Lettre ouverte à Monsieur Jean Charest (Premier ministre du Québec)

Tribune libre

14 décembre 2009
Monsieur le Premier ministre du Québec,
Monsieur Charest, en vous présentant sous la bannière du Parti progressiste conservateur du Canada (PPC) en 1984 jusqu’à 1993, vous avez pu accomplir au niveau fédéral un cheminement politique presque sans faille. Même votre démission comme ministre en 1990, après vous être adressé à un juge de manière inappropriée, fut un geste politique « payant » qui confirmait quelques mois plus tard votre retour à de plus hautes fonctions politiques comme le requiert le pouvoir centraliste d’Ottawa de ceux qui seront prêts à le servir de manière indéfectible, tel que vous le prouvez en trahissant l’allégeance prêtée depuis que vous êtes premier ministre du Québec. Or, contrairement à cette allégeance, le mandat qui vous a été délégué, vous l’employez au service des intérêts oligarchiques pro-fédéralistes et contre ceux des Canadiens français.
Cela explique pourquoi, dès 1993 jusqu’au référendum volé de 1995, vous avez exercé la fonction stratégique de transfuge politique pour devenir le valet de ce même pouvoir centraliste et de ces groupes qui considèrent les consignes dictées par le Club Bilderberg comme étant des directives à appliquer, sans égard, là où leurs intérêts sont menacés. À partir de 1998 jusqu’à 2003, votre démarche politique ne fut que parfaite afin de jouer efficacement le rôle de premier ministre du Québec, tel que le pouvoir centraliste d’Ottawa et leurs garants québécois veulent qu’il soit exercé : une suprême autorité au Québec qui, depuis 1867, doit travailler au service du fédéralisme cherchant à anéantir les plus précieux atouts de la nation canadienne-française tels la langue, la culture, l’humanisme qui se retrouve dans sa trajectoire démocratique et le travail accompli depuis plus de quatre siècles. En définitive, Il s’agit de la destruction de sa raison d’être comme peuple distinct dans cette mer anglo-allophone sustentée par le phénomène du multiculturalisme, lequel vous soutient au pouvoir, vous rendant le parfait Lieutenant Governor of Quebec tel qu’imposé par l’actuelle Constitution colonialiste envers ce même peuple et que, Monsieur le Premier ministre, vous vous prêtez si servilement en raison de vos futures et bâtardes ambitions politiques.
Considérant ces précédents, Monsieur le premier ministre du Québec, Il faut vous rappeler que depuis le premier jour où vous avez pris le pouvoir, au printemps 2003, obnubilé par le succès et surpassé par votre propre ego, vous et votre groupe de mercenaires de la politique, des finances publiques spéculatives et de pillages des ressources fiscales et naturelles, l’État québécois est devenu une sorte de caverne d’« Ali Baba et ses Quarante voleurs ». Vous devez vous remémorer, car vous semblez « l’avoir oublié », que le libéralisme politique appliqué par vos prédécesseurs premiers ministres à la tête du PLQ et des gouvernements du Québec, était conditionné de manière fidèle et patriote à la défense des intérêts du Québec avant ceux du pouvoir centraliste et arbitraire d’Ottawa.
Monsieur le Premier ministre du Québec, il faut aussi vous rappeler qu’à partir de votre ascension au pouvoir en 2003, vous avez placé dans la haute administration publique du Québec plusieurs de ces mercenaires , tel Claude Garcia qui fut nommé en 2004 au poste de président du comité de vérification de la CDPQ jusqu’à 2008, alors que cet organisme, responsable de la gestion des fonds de retraite publics québécois, avait enregistré une perte de 40 000 millions de dollars. L’« escroquerie » financière la plus importante commise auprès d’une institution financière dans histoire du Canada. Un autre de ces mercenaires est Clément Gignac, celui que la chef du PQ avait qualifié de traître pour avoir travaillé dans les bureaux à Ottawa, au projet cher au gouvernement conservateur de Stephen Harper de créer une commission pancanadienne des valeurs mobilières et qui, depuis juin 2009, est récompensé en devenant votre Ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. Et que dire de Michael Sabia, cet autre prétorien de votre pouvoir népotique, qui fut nommé président de la CDPQ après un processus de sélection réduit à sa plus simple expression et dont l’équipe de cet autre mercenaire des finances n’est pas parvenue à dissiper le climat de méfiance envers la nouvelle gestion, en raison des départs d’employés hautement qualifiés de cette société publique de financement.
Quant à la nomination de Daniel Gagnier, cet autre bureaucrate de la politique nommé chef de votre cabinet politique, qui avait auparavant occupé plusieurs hautes responsabilités au sein des gouvernements du Canada, de l’Ontario et de la Saskatchewan, avait déclaré « …que durant ses deux ans au service de M. Charest il avait organisé son bureau de manière à ce que le premier ministre puisse donner sa pleine mesure ». Effectivement, Monsieur le Premier ministre du Québec, la pleine mesure que vous appliquez depuis 2003 avec l’aide de mercenaires de la politique, de traîtres et de groupes d’intérêts qui se servent de la corruption en système pour prendre en otage le pouvoir que vous leur laissez prendre, n’est nulle autre que le démantèlement de l’État québécois et de ses institutions financières et économiques dont les Canadiens français se sont dotés, de par leur travail acharné incommensurable, une abnégation infinie et une démarche démocratique exemplaire qui se transmettent de père en fils depuis l’arrivée au Québec des premiers ascendants.
Malheureusement pour les souverainistes, Monsieur Charest, les élections du 26 mars 2007 vous permettaient de reprendre le pouvoir en raison de bavures inconcevables, d’actes irresponsables, et d’un manque de sensibilité historique envers son peuple, de la part du candidat du PQ, André Boisclair, à qui l’on prévoyait être le gagnant de ces élections selon tous les sondages publiés quelques semaines avant le scrutin. Monsieur le Premier ministre du Québec, en raison de cette campagne menée par Boisclair et mal acceptée par la majorité des Canadiens français, vous aviez pu reprendre le pouvoir par seulement 33% de votes donnant le premier gouvernement minoritaire de l’histoire du Québec, avec l’insignifiant 1/5 de ces votes procédant des Canadiens français. Mais Monsieur Charest, comme bon stratège du maraudage de l’action politique qui accompagne toujours le népotisme en système, vous nommez André Boisclair membre du conseil d'administration de la Régie des installations olympiques (RIO) suivant les conseils machiavéliques de John Parisella. Celui-ci, l’un des manitous de la politique canadienne est aussi l’un de vos conseillers personnels que récemment vous avez nommé délégué général du Québec à New York, le même qui a recruté l’ancien chef du PQ pour enseigner à l'université anglophone Concordia parce qu’il « … pense qu'André Boisclair a beaucoup d'exemples concrets à donner aux étudiants baccalauréat en relations publiques en raison de son expérience de gestion de crise ».
