Mauvais augures

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À quand «le courage de la liberté»?





Ce serait commettre une erreur que de conclure immédiatement à la mort du souverainisme québécois. Le Bloc n’aura que 10 sièges aux Communes – sa voix portera peu –, mais cela ne veut pas dire que le désir de faire du Québec un pays soit irrévocablement anéanti.


Mais les augures n’ont jamais été aussi mauvais, ne pas l’admettre, cela aussi serait une erreur...


Au PQ comme au Bloc, on a connu de meilleurs jours. Les appuis régressent d’une élection à l’autre. Le Bloc écrasé en 2011, le PQ minoritaire en 2012, le PQ battu en 2014, le Bloc à 19 % en 2015... L’évidence s’impose même aux aveugles.


Deux hommes d’honneur


Et, comme si ça n’allait pas assez mal, les souverainistes perdent coup sur coup deux de leurs hommes d’honneur: Gilles Duceppe et Stéphane Bédard tirent leur révérence alors que Justin Trudeau, le fils de Pierre Elliott Trudeau devient premier ministre du Canada. L’histoire se fait en marge d’un Québec occupé à chérir l’héritage paralysant de la Révolution tranquille.


Pour un, le chef bloquiste ne pouvait pas rester en poste, compte tenu des résultats électoraux de lundi. Il avait répondu à l’appel, comme un brave. Mais les Québécois n’avaient apparemment pas la tête au pays... Ce n’est pas la première fois que les meilleurs partent au front pour être ensuite laissés à eux-mêmes...


À l’Assemblée nationale du Québec, ce n’est pas la joie non plus. Le départ de Stéphane Bédard ressemble à une rupture que l’on tentera de faire oublier le plus vite possible. Le principal intéressé dit que les dernières années ont été «éreintantes». Dans l’après-Marois, il avait tenu à bout de bras un parti qui, encore une fois, cherchait un chef. On connaît la suite.


Pierre Karl Péladeau lui a préféré Bernard Drainville au poste de leader parlementaire. M. Drainville est un proche de Pierre Duchesne, le nouveau directeur de cabinet de PKP. Qui se fait une réputation de coupeur de tête: deux des militants péquistes les plus dévoués, Sandra Boucher et Simon Berthiaume, ont été avisés que leurs services ne seront plus requis... Ces départs ajoutent à la lourdeur ambiante.


Cadeau de Grec ?


Pauline Marois aurait-elle fait un cadeau de Grec à PKP? Des péquistes d’hier et d’aujourd’hui se demandent si PKP sera là aux prochaines élections. Parce qu’il n’est pas le genre d’homme à perdre la face volontairement.


Cela dit, le temps arrange parfois bien les choses. Même si les circonstances actuelles ne sont pas réconfortantes. Le plancher craque sous les pieds des souverainistes, mais n’est-ce pas la fondation qui s’effondre? Leur destin n’est pas encore clairement visible, mais, sous les apparences, on sent – plus qu’on ne le voit – le ressac de l’histoire, l’agonie suivant 1995. Crier «On veut un pays», de congrès en congrès n’a manifestement mené à rien. Du moins pour le moment.


Le premier ministre Couillard et le chef de la CAQ, François Legault, parlent de «déclin» ou d'une «crise profonde» chez les tenants du pays. Mais les Québécois forment un «îlot étrange», écrivait Fernand Dumont qui, à la «patience de jadis», n’ont pas encore joint le «courage de la liberté». Cette possibilité n’est toujours pas définitivement exclue...








 




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