«Liés aux banques» : les propos de Mahmoud Abbas sur les juifs et le génocide suscitent un tollé

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Abbas met les pieds dans le plat

Israël, l'ONU et l'Union européenne ont condamné des propos tenus par le président palestinien Mahmoud Abbas. Ce dernier estimait que le génocide des juifs européens n'était pas lié à l'antisémitisme mais à leurs liens supposés avec les banques.


Ce mercredi 2 mai, le président palestinien Mahmoud Abbas a fait l'objet de vives critiques, presque unanimes, après des propos considérés comme antisémites par les Etats-Unis, Israël, les Européens ou encore l'ONU. Deux jours plus tôt, il avait en effet suggéré, devant le parlement de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en présence de journalistes, à Ramallah, en Cisjordanie, que le génocide des juifs d'Europe lors de la Seconde guerre mondiale n'était pas le fruit de l'antisémitisme mais du poids de cette communauté, notamment dans le secteur bancaire. 


«Du XIe siècle jusqu'à l'Holocauste qui s'est produit en Allemagne, les juifs vivant en Europe de l'ouest et de l'est ont été la cible de massacres tous les 10 ou 15 ans. Mais pourquoi est-ce arrivé ? Ils disent: "Parce que nous sommes juifs !"», a déclaré Mahmoud Abbas. Mais, selon lui, l'explication serait à chercher ailleurs. Il a ainsi cité trois «livres écrits par des juifs» comme preuves supposées du fait que «l'hostilité contre les juifs n'est pas due à leur religion, mais plutôt à leur fonction sociale», en précisant qu'il voulait dire par là «leurs fonctions sociales liées aux banques et aux intérêts».


En Israël, les réactions ont été immédiates, alors que les relations entre le gouvernement israélien et les dirigeants palestiniens sont déjà très tendues. «Apparemment, un négationniste reste un négationniste», a commenté le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur Twitter. «Il est temps qu'il disparaisse», a-t-il ajouté. Pour l'ambassadeur américain en Israël, David Friedman, juif lui-même, Mahmoud Abbas serait «tombé plus bas que jamais». «L'antisémitisme d'Abou Mazen [surnom de M. Abbas] n'a rien à envier à celui de Goebbels», a pour sa part estimé le ministre de la le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan.  


Le président palestinien répéterait «certaines des insultes antisémites les plus méprisantes», selon l'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient Nikolaï Mladenov. Il a qualifié les propos de Mahmoud Abbas de «théories du complot». L'Union européenne, de son côté, a fustigé des propos «inacceptables». L'UE et l'envoyé de l'ONU ont tous deux précisé que les propos de Mahmoud Abbas desservaient la cause d'un Etat indépendant auquel aspirent les Palestiniens, alors que le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens est au point mort depuis 2014 et que les espoirs de règlement du conflit s'amenuisent.



Je ne dis pas qu’Israël doit être délogé : Israël existe



Saëb Erakat, haut dignitaire palestinien, s'est dit «choqué» de ce concert de condamnations internationales. Il l'a qualifié d'«attaque orchestrée par Israël dans le monde pour accuser le président Abbas d'antisémitisme». Ce dernier a déjà été critiqué par le passé pour ses propos contre les juifs. Ainsi, en 2016, il avait assuré que des rabbins auraient demandé au gouvernement d’«empoisonner l'eau pour tuer les Palestiniens». S'il avait plus tard admis avoir relayé une fausse information qu'il avait glanée dans la presse, de nombreuses voix s'étaient élevées pour dénoncer la réactivation d'anciens clichés antisémites datant du Moyen-Âge.


Dans son discours du 30 avril, Mahmoud Abbas avait toutefois nuancé ses propos sur Israël. Précisant que s'il était à ses yeux «un projet colonial destiné à implanter un corps étranger dans cette région», il a ajouté : «Mais je ne dis pas qu’Israël doit être délogé», a-t-il précisé selon des propos rapportés par l’agence Wafa. «Israël existe et tout ce que je veux, c’est un Etat, pour que nous puissions tous ensemble vivre en paix», a-t-il ajouté.