Lettre à Sam Hamad

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La démission ou l'humiliation





Monsieur Hamad,


Nous nous connaissons légèrement, car nous avons siégé à l’Assemblée nationale du Québec entre 2012 et 2014, alors que vous en étiez à votre seul passage du côté de l’opposition. On s’est côtoyé à quelques reprises dans les corridors de l’hôtel du parlement et lors de commissions parlementaires. On ne se connait pas vraiment sur le plan personnel, mais j'ai néanmoins ressenti le besoin de vous écrire pour vous partager ma réflexion.


Il y a presque 14 ans, vous étiez élu député de Louis-Hébert, quittant un poste prestigieux que vous occupiez au sein de la firme de génie-conseil Roche. Dès le départ, Jean Charest vous a nommé ministre et vous a démis de vos fonctions pour quelques erreurs aux ressources naturelles.


Votre réélection en 2007 vous a permis de retrouver dans les bonnes grâces de votre chef, car vous êtes revenu au conseil des ministres. Vous avez toujours eu par la suite de très belles promotions, obtenant même le précieux poste de président du Conseil du trésor. Tout allait bien pour vous.


Cependant, votre carrière politique a basculé le 31 mars 2016, un jeudi soir,  lorsque Radio-Canada a diffusé un reportage à l’émission enquête. On vous a associé à Marc-Yvan Côté, ce dernier vous demandant de favoriser l’obtention d’une subvention pour une entreprise du bas Saint-Laurent. On a mis en lumière les dons en argent faits à votre caisse électorale par les dirigeants de cette entreprise; après tout, les objectifs de financement étaient très élevés au PLQ à cette époque, n'est-ce pas ? Le mal était fait et tout a déboulé très vite : une crise ingérée par les communications de votre parti, votre démission du conseil des ministres et un blâme du commissaire à l’éthique et à la déontologie.


Que faire alors ?


Lors du remaniement de l’automne, le premier ministre vous a délibérément ignoré, et ce malgré l’appui fort du maire de Québec qui souhaitait votre retour. Je ne veux pas prendre la décision à votre place, mais le récent sondage qu'envisageait diffuser votre parti devrait vous laisser songeur. En effet, on y demande aux membres du PLQ de vous juger. Si j’étais vous, je serais très insulté. 


Vous devez bien vous douter, à 20 mois d’une élection générale, qu'il est peu probable que M. Couillard vous redonnera vos lettres de noblesse. Les Québécois se sont prononcés très majoritairement contre votre retour au sein du cabinet. Ce gouvernement devra laver plus blanc que blanc d’ici le scrutin de 2018. Votre nomination constituerait une distraction  pour le gouvernement, car elle ouvrirait la porte à de nombreuses critiques que sauraient exploiter les oppositions en chambre. Ne le prenez pas personnel, vous feriez la même chose si vous étiez à leur place.


Vous avez donc deux choix qui s’offrent à vous, Monsieur Hamad. Soit démissionner avant le remaniement ministériel qui sera annoncé d’ici les prochaines semaines ou risquer de vivre, pour une deuxième fois, l’humiliation d’être mis à l’écart. Sur ce, je vous souhaite une bonne réflexion. 




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