La corruption en système conduit à la séquestration du pouvoir politique
Monsieur le Premier ministre du Québec, de cette démarche politique que vous continuez à appliquer depuis la reprise du pouvoir en décembre 2008 contre les Canadiens français en raison de la désaffection qu’ils vous portent, du népotisme, des mensonges systémiques et de la permissivité que vous démontrez envers la corruption dans le secteur de la construction en refusant une enquête publique telle que demandée par les partis politiques et plusieurs organismes parapubliques et privés, il s’ensuit que vos attitudes employées dans l’exercice du pouvoir sont destinées à démanteler l’État québécois. Il est évident que ces attitudes sont prises en tenant compte des faits et répercutions suivantes :
● La politique se débat dans l'opposition entre équité et privilège. Quand le pouvoir constituant fait passer le privilège avant le mouvement constitutif du travail collectif de la société, et que ce même pouvoir méprise l'équité comme droit inaliénable, la corruption émerge. La liberté peut seulement avoir lieu entre des sujets égaux, et la nature de l'équité produit une force sociale face au privilège du pouvoir politique.
● Une autre opposition sur laquelle pivote le dualisme entre politique et société est celle de la coopération face au pouvoir. La coopération est la somme de la créativité de multitude de singularités favorisant l'innovation et le développement de la société face à l'abstraction, l'aliénation, l'expropriation et la séquestration de la créativité qui établissent le pouvoir constitué dans un État non démocratique.
● Le pouvoir politique tend à pervertir la société, de manière à ce que l’autorité précède la coopération, et cela laisse le chemin libre au phénomène de la corruption. La coopération est l'articulation par laquelle toutes les singularités qui enrichissent la société produisent le nouveau, ce qui développe, innove et crée la richesse globale. Aujourd'hui la démocratie formelle n'est pas suffisante puisque n’importe quelle démocratie qui ne matérialise pas la coopération comme trame de la relation entre le pouvoir politique, la société et le développement, sera une fausse démocratie.
● Ce qui définit notre société ne consiste pas en ce qu'il y a beaucoup de problèmes non résolus, sinon la croyance à ce qu'il n'y a pas de solution, prétextant qu’il faut se conformer à une politique contrôlée par l'économisme financier, lequel n'est pas étranger à la corruption comme expression du nihilisme politique. Le citoyen qui pense seulement en termes économiques cesse de penser aux questions idéologiques, réduisant ainsi le champ des valeurs éthiques à la neutralité de l'argent comme seul sujet de vie.
● L’administration de l’État exige, aujourd'hui plus que jamais, une éthique de l'équité, de la justice et de l'honnêteté. Les règles du jeu politique depuis son origine exigent surement un changement qui serait celui de la nécessité d’ordonner la société pour la rendre plus responsable de ses choix politiques.
● La corruption déshumanise celui qui corrompt et celui qui se laisse corrompre. Le corrompu vit entre nous, n'ayant pas un visage de pervers, il est de plus respecté et valorisé socialement, ce qui l’incite à se comporter avec un naturel terrifiant.
La démission est l’unique solution à votre gouvernement erratique
Pour tout cela, Monsieur le Premier ministre du Québec, quand l'esprit et l'éthique sont mis de côté, le comportement pervers s'accroît, le cœur se corrode et le sentiment se dissipe.
Cette lettre qui vous est adressée en tant que Premier ministre du Québec, l’est aussi en tant que responsable du PLQ. À cet effet, permettez-moi de vous dire, Monsieur Charest, que le fait de savoir que la corruption en système, dans n'importe quel parti politique qui s'éternise dans le pouvoir, est comme un labyrinthe dans lequel toutes les sorties possibles à cette malversation institutionnalisée se ferment, à l’exception d’une seule : celle qui conduit à l'abîme politique du parti et à la ruine du peuple trahi en raison de cette perversion politique.
Considérant ce contexte de dérive politique et de corruption institutionnalisée, il ne me reste qu’à vous rapporter ce que disait Georges Bernanos : « Ce qui rend la corruption, ou même la simple médiocrité des élites, si funeste, c'est la solidarité qui lie entre eux tous leurs membres, corrompus ou non corrompus, dans la défense du prestige commun ». Ce qui se fait au Québec sous votre autorité politique.
Pour terminer, il convient d’ajouter qu’en conséquence de tous ces précédents de népotisme, mensonges, trahison et de libre arbitre lié au phénomène de la corruption dans l’exercice de vos responsabilités que vous ne voyez qu’étant du prestige politique et personnel pour bien servir le pouvoir centraliste d’Ottawa, aux dépens de l’État québécois pour lequel vous avez été mandaté, je vous demande, Monsieur le Premier ministre du Québec, d’avoir le courage de démissionner pour en finir avec votre gouvernement erratique qui nous conduit au réductionnisme identitaire des Canadiens français. Réductionnisme qui implique d’autre part des mesures arbitraires dans les cours d’ECR, afin que le phénomène du multiculturalisme soit la voie antinationaliste et antidémocratique car il s’inscrit dans une stratégie d’endoctrinement de la jeunesse, permettant ainsi l’imposition de cette mesure raciste. En somme, tout cela amène à la fragmentation sociale et à la ruine de la nation canadienne-française.
Sans plus, espérant que cette lettre soit un apport de plus aux autres demandes de votre démission.
Jean-Louis Pérez


