COURSE AU PQ › LES GRANDES ENTREVUES DU «DEVOIR»

Lisée propose une «discussion» sur l’interdiction de la burqa

Le candidat affirme que ce débat s'impose étant donné la conjoncture locale et internationale

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Le débat est relancé parce que la conjoncture a changé

Jusqu'à la fin septembre, nous publions une série de rendez-vous avec les candidats à la chefferie du PQ. Les tables éditoriales, dont l’ordre a été déterminé au sort, se succéderont chaque samedi. Aujourd'hui: Jean-François Lisée.
En 2014, Jean-François Lisée, qui avait annoncé son intention de se présenter à la succession de Pauline Marois, avait été prompt à affirmer que la Charte des valeurs avait « empoisonné » le débat sur la laïcité au Québec et qu’il ne fallait pas revenir là-dessus dans un avenir prévisible. Un peu moins de deux ans plus tard, le candidat à la direction du Parti québécois crée des remous en proposant une « discussion » sur l’interdiction de la burqa et du niqab dans l’espace public.

« Ce débat-là, il nous est imposé par la conjoncture, l’actualité locale et internationale », a déclaré Jean-François Lisée au cours de l’entrevue éditoriale qu’il a accordée, vendredi, au Devoir. Il en veut pour exemples la controverse entourant les journées pédagogiques dont les dates coïncident avec une fête musulmane, ainsi que l’autorisation du port du burkini dans des piscines d’école, deux accommodements survenus à Montréal, ou, à Toronto, ces centaines de parents qui réclament que leurs enfants soient dispensés des cours d’art dramatique et de musique. « Ce sont des faits qui s’imposent à nous. »

Sur l’interdiction de la burqa et du niqab, Jean-François Lisée a affirmé qu’il avait eu des discussions avec des forces policières et il en fait une question de sécurité publique. Mais il a ajouté une autre raison pour cette interdiction : le respect de l’égalité entre les hommes et les femmes. « Ma première responsabilité, si je suis premier ministre, c’est la sécurité des citoyens du Québec. Alors, on va discuter de ça. Et un de mes rôles, c’est [de juger si] cette valeur universelle de l’égalité entre les hommes et les femmes [est] en contradiction avec cela. » Quant au port du burkini, il note que « ce n’est pas envisageable qu’il y ait une police des plages là-dessus » et que ce vêtement ne pose aucun enjeu de sécurité.

Des terroristes pourraient dissimuler une mitraillette sous une burqa, et c’est en Afrique que le candidat déniche un exemple. « En Afrique, les AK-47 sous les burqas, c’est avéré », a-t-il soutenu.

La situation européenne


Jean-François Lisée a avancé que 10 pays européens ont adopté des lois pour permettre aux forces de l’ordre d’exiger qu’une personne qui porte la burqa se dévoile pour des fins d’identification. Il s’est défendu de vouloir importer au Québec une situation sociale et politique européenne. « Est-ce qu’il y a contraste ou il y a un délai [entre les contextes européen et québécois] ? Parce que ces discussions-là, il n’y en avait pas en Europe il y a 15 ans, a-t-il fait observer. Ayons la discussion. N’attendons pas que ça devienne tellement banalisé que ce serait plus compliqué d’intervenir. »

En tant que premier ministre, Jean-François Lisée lancerait d’autres « discussions », notamment sur le port de signes religieux ou autres à la garderie et à l’école primaire. Il veut aussi régler le problème des écoles religieuses illégales. « Le droit absolu des enfants au savoir, c’est un principe qui, pour moi, est cardinal », a-t-il dit. Les pédagogues font observer que les symboles que porte une figure d’autorité à l’école finissent par être associés à l’autorité, a-t-il souligné. « S’il [l’enseignant] avait une casquette de Greenpeace tout le temps, bien, on dirait : c’est l’autorité. Ayons cette discussion avec les pédagogues. »

Jean-François reconnaît toutefois, comme il y a deux ans, les « conséquences négatives » qu’a eues sur le PQ le débat sur la Charte des valeurs. « Je vois les traces que ç’a laissées dans des communautés, pas toutes, et chez la jeunesse. » Mais il a nuancé la sortie qu’il faisait alors. « J’ai dit qu’il ne fallait pas tenter de revenir à l'interdiction globale des signes religieux dans la fonction publique. » Le candidat propose aujourd’hui que l’administration publique n’exprime qu’une préférence pour l’absence de signes religieux, préférence étatique à laquelle l’employé aura le choix de se conformer ou non.

À ses yeux, la Charte des valeurs n’explique en rien l’amère défaite du PQ en 2014 ; c’est plutôt la crainte de la tenue d’un référendum, principalement, qui a poussé nombre d’électeurs péquistes à rester chez eux, a-t-il analysé.
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