Les États-Unis d’Amérique avec Trump

N’est-ce pas cela l’Amérique ?

Tribune libre

" La parole est au peuple. La parole du peuple, c'est la parole du souverain
Le Général De Gaulle

Depuis le 09 novembre 2016, des analystes, des observateurs et d’autres experts attitrés des rédactions politiques des grands médias ainsi que des Internautes tentent de comprendre ce qui a mené Donald Trump à s’emparer de la Maison Blanche. Et pour cause, la scène médiatico-politique Etasunienne et internationale a été désarçonnée par cet homme décrit comme l’idiot du village global. Pourtant, il a ébranlé l’Establishment dans ses certitudes ordonnancées dans des tours d’ivoire loin des masses populaires. Il a désorienté la conscience collective préfabriquée par les faiseurs d’opinions de l’Ordre Établi et a secoué tous les gardiens du temple en faisant la preuve qu’aux États-Unis d’Amérique tout est possible pour un adversaire politique possédant son profil. Quels ont été les principaux facteurs de ce succès et de la débâcle des faiseurs d’opinions ?

Le banc des insignifiants pour des médias, des sondeurs et des attachés politiques
Il y a d’abord eu le message. Il a été porteur et a eu l’avantage de mobiliser à son avantage le vote improbable de l’Etatsunien moyen qui n’avait plus de confiance en ses dirigeants et en ses capitaines d’industrie. L’Establishment avec les chefs de files des médias ont joué sur le rejet par ce même électeur du risque de voter pour lui en raison de l’incertitude et de l’angoisse sociale vécue depuis le milieu des années 2000. Les retombées de la crise multidimensionnelle vécue par la première puissance mondiale ne semblent pas avoir été correctement évaluées et suffisamment analysées par des officines qui ont pêché par défaut ou manque de sérieux.

En soulignant deux catastrophes parmi les plus prégnantes aux USA, les guerres avec leurs lots de pertes mal vécues par les familles des jeunes soldats partis en Irak, en Syrie… ou encore les dégâts matériels provoqués par une nature déchainée durant la présidence d’Obama, il est tout à fait compréhensible que l’exécutif, malgré sa bonne volonté, ne pouvait rien y faire si ce n’est tenter de panser des blessures qui ne se ferment pas aisément.

Il faut admettre que pour tous ceux qui ont perdu leur maison sans espoir d’en avoir une autre c'est un peu comme perdre son âme et voir la faillite d’une ville comme Détroit qui a été le fleuron de l’industrie automobile durant des décennies est un indice en moins dans le paysage de l'ingéniosité de ce pays. Le crash immobilier devait à lui seul canaliser le vote dans le sens choisi par les gouvernants de tous bords. Ce sont donc les effets de cette crise sur la population que Donald Trump a su utiliser à bon escient pour se faire élire.

Le non verbal n'a pas ''trumpé''
Dans cette élection nous avons observé deux profils de candidats et bien du monde s’est intéressé au langage utilisé et au non verbal de l’une et de l’autre. Hilary Clinton s’est toujours présentée avec un sourire préfabriqué marquant un peu de sincérité et cachant sa vraie nature : fausseté et sournoiserie. Ses phrases guerrières étaient mal conçues, sans aucune impulsion ni effet émotif, leur portée ciblait des groupes de personnes alors que celle de Donald Trump ratissait large. Lui, a toujours eu un regard malicieux, tourné vers son adversaire de circonstance. Il semblait souvent partir sur de nouvelles bases, un nouvel élan. Sa spontanéité, a plu et séduit l’américain moyen, notamment celui de la campagne qui ne cause pas beaucoup mais qui écoute et se rappelle de l’essentiel. Ce que Donald Trump veut, c’est de tout rapporter à lui et aux USA d’abord et de devenir le champion de la redistribution des cartes et de ses outils d’influence par la suite. Une véritable réingénierie de la stratégie de domination des États-Unis d’Amérique sur le reste du monde

C'est ma thématique ! 11/09 et 09/11 = 20/20.
La date du 09 novembre 2016 sera marquée en surligné dans les annales mondiales des élections US. Elle a aussi inspiré le caricaturiste Philippe Geluck ‘’Le Chat’’ qui la lie à celle du 11 septembre 2001. ‘’11/09 V/o 09/11’’. L’addition des chiffres donne comme par hasard un 20/20. Comme dirait l’autre ‘’c’est ma thématique’’.

