Les scandales Facebook et l’indignation

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C'est aux États à nationaliser les réseaux sociaux pour en faire un service public


Les scandales choquent les citoyens. Normal. On déteste se faire avoir, se faire arnaquer de l’argent, voir nos impôts détournés, ou se faire mentir en pleine face. Je suis néanmoins forcé de constater que l’indignation citoyenne est à géométrie variable et que certaines compagnies semblent immunisées.


Cette semaine seulement, Facebook a mis dans ses états financiers une provision de 3 milliards $ parce que la compagnie s’attend à payer une amende de cette envergure pour sa gestion plus que défaillante des données personnelles des usagers. En fait, le géant s’attend à ce que ce dossier lui coûte de 3 à 5 milliards de dollars US $ !


Pour être frappé d’une pénalité d’une telle ampleur, il faut à la fois que la négligence soit grossière, les mauvaises intentions patentes et les conséquences lourdes. Pour donner une comparaison, la compagnie brésilienne Odebrecht a payé une amende de 2,6 milliards $ pour un scandale de pots-de-vin qui a touché 12 pays et qui fut qualifié de plus grand cas de corruption de l’histoire.


Canada


Au Canada, pas plus tard qu’hier, le commissaire à la vie privée n’a pas hésité à condamner Facebook pour avoir commis de « graves violations » des lois canadiennes. Le commissaire reproche de surcroît à la multinationale un total refus d’assumer ses responsabilités dans les scandales de non-respect de la vie privée.


En résumé, Facebook est un mauvais garnement, une entreprise qui se fout pas mal des lois et de ses clients, pour mieux imprimer de l’argent. Voilà qui ressemble au genre de comportements qu’on a reprochés aux entreprises attrapées dans d’autres scandales de corruption.


Les entreprises qui ont participé à des épisodes de corruption dans des secteurs comme la construction n’ont pas la vie facile dans l’œil du public. Parlez-en aux actuels dirigeants de SNC-Lavalin.


On les méprise, on souhaite qu’elles soient punies, on appelle les tribunes radiophoniques pour les conspuer. Plus loin encore, on voudra mettre dehors le gouvernement qui a joué dans ce film et octroyé des contrats entachés. Cette colère citoyenne est normale. Le contribuable paye des taxes élevées. Il ne peut pas accepter qu’on lui en arrache une tranche de plus pour payer des profits indus à des compagnies qui surchargent leurs travaux parce qu’ils ont truqué le processus d’attribution des contrats.


Pardon ou aveuglement ?


Et Facebook alors ? Une firme de génie ou de construction vous coûtera quelques dollars d’impôts en trop, en raison des prix gonflés de certains projets. Choquant, mais rien pour gâcher votre vie. Par contre Facebook, vous lui confiez tout.


Les autres délinquants, le citoyen moyen les fuit et les conspue. Mais le délinquant Facebook, ce même citoyen lui confie ses photos et celles de ses enfants, des dates de naissance, ses choix de magasinage et ses lieux de vacances. Sans parler d’information sur sa santé personnelle et ses penchants politiques. Des informations bien privées, mais qui valent une fortune si on les vend.


Et ce texte sera partagé sur Facebook. Que veux-tu ?