Macron s’engage pour une francophonie «décentrée»

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La Francophonie « plurilingue » de Macron : du grand n'importe quoi !

Le président français Emmanuel Macron a dévoilé mardi une série de mesures visant à soutenir l’actuelle expansion du français dans le monde, mais avec une stratégie « décentrée » qui fait la part belle à l’Afrique francophone et se veut loin du passé colonial.


« La France doit s’enorgueillir d’être aujourd’hui un pays parmi d’autres qui apprend et parle français », a lancé le président dans l’enceinte de l’Académie française, gardienne de la langue et « lieu séminal du français », a-t-il dit.


« Le français s’est émancipé de la France. Il est devenu cette langue-monde... C’est ce décentrement qu’il nous faut penser », a-t-il ajouté dans un discours de plus d’une heure, prononcé lors de la Journée internationale de la Francophonie.


Le jeune écrivain franco-rwandais Gaël Faye a salué ce changement de ton. « À Bujumbura, la francophonie a longtemps été vue comme un projet politique hégémonique venant de Paris. Aujourd’hui, le français est plutôt la langue de la relation, riche de ses diversités selon les latitudes », a-t-il réagi après le discours.


Parmi la trentaine de mesures annoncées, le président s’est ainsi engagé à doubler en Afrique les moyens consacrés par l’Agence française de développement (AFD) aux systèmes éducatifs, à 350 millions d’euros (560 millions $CA) par an.


L’éducation est la « condition » pour accompagner l’actuelle explosion du nombre de francophones dans le monde, explique l’Élysée.


Selon l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le français devrait se hisser d’ici à 2050 du cinquième au troisième rang des langues parlées dans le monde, grâce un triplement du nombre de francophones, à 750 millions.


Pour l’éducation en langue française


Au service de l’éducation des francophones, seront appelés en renfort les lycées français à l’étranger, qui accueillent actuellement près de 350 000 jeunes dans 492 établissements, dont 60 % de non-Français. Le nombre d’élèves y sera doublé d’ici à 2025, a promis M. Macron, alors qu’un mouvement de grève secoue actuellement ces lycées, contre des coupes budgétaires.


Dans le cadre des mesures d’austérité annoncées l’an dernier, le budget de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) a été réduit de plus de 8 %, pour le ramener à 354,5 millions d’euros en 2017. Mais le gouvernement a promis à l’AEFE qu’elle retrouverait cette année et en 2019 son budget d’avant les coupes.


Les crédits des Alliances françaises, autres établissements d’enseignement du français, mais non publics ceux-là, seront de plus « sanctuarisés », a promis M. Macron, répondant ainsi aux craintes qu’ont pu susciter les difficultés financières que traverse actuellement la Fondation Alliance française, qui chapeaute le réseau. « Dix » Alliances françaises seront ouvertes chaque année à partir de 2019, a promis le chef d’État.


La formation des maîtres sera également renforcée, grâce au déploiement à « toute l’Afrique francophone » du programme d’accompagnement des enseignants « Apprendre ».


Pour éviter que « l’Afrique ne tombe ni dans la main des Anglo-saxons ni dans la main des Chinois », le président a par ailleurs annoncé un plan de développement du numérique qui passe en particulier par le renforcement des capacités des médias.


Pour le plurilinguisme


Mais le plan d’ensemble de M. Macron, que l’Élysée avance comme « fondateur d’une nouvelle Francophonie », n’est pas seulement intitulé « pour la langue française », mais également pour « le plurilinguisme ».


« Le français doit faire face à d’autres langues », mais sans « hégémonie », a-t-il dit, citant des langues vernaculaires africaines comme le wolof sénégalais, mais également l’anglais.


« La solution n’est jamais d’imposer une langue », a-t-il ajouté, souhaitant que soient enseignées en Europe deux langues en plus de la langue maternelle ».


Le président, le plus anglophone des chefs d’État français, s’est à ce titre une nouvelle fois justifié de souvent passer par l’anglais dans ces discours, alors qu’il a été vivement critiqué, au Québec notamment, pour baptiser des sommets à Paris « One Planet Summit » ou « Choose France ».


« La francophonie se construit dans ce plurilinguisme », a-t-il assuré, appelant cependant le monde des affaires, souvent anglophile, à « réembrasser une francophonie économique ».


Dans la même veine, le président a affirmé que le recul du français au sein des institutions européennes n’était « pas une fatalité ». « L’anglais n’a sans doute jamais été aussi présent à Bruxelles au moment où nous parlons de Brexit », a-t-il reconnu.


> La suite sur Le Devoir.



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