Les manifestations se poursuivaient hier au Caire.
Photo : Agence Reuters Miguel Medina
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Agence Reuters Jérusalem — La chute éventuelle du président égyptien, Hosni Moubarak, ferait perdre à Israël un de ses rares amis dans la région et la faute en incomberait en grande partie au président américain, Barack Obama, estimaient hier nombre de commentateurs israéliens.
Ces derniers se montrent outrés de la façon dont les États-Unis, tout comme d'ailleurs les principales puissances européennes, semblent prêts à lâcher celui qui fut durant trois décennies leur allié stratégique au Proche-Orient pour complaire aux «masses arabes».
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a exprimé hier son inquiétude devant l'évolution de la situation, disant craindre que la révolte en Égypte ne débouche sur le même résultat que la révolution islamique en 1979 en Iran. Mais il a exigé de ses ministres qu'ils ne fassent aucun commentaire public sur la situation politique délicate dans laquelle se trouve le pouvoir égyptien, afin de ne pas envenimer une situation déjà explosive.
Respect pour Moubarak
N'étant pas ministre, le président Shimon Peres a tenu à exprimer «son grand respect» pour Moubarak, ajoutant, sous forme d'éloge funèbre: «Je ne dis pas que tout ce qu'il a fait était bien, mais il a fait une chose dont nous devons tous le remercier: il a maintenu la paix au Moyen-Orient.»
Ne s'estimant tenu ni au mutisme ni à la diplomatie, le commentateur du Maariv Aviad Pohoryles met directement en cause l'administration américaine dans un article incendiaire, sous le titre «La balle dans le dos de l'Oncle Sam».
Il accuse le président Obama et sa secrétaire d'État, Hillary Clinton, qui ont appelé dimanche à «une transition ordonnée» vers la démocratie en Égypte, de mener une politique naïve, suffisante et bornée sans se soucier de ses conséquences.
Qui les conseille donc, demande-t-il, «pour qu'ils alimentent ainsi la rage de la populace dans les rues d'Égypte et exigent la tête d'une personne qui était cinq minutes plus tôt l'audacieux allié du président» et «presque la seule voix de la raison au Proche-Orient»?
«La diplomatie politiquement correcte des présidents américains à travers les générations», poursuit-il, «est affreusement naïve».
Durant le week-end, Nétanyahou a donné pour instruction aux ambassadeurs d'Israël dans une douzaine de capitales importantes de faire chacun valoir à leur pays hôte que la stabilité de l'Égypte était primordiale, a-t-on appris de source autorisée.
«La Jordanie et l'Arabie saoudite regardent les réactions en Occident et comment tout le monde abandonne Moubarak. Cela aura des implications très sérieuses», a déclaré un responsable au journal de centre gauche Haaretz.
«La question qu'on doit se poser c'est de savoir si Obama est fiable ou non. À l'heure actuelle, il ne le paraît pas. C'est une question qui résonne dans toute la région, pas seulement en Israël», déclare un autre responsable.
Dans Haaretz, le commentateur Ari Shavit affirme aussi que le président américain, pour se gagner l'opinion arabe, a trahi «un président égyptien modéré qui était resté loyal envers les États-Unis, avait favorisé la stabilité et encouragé la modération» au Proche-Orient.
«À travers l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud, les dirigeants observent ce qui se passe entre Washington et le Caire», poursuit Shavit, en estimant qu'Obama a risqué le statut des États-Unis en tant que grande puissance et allié fiable.
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