«Moscou doit expliquer à Trump les règles du jeu en Syrie», rapporte un ex-diplomate américain

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L'approche Trump contestée par des spécialistes américains du renseignement


Le manque d'expérience de Donald Trump, qui se manifeste dans son action en Syrie, peut aggraver les relations russo-américaines et conduire en fin de compte à un conflit nucléaire, avertit John Brady Kiesling, un ancien diplomate américain.

«La difficulté, c’est que Donald Trump manque d’expérience… Il a pour instinct de faire le contraire de tout ce qu'a fait Barack Obama», a déclaré l'ancien diplomate américain, John Brady Kiesling, sur RT.

«Le but devrait être d’instruire le président Trump. Et ici, la Russie doit faire plus que ce qu’elle a fait [jusqu'à présent] pour expliquer comment la communauté internationale peut faire ce qui est nécessaire en Syrie», a-t-il ajouté.

L’ancien diplomate estime que le président russe Vladimir Poutine «évidemment, a beaucoup plus d’expérience» que son homologue américain et que «Trump aura besoin d’apprendre les règles du jeu».

Les vétérans du renseignement «espèrent que Donald Trump va utiliser les mécanismes qui existent déjà pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé à Idleb»

John Brady Kiesling fait partie d’un groupe de plus d'une vingtaine de vétérans du renseignement américain, qui ont signé une lettre ouverte à Donald Trump. Dans le mémorandum publié après le bombardement américain de la base aérienne de l'armée syrienne d’Al-Chaayrate en Syrie, ses auteurs ont mis en garde le président américain contre une nouvelle escalade des tensions dans les relations avec la Russie à cause de la Syrie, qui pourrait bien conduire à un conflit nucléaire.

Le bombardement de la Syrie a été la réponse de Washington à une attaque chimique présumée qui a eu lieu dans la province d’Idleb le 4 avril, pour laquelle l’Occident a blâmé le président syrien Bachar el-Assad, sans avoir mené aucune enquête.

Les vétérans du renseignement «espèrent que Donald Trump va utiliser les mécanismes qui existent déjà pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé à Idleb – il s’agit du système des Nations unies, de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a été efficace en Syrie dans le passé. Nous avons besoin d’eux sur le terrain, afin de mener une enquête sérieuse», explique l’ancien diplomate, soulignant qu’il faut éviter les mesures unilatérales, en dehors du cadre des Nations unies.

Tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU doivent travailler ensemble, en envoyant leurs meilleures spécialistes et en effectuant des recherches

L’expert reconnaît que Washington «n’a pas la confiance nécessaire» dans l’ONU pour le moment, tout en soulignant que cette situation doit changer.

«Restaurer la confiance dans l’ONU signifie que les cinq membres permanents (du Conseil de sécurité de l’ONU) travaillent ensemble très étroitement, en envoyant leurs meilleures spécialistes, en effectuant des recherches, quelles que soient les conséquences. Si le président syrien était responsable de l’attaque au gaz – l’ONU devrait l’annoncer. Si c’est quelqu’un d’autre – l’ONU doit le rendre public aussi. Nous devons être absolument sûrs que le processus n’a pas été altéré», affirme-t-il.

John Brady Kiesling a rejeté la possibilité que l’engagement des Etats-Unis en Syrie se transforme en nvasion massive du pays, comme ce fut le cas en Irak.

«Les Etats-Unis n’ont pas de ressources. Il n’y a pas d’objectif stratégique qui pourrait être atteint par des moyens militaires. Une attaque de missiles contre la base aérienne était un coup symbolique», pense-t-il.

Il est temps d’orienter le processus vers les voies diplomatiques traditionnelles, ce qui est lent, mais au moins minimise l’effusion de sang

«Le problème syrien qui est énorme et compliqué n’a pas de solution militaire», estime l’ancien diplomate. «Il est temps de s’asseoir, d’orienter le processus vers les voies diplomatiques traditionnelles, ce qui est lent – terriblement lent – mais, au moins, nous minimisons l’effusion de sang pendant que le processus se déroule.»

«La communauté internationale peut réussir à imposer un peu de paix et d’ordre à la planète si la Russie, les Etats-Unis et la Chine collaborent. S’ils se tirent dans les pattes pour des raisons de politique intérieure, le monde entier est exposé au danger», ajoute John Brady Kiesling.

Dans un mémorandum, un groupe constitué d’anciens spécialistes du renseignement américain qui contestent l’utilisation des renseignements erronés (ou VIPS pour Veteran Intelligence Professionals for Sanity – les vétérans du l’armée américaine, de la NSA, la CIA, le FBI, du département d’Etat et d’autres organismes), a averti que la menace d'un conflit avec la Russie avait augmenté après le bombardement de la base syrienne d’Al-Chaayrate.

Les auteurs de cette lettre ont ajouté que «leurs sources au sein de l’armée américaine dans la région» leur avaient dit qu'il n'y avait pas eu d'attaques chimiques syriennes à Idleb le 4 avril.

Un avion syrien a bombardé un entrepôt de munitions d’Al-Qaïda en Syrie qui s’est révélé être rempli d’agents toxiques

«Au lieu de cela, un avion syrien a bombardé un entrepôt de munitions d’Al-Qaïda en Syrie qui s’est révélé rempli d’agents toxiques et un vent violent a chassé le nuage chargé d’agents chimiques vers un village voisin, ce qui a causé beaucoup de morts là-bas», détaille la lettre ouverte.

Un tel récit des événements d’Idleb étaye ce que le ministère russe de la Défense et Damas ont déclaré, après que les informations sur l’attaque chimique présumée ont été diffusées.

Les experts ont exprimé la conviction qu’il était «extrêmement important» pour les Etats-Unis d’empêcher la détérioration ultérieure des relations avec Moscou.

«Il est temps de travailler avec la Russie en se basant sur les faits, et non pas sur des allégations fondées largement sur des preuves douteuses qui proviennent des réseaux sociaux, par exemple», explique la lettre ouverte, en exhortant l’administration de Trump à «commencer de prendre les dispositions nécessaires pour un sommet rapide avec Vladimir Poutine».


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