Emmanuel Macron s’en est pris jeudi de manière implicite aux velléités de son homologue américain Donald Trump de «décider» de la conduite des Européens, suite au retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien.
«Si nous acceptons que d’autres grandes puissances, y compris alliées, y compris amies dans les heures les plus dures de notre histoire, se mettent en situation de décider pour nous notre diplomatie, notre sécurité, parfois en nous faisant courir les pires risques, alors nous ne sommes plus souverains», a estimé M. Macron en recevant le prix européen Charlemagne à Aix-la-Chapelle en Allemagne.
«Nous avons fait le choix de construire la paix et la stabilité au Proche et au Moyen-Orient (...) D’autres puissances, tout aussi souveraines que nous, ont décidé de ne pas respecter leur propre parole. Devons-nous renoncer pour autant à nos propres choix?», s’est-il encore interrogé.
Des propos qui, sans qu’il ne soit jamais nommé, visent le président américain, avec lequel Emmanuel Macron a pourtant affiché une grande entente et une proximité personnelle lors de son récent déplacement à Washington.
Donald Trump a annoncé mardi le retrait de son pays de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne en juillet 2015, par lequel l’Iran a accepté de brider son programme nucléaire en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales visant Téhéran.
Washington a choisi l’option la plus radicale en rétablissant l’intégralité des sanctions levées, mais aussi en forçant les entreprises étrangères, donc européennes, à choisir rapidement entre faire des affaires en Iran ou aux États-Unis.
«Ne soyons pas faibles, ne subissons pas», a martelé le chef de l’État français, qui a plaidé pour une «souveraineté européenne (...) qui doit nous conduire à faire de l’Europe une puissance géopolitique, commerciale, climatique, économique, alimentaire, diplomatique propre».