Obama a demandé à Trump de poursuivre la politique étrangère belliciste des USA

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L'Empire à tout prix, envers et contre tous

CNN vient seulement de publier le texte d’une lettre adressée par Obama à son successeur lors de son départ, qui utilisait des éléments de langage néoconservateurs bien établis pour appeler le président Trump à poursuivre les politiques suprémacistes de l’impérialisme américain.


La lettre consiste surtout en phrases creuses polies sans importance, sauf pour le paragraphe ci-dessous, qui offre le seul conseil substantiel en politique :


Ensuite, le leadership de l’Amérique dans ce monde est réellement indispensable. C’est à nous, à travers l’action et l’exemple, de soutenir l’ordre international qui s’est développé de manière régulière depuis la fin de la Guerre froide, et dont notre propre richesse et notre sécurité dépendent.


En 1997, le très influent think tank néoconservateur Project for the New American Century publiait sa déclaration de principes, qui était signée par Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Jeb Bush, Donald Kagan et autres membres notoires de plusieurs dynasties de la machine de guerre américaine. La déclaration emploie le même langage que le conseil d’Obama à Trump, et décrivait la nécessité du maintien d’une position de leadership mondial dans un monde d’après-Guerre froide. Il déclinait quatre impératifs :



  • Augmenter les dépenses de la défense

  • « Défier les régimes » hostiles aux intérêts des USA tout en renforçant les alliances favorables aux intérêts américains.

  • Promouvoir la liberté politique et économique à l’étranger

  • Assumer la responsabilité du rôle unique de préservation et de développement de l’ordre international des États-Unis.


« Alors que le XXe siècle touche à sa fin, » conclut la déclaration, « Les États-Unis sont la principale puissance mondiale. Après avoir mené l’Occident vers la victoire dans la Guerre froide, l’Amérique se trouve face à une opportunité et un défi : Est-ce que les USA ont une vision stratégique pour s’appuyer sur les succès de ces dernières décennies et bâtir ? Les USA ont-ils la détermination nécessaire pour façonner un nouveau siècle favorable aux principes et aux intérêts des USA ?



(La lettre « secrète » d’Obama à Trump fuitée à CNN. Elle contient trois points. le premier point substantiel ? Maintenir l’empire.)


En théorie, la philosophie qui sous-tendait cela expliquait qu’en gagnant la Guerre Froide, les USA avaient essentiellement été choisis par l’histoire comme maîtres du monde. En pratique, cela signifiait qu’à la suite de la défaite de son seul rival géopolitique, plutôt que diminuer ses dépenses militaires et son interventionnisme comme on aurait pu s’y attendre, les USA allaient augmenter les dépenses et l’interventionnisme pour s’assurer de ne jamais perdre leur place de leader incontesté de la planète.


En septembre 2000, le Project for the New American Century publiait son rapport le plus célèbre et influent, « Reconstruction des défenses de l’Amérique : stratégies, forces et ressources pour un nouveau siècle », dans lequel la Guerre froide faisait l’objet de 52 références. En décrivant la façon dont les différents points définis par la déclaration de principes devaient être développés, les auteurs de « Reconstruction des défenses de l’Amérique » ont écrit que « le processus de transformation, même s’il amène des changements révolutionnaires, est susceptible de prendre du temps, sauf événement catastrophique et catalytique – comme un nouveau Pearl Harbor. »


Un an plus tard, le Project for the New American Century tenait son nouveau Pearl Harbor, et les néocons l’ont utilisé pour obtenir l’effet de catalyse qu’ils avaient décrit. L’Afghanistan et l’Irak ont été envahis à huit mois d’intervalle après le 11 septembre, et le général Wesley Clark a ensuite dit que le plan consistait à s’en prendre à sept pays en cinq ans : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et enfin, l’Iran.



(Vidéo : le genéral Wesley Clark expose l’agenda d’attaques des USA contre sept pays en cinq ans. 2011, en anglais.) 


Noam Chomsky a récemment observé que l’Amérique « est le pays le plus sûr du monde depuis toujours, et en même temps le pays le plus peureux du monde ». Nus avons vu l’instrumentalisation de ces peurs irraisonnées pour catalyser un soutien à des escalades délirantes d’interventionnisme militaire et d’espionnage intérieur dans le sillage du 11 septembre, et nous le retrouvons aujourd’hui dans l’alarmisme absurde sur la Corée du Nord, la Russie, la Syrie, l’Iran, et le Vénézuela. Il a été utilisé pour engager l’opinion à soutenir sans faillir les mêmes politiques néocons d’une administration sur l’autre, de Bush à Obama et aujourd’hui, d’Obama à Trump.


Au début des années 1990, le terme « dividendes de paix » avait été popularisé pour décrire tous les avantages que les gens ordinaires allaient pouvoir obtenir dans un pays qui n’avait plus à engloutir des sommes d’argent, d’énergie et de ressources monumentales dans les dépenses liées à la Guerre froide. Nombre de gens puissants avaient grimpé dans les hiérarchies au cours de cette période d’augmentation des financements du complexe militaro-industriel, toutefois, et ils n’allaient pas lâcher leurs nouveaux privilèges si facilement. Les think tanks néoconservateurs ont été utilisés dans plusieurs de leurs incarnations pour aider à maintenir et à développer le pouvoir du complexe militaro-industriel, et en retour, le complexe militaro-industriel finance les néocons. Un des bras travaille avec l’armée, l’autre avec Washington, et les deux bras travaillent ensemble pour maintenir l’Amérique dans un état d’impérialisme et de guerre permanente.


L’Amérique n’a pas besoin de vivre dans la peur plus longtemps. Elle mérite mieux que cela. Elle mérite d’avoir un gouvernement qui s’intéresse davantage au peuple qu’à la marge bénéficiaire de Raytheon. Elle mérite des dividendes de paix. Qu’elle les exige. Qu’elle refuse de subir encore une autre administration néoconservatrice dominée par des membres du Council on Foreign Relations (NdT : autre think tank néocon). Qu’elle exige des changements réels et qu’elle prenne son dû.



Traduction Entelekheia

Photo Pixabay



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