Une collision frontale, un coup de boutoir dans la boite électorale… Donald Trump, malgré ses incartades, ses errements et ses déclarations intempestives, a été élu. Ses électeurs le soulignent fort bien : ‘’Il ne risque pas de se laisser corrompre comme les autres’’ et il fera certainement ce qu'ils attendent de lui. Une grande masse d’américains l’ont préféré à sa rivale ! Peut-être que beaucoup diront que c'est la main de l'étranger et possiblement que c'est celle de Poutine, ou encore que son style fait peur.

Cependant, l'Amérique a choisi encore une fois un gars en dépit de ses problématiques comportementales, mais n’est-ce pas cela l’Amérique ? Trump a fait des promesses au plan économique : plus d’emplois et moins de chômage ; un partage des ressources. Elles vont dans le même sens que celles qu’il a faites au plan social pour l’accès universel aux soins de santé pour les plus démunis alors qu’au plan politique international il veut faire une partie du chemin en direction de la Russie tout en se retirant un peu plus des autres alliances traditionnelles et en tissant de nouvelles.

Les changements dans la feuille de route.
Le cadre de références globales ne sera pas profondément modifié et Donald Trump devra en tenir compte en se pliant aux principes des relations internationales, même si elles sont controversées, avec des pays impliqués dans les guerres menées en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

La position à l’endroit du terrorisme Islamiste sera consolidée et renforcée pour réduire le lien avec les officines de l’Arabie Saoudite et celles du Qatar. Cependant, d’autres foyers de guerre seront forcément allumés pour aider l’industrie de l’armement, du pétrole et de l’agroalimentaire.

C’est pour cela que, durant la première partie de son mandat, Trump ne pourra pas procéder à des changements majeurs potentiels dans la politique étrangère des USA mais il pourra en introduire quelques-uns qui modifieront profondément ses contours les plus significatifs. Il le fera grâce à son style bulldozer qui aura des impacts importants dans la seconde partie de sa gouvernance. À titre indicatif, il privilégiera les affaires domestiques plus que l’implication des USA sur la scène internationale ce qui laissera le champ libre aux autres d’en faire de même ou de poursuivre dans leur entêtement guerrier.

L’alternance et une nouvelle emprise de l’empire se dessine
Les enseignements qui peuvent être tirés de cette élection sur laquelle était focalisée tous les regards du monde, si sont mis de côté les guerres en Syrie, en Libye et en Irak, les dysfonctionnements majeurs au plan social et domestique (crimes des policiers contre les jeunes noirs, la prééminence de la possession et de l’utilisation des armes à feu qui ont concentré le vote en faveur de Trump, il importe de souligner que ce sont aussi le numérique et les réseaux sociaux qui ont eu raison de Clinton et de l’Ordre établi US.

Alors une question essentielle se pose, à savoir : cela changera-t-il quelque chose dans le va-t’en guerre des USA ? Pour l’heure, les enjeux sont trop important mais l'avenir n'est plus loin. Il est là... Les guerres en Libye, en Irak et en Syrie ne s’arrêteront pas en un claquement de doigts. Les relations avec la Russie ne s’amélioreront pas de sitôt. Celles avec la Chine devront être révisées et, Trump ne voudra pas perdre le leadership international et l'Étatsunien moyen échaudé par les différentes crises veut des résultats immédiats. C’est le changement qu’il attend. L’alternance un bien beau concept l’exige et le la majorité relative du Peuple la veut.

Le Général De Gaulle n’avait-il pas dit "La parole est au peuple. La parole du peuple, c'est la parole du souverain" et c’est ce que devra réaliser le ‘’général’’ Trump. Il a sensibilisé avec un discours peut être populiste mais en tout cas un discours qui a rassemblé un minimum d’électeurs tout en ébranlant la machine redoutable de l’Ordre établi US et de ses relais au niveau mondial. Voyons voir les effets dans le chemin tracé pour l’impeachment ou pour la postérité.

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Ferid Chikhi67 articles

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Algéro-Canadien, Ferid Chikhi vit au Québec depuis 2001. Conférencier et formateur, il est membre de plusieurs groupes et collectifs d’études. Contributeur de presse il est auteur d'articles, de réflexions et d'analyses tant politiques qu’économiques. Il a publié divers textes sur les problématiques d’accueil et d’intégration des immigrants au Québec. Ferid est membre du Conseil d'administration des IPSOs ; membre fondateur de l'Association des Nord-Africains pour la Laicité (AQNAL) ; membre du Groupe d'Études et de Réflexions Méditerranée Amérique du Nord (GERMAN) et l'animateur du site www.convergencesplurielles.com





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