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 décembre 2009

    M. Perez,
    Vous excellez dans le rôle de gérant d'estrade, M. Camil Bouchard vient de libérer son siège, faites-vous élire dans sa circonscription et vous pourrez, les yeux dans les yeux, vous vider le coeur, face à M. Charest. M. Bouchard n'aime pas le rôle de "critiqueux", mais vous, ce serait votre tasse de thé.
    Pour M. Gignac, c'était un ami personnel de Mme Marois et elle désirait qu'il se joigne au PQ, mais quand il a choisi le Parti libéral, il est devenu un renégat. Au PQ, elle l'aurait encensé et vous aussi.
    Vous reniez aussi André Boisclair qui était sur la voie pour sortir le PQ du Moyen-Âge et le réaligner avec l'esprit de René Lévesque. Il avait la candeur de la jeunesse et croyait qu'il pouvait faire confiance à l'intelligence des gens, mais il avait surestimé le pourcentage de gens intelligents. De toutes façons, avec 13 000 voix supplémentaires en 2008, Mme Marois ne peut pas pavoiser.
    D. Daviau

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2009

    M. Pérez,
    Voilà une analyse représentative du personnage dans le rôle (acteur sur la scène canadienne) de PM des québécois. Un texte bien structuré et facile à lire que les lecteurs retiendront facilement.
    Permettez-moi de suggérer aux lecteurs de Vigile de fournir le lien de votre article à tous leurs contacts, il faut battre le fer lorsqu’il est chaud.
    Je demande aussi à M. Jean-François Lisée, après avoir lu et relu cet article, s’il ne serait pas opportun de revoir le qualificatif qu’il a épinglé à notre PM, le représentant des Québécois à l’étranger. Merci ! A Forgues, Lévis

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2009

    Monsieur Perez,
    J'ai bien aimé la lecture de votre texte qui décrit très bien le chemin de ce POLITICIEN
    opportuniste et dénué de tout respect pour le peuple québécois. Ses jours sont comptés et je ne serais pas surpris d'apprendre qu'il lui est arrivé le même sort que Berlusconi en Italie ce dernier week end. Ce politicien vendu travaille pour la minorité CANADIAN du West Island et c'est un collabo d'Ottawa qui tente par tous les moyens de détruire le peuple québécois. Comme vous l'expliquez très bien dans votre texte, il a placé ses hommes de main, ses pions dirais-je plutôt, aux endroits stratégiques de l'économie québécoise pour démolir nos acquis de la révolution tranquille et nous affaiblir économiquement. Il faut l'avoir continuellement à l'oeil! Demain, je vais suggérer votre texte à tous les ministres du PLQ à Québec. Excellent texte!
    André Gignac le 14-12-09
    PS: Aucun lien avec le mercenaire Gignac
    que vous mentionnez dans votre texte.