Lisée invite les autres chefs de parti à faire front commun sur l'ALENA

Dec66ea8c8439ec2029927d53f0e6ccf

« Il y a des moments où l’intérêt de la nation est plus important que la politique, et cela en est un. »

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a lancé l'idée d'une déclaration commune des quatre chefs de parti pour défendre la gestion de l'offre et l'exception culturelle dans un Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) renégocié. Sa proposition a reçu une fin de non-recevoir de la part du premier ministre sortant.


Jean-François Lisée a invité ses adversaires de la présente campagne électorale à faire une démonstration d'unité en parlant d'une seule et même voix. Il souhaite que l'Assemblée nationale pose des conditions à la ratification du nouvel ALENA.


Il affirme qu'il a envoyé une proposition de texte à Philippe Couillard, chef du Parti libéral, François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, et Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, qui pourra faire l'objet de discussions, afin que les partis s'entendent sur une version finale qui serait alors rendue publique lors d'une conférence de presse conjointe.


En point de presse à Québec, mardi, François Legault a déclaré qu'il était « ouvert » à la proposition du chef péquiste.


Par contre, Philippe Couillard n’est « pas intéressé » par une telle déclaration commune sur l’ALENA. « Je ferai mes propres communications », a-t-il dit en point de presse à Rivière-du-Loup.


L'intérêt de la nation


Devant le refus du chef libéral, Jean-François Lisée lui a d'abord demandé de prendre connaissance du document en question avant de refuser sa main tendue.



Je lui demanderais d’abord d’avoir la courtoisie de lire la lettre qu’il va recevoir […] avant de prendre une décision aussi lourde de sens.


Jean-François Lisée, chef du PQ


Le chef péquiste croit que c’est maintenant au tour de M. Couillard de se lever pour le bien des Québécois.


« Il y a des moments où l’intérêt de la nation est plus important que la politique, et cela en est un. […] Je pense qu’il doit penser à l’intérêt de la nation québécoise avant son intérêt partisan. Moi, je lui donne une seconde chance », a-t-il insisté.


Inquiétude face à Ottawa


La déclaration commune stipulerait que « l'Assemblée nationale ne ratifiera aucun accord qui ferait reculer la culture ou l'agriculture au Québec » et aurait « un libellé qui ne permet aucune échappatoire », a précisé Jean-François Lisée.



C'est le message le plus puissant qu'on puisse envoyer à Ottawa et à Washington. Quatre chefs politiques en campagne électorale s'unissant pour défendre la culture et l'agriculture du Québec.


Jean-François Lisée, chef du PQ


Le chef du PQ, qui a fait cette proposition en point de presse mardi à Québec, s’inquiète des prochains développements dans la renégociation de l’ALENA, car, dans le passé, « le Canada a lâché le Québec ».


Il cite en exemple l’entente de libre-échange avec l’Europe et, par la suite, l’entente de Partenariat transpacifique, où, souligne-t-il, l’industrie laitière québécoise a été défavorisée au profit du bœuf de l’Ouest canadien.


« Ces deux décisions ont fait en sorte que l’industrie laitière québécoise perd 400 millions par année, cela fait 30 000 $ par ferme », a-t-il dénoncé.


Position de faiblesse


Jean-François Lisée estime que cette réalité a été rendue possible parce qu’il y a « un maillon faible dans la chaîne de négociation » qui, selon lui, est « représenté d’abord par Philippe Couillard ».


« Philippe Couillard a accepté de ratifier le premier accord [avec l’Europe] sans s’assurer d’une juste compensation par le gouvernement fédéral avec les applaudissements de François Legault. […] Nous, au Parti québécois, on a toujours dit qu’il ne fallait pas ratifier ces accords tant qu’on n’était pas pleinement satisfaits de la compensation fédérale », a-t-il déclaré.


Jean-François Lisée considère qu’il faut « rétablir le rapport de force du Québec dans ces journées cruciales » de renégociation de l’ALENA et que « l’absence d’unité politique des Québécois pour la défense » de leurs intérêts nuit à leur protection.


« C’est le moment de montrer qu’on est transpartisans. C’est le moment de dire qu’on est unis. Je rappelle la position de faiblesse dans laquelle on est à cause de déclarations passées et d’actions de M. Couillard et M. Legault. […] Je leur offre cette occasion de montrer, de rétablir leur crédibilité et, ce faisant, de rétablir la crédibilité du Québec face à Ottawa et à Washington », a affirmé M. Lisée.