Où en est l’Amérique?

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https://www.journaldemontreal.com/2019/07/04/ou-en-est-lamerique


L’Amérique célèbre aujourd’hui sa fête nationale. C’est-à-dire qu’elle célèbre son indépendance. Les Américains sont généralement très patriotiques, et cette fête leur permet d’exprimer leur attachement à leur pays.


Mais nous le savons, l’Amérique est divisée, bien plus que ne peut l’être un pays démocratique normalement traversé par des idées politiques contradictoires. Le rêve américain ne rassemble plus. Le pays est clivé entre deux conceptions radicalement contradictoires de son passé comme de son avenir, en plus d’être victime de tensions raciales de plus en plus vives.


Division


Cela sans compter une pression migratoire énorme, et véritablement anxiogène, qui vient du sud et qui transformera démographiquement le pays de manière irréversible. En fait, cette transformation est déjà très avancée. Les Américains se défendent comme ils peuvent contre cette marée démographique et ces colonnes de « réfugiés », notamment en cherchant à défendre la frontière mexicaine, ce qui n’est pas sans entraîner des situations dramatiques qui brisent le cœur, comme on l’a vu il y a quelques jours encore.


Au début des années 1990, la plupart des analystes prophétisaient que le prochain siècle serait américain. Victorieuse contre le communisme, l’Amérique se laissait tenter par des rêves d’empire. Elle s’imaginait seule superpuissance dans le monde. Elle commanderait, les autres obéiraient.








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Le 11 septembre 2001 n’a pas ébranlé cette certitude immédiatement. Les Américains, inspirés par la mouvance néoconservatrice, profitèrent de ce terrible attentat pour s’engager dans une croisade idéologique et militaire censée démocratiser le Moyen-Orient. Ils se jetèrent alors dans le gouffre irakien et contribuèrent à une déstabilisation du monde que nous subissons encore aujourd’hui.


Mais près de 20 ans plus tard, l’Amérique ne se sent plus dominante. Au contraire, elle voit l’émergence de nouvelles puissances qui relativisent ses prétentions à l’hégémonie mondiale.


Il faut avoir tout cela en tête pour comprendre pourquoi les Américains ont porté en 2016 Donald Trump à la Maison-Blanche. Un pays qui se sent emporté par la décadence cesse de croire en sa classe politique officielle. Il cherche alors de nouvelles figures transgressives, qui prétendent se soulever contre le système et canaliser la colère du peuple.


C’est parce qu’il est parvenu à se présenter comme le leader d’une révolte populaire censée redonner à l’Amérique sa grandeur que Trump est parvenu à se faire élire. Et c’est parce qu’il l’incarne encore, même s’il occupe la présidence, qu’il a des chances de l’emporter l’an prochain.


Trump


Mais l’élection de Donald Trump, un personnage ubuesque, n’a jamais été acceptée par la classe politico-médiatique. Et une bonne partie de l’Amérique n’a qu’une question en tête : qui peut le battre ? C’est ce qui explique en partie l’excitation qui entoure en ce moment les primaires démocrates. On cherche celui qui pourra défier et faire tomber Trump, pour transformer son triomphe en parenthèse historique.


Ce qui est certain, c’est que la prochaine présidentielle sera la plus chargée existentiellement qu’on puisse imaginer. Elle aura, en fait, un parfum de guerre civile.