhard Schröder, fut battu aux élections qui suivirent mais le nouveau gouvernement d’Angela Merkel n’annula pas cette réforme qui s’avéra très efficace.
L’autre challenge important est la nécessité de diminuer les dépenses gouvernementales. Hollande a diminué les salaires des ministres de 30% et cherche à avoir un train de vie de président plus bas que celui de son prédécesseur. Ce ne sont que des « peanuts », comme on dit au Québec. Mais, comme Hollande veut appliquer intégralement son programme électoral, il est clair que cela se traduira par une augmentation importante des dépenses gouvernementales.
La France a déjà les dépenses publiques les plus élevées d’Europe et c’est cela qui nuit à la compétitivité fiscale de ses entreprises. Le déficit doit disparaître peu à peu. Pour ce faire, Hollande a deux choix : couper massivement dans le budget ou augmenter drastiquement les impôts et taxes. Il annonce vouloir opter pour la deuxième option en mettant l’accès sur les riches et les sociétés. Si son nouveau gouvernement va de l’avant avec cette approche, la CAE estime, qu’aujourd’hui à 2013, près de 300 000 emplois devront être supprimés.
Le premier ministre britannique David Cameron, voyant venir les augmentations imposantes de taxes en France vient d’inviter les entreprises françaises et leurs dirigeants à s’établir au Royaume-Uni où le taux d’imposition privé vient d’être diminué et où celui des sociétés sera de 22% par rapport au 34% actuel de la France.
Le président Hollande dit vouloir activer la croissance par la consommation. Pour financer cela, il propose de surtaxer davantage la production. Il veut aligner les taux de fiscalité de l’épargne sur ceux du travail même si déjà les revenus de l’impôt sur le capital en France, qui touchent le secteur de la production et les personnes les plus productives, sont trois fois plus élevés qu’en Allemagne. Il a annoncé qu’il allait taxer les dividendes des entreprises. Sur ce dernier point, l’économiste Christian Saint-Étienne rappelle « …quand on investit en actions ou en obligations, on supporte un risque en capital important. On va fiscaliser les gains sans compenser les pertes ».
Le paradoxe, c’est qu’Hollande promet d’une part de sauver les compagnies en faillite en créant un ministère à cet effet, alors que de l’autre, il s’apprête à surtaxer celles qui fonctionnent bien. Certains malins disent que c’est préparer les faillites de demain.
En proposant de faire le contraire de ce qui doit être fait, le président Hollande semble ignorer la réalité économique de la France. Il est évident que ce qu’il propose ajoutera à la crise de compétitivité du pays en limitant le développement des entreprises, le travail des entrepreneurs et celui des créateurs au moment où le France traverse un violent ouragan de compétitions économique, fiscale et sociale.
Le président Hollande changera-t-il d’approche ? En homme intelligent, il doit comprendre, sûrement, qu’il ne peut respecter toutes ses promesses électorales simplement pour pouvoir dire qu’il l’a fait. C’est beau promettre toutes sortes de choses alléchantes pour obtenir des votes mais la responsabilité présidentielle dicte qu’une fois au pouvoir, le président doit agir avant tout dans l’intérêt supérieur de la nation.
En dirigeant politique responsable, il doit à ses électeurs d’écouter les voix des économistes français ou autres experts qui conseillent le gouvernement. Il ne peut se laisser impressionner par des questions de droite ou de gauche mais plutôt par le bon sens économique et pratique. Nonobstant les difficultés politiques qui accompagnent les décisions qui s’imposent, le président Hollande doit agir avec courage et les faire adopter. L’avenir de la France en dépend. Celui de l’Europe aussi. Agira-t-il comme un grand homme politique !
Sinon, on peut se demander dès aujourd’hui jusqu’à quel point seront affectés négativement la production industrielle et le système social de la France, à la fin du quinquennat Hollande ?
Claude Dupras


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2012

    Autrement dit, pour M. Dupras, être "responsable" c'est agir comme un président de droite.
    - Forcer les "esclaves" à travailler plus longtemps
    - Permettre aux riches de s'enrichir encore plus et les pauvres de d'appauvrir ;
    - Suivre les conservateurs british qui se font les serviteurs de la City et de la tyrannie financière et qui essaient de profiter de la moindre mesure de compassion du gouvernement français à l'endroit du peuple.
    Qui a créé la crise de 2008 et qui met le couteau sur la gorge des États pour les forcer à couper dans leurs programmes sociaux?
    Qui M. Dupras?
    La France s'est débarrassée de ses salauds. C'est déjà cela de pris.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2012

    Dans 5 ans la France sera dans la marde. Même si vous écrivez tout un bouquin pour nous dire ce qu'il fait ou va faire, ça ne changera rien au fait qu'il n'est pas tellement mieux que les autres. Pourquoi? Parce qu'il aussi menteur, fraudeur et hypocrite que les autres, pareil à Harper.
    S'il avait été le moindrement honnête, il aurait aboli la Loi Pompidou du 3 janvier 1973. Cette loi qui oblige l'État à emprunter à des banques privées plutôt que d'emprunter à sa banque centrale. On se comprend bien que lorsqu'on passe une loi un 3 janvier, le lendemain des Fêtes, le peuple dort et n'a pas vu qu'on lui passait un sapin.
    Si Marine Le Pen avait été élue, c'est la première chose qu'elle aurait faite. Les ignorants font toujours les mauvais choix.
    Vous, M.Dupras, l'auriez-vous aboli cette loi? Je veux voir votre tête sur le billot pour savoir si elle mérite d'être coupée.