Indépendance du Québec

Lettre ouverte aux candidats à la direction du PQ

Un défi à la taille de la « cause »

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Tribune libre

D’entrée de jeu, je commencerai par cette citation fort pertinente d’Antoine de Saint-Exupéry dans un contexte où les souverainistes deviennent de plus en plus une denrée rare par les temps qui courent, toutes catégories d’âges confondues : « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose... Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. »


Si vous souhaitez, messieurs les candidats, que le Québec obtienne son indépendance, faites naître dans le cœur des Québécoises et des Québécois le désir de l’indépendance, un désir qui, il faut bien l’admettre, s’est émoussé à travers des années de vache maigre pendant lesquelles l’indépendance du Québec a été plus souvent qu’à son tour reléguée honteusement sur les tablettes de l’oubli.


En postulant pour devenir chef du PQ, vous devez prendre conscience de toute la lourdeur de la tâche qui vous attend. Le mouvement souverainiste est à plat. Les jeunes n’en ont rien à cirer. Les rares militants qui ont passé à travers les tempêtes sont démobilisés. Enfin, la protection de l’environnement demeure la priorité des priorités pour une grande majorité des Québécois.


Face à ces constats pour le moins déstabilisants, quelle sera votre stratégie pour remettre l’indépendance sur les rails? En d’autres mots, comment vous prendrez-vous pour faire « naître dans le cœur des Québécoises et des Québécois le désir de l’indépendance »? Espérons que vous avez déjà envisagé des stratégies pour y parvenir, à défaut de quoi vous aurez carrément raté la cible…


C’est Lionel Groulx qui disait : « Le terme « indépendance » fait trembler les esprits foncièrement colonisés. »  Eh bien, vous devez savoir que ces « esprits foncièrement colonisés » sont légions dans notre Québec qui compte encore des centaines de milliers de personnes qui croient qu’ils sont « nés pour un p’tit pain »… et que l’indépendance ne fera que contribuer à les appauvrir davantage.


Vous avez fait le choix, en devenant candidat au poste de chef de PQ, de redorer le blason de l’indépendance du Québec, de ragaillardir ces hommes et ces femmes qui se sont résolus, pour plusieurs d’entre eux, à vivre le reste de leur vie dans un pays nommé le Canada.


Vous avez fait le choix, en devenant candidat au poste de chef de PQ, de redonner à l’indépendance du Québec ses lettres de noblesse disparues en fumée depuis la défaite amère du référendum de 1995, et de redonner vie à ce « champ de ruines », tel que si bien  qualifié par Jacques Parizeau… En bref, un défi à la taille de la « cause »!


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2090 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • François Ricard Répondre

    9 juillet 2020

    C’est la langue qui fait l’âme d’un peuple, l’homme, le pays… et la littérature en est son expression.Et ici, notre littérature est foncièrement conservatrice.Le conservatisme fait partie des gènes du Canayens, du Canayens-Français, du Québécois. Le conservatisme est la source et la raison de la survie du français ici. Mais ce n’est pas un conservatisme figé. Il change. Il évolue. À preuve, la Révolution tranquille.Les indépendantistes doivent tenir compte de ce conservatisme caractéristique de la population nationale québécoise et recourir à l’évolution plutôt que la révolution. Se rendre à l’indépendance pas à pas, geste par geste, gain par gain.Plus l’État québécois sera libre plus il voudra de liberté.