Les ronds de cuir du pouvoir

Tribune libre

Quand Jacques Parizeau est devenu premier ministre en 1994, il n'est pas arrivé en parachute. Depuis Mathusalem, il se promenait de Cegeps en cuisines, pour parler de la passion de sa vie, faire d'une province isolée un pays. Masaryk des temps modernes, Monsieur Parizeau ne s'est pas contenté de se présenter aux Québécois la veille de l'élection en sortant de sa poche l'article 1 du programme de son parti. Depuis des années, il parlait à des milliers de citoyens, jeunes et moins jeunes, convaincus et opposants, de la justesse de la cause qui l'animait. La veille de l'élection, il avait à ses cotés des milliers de ses concitoyens politisés, sensibles à des arguments que nous jugerons évidents et irréfutables. Il ne pouvait pas avoir peur de parler de souveraineté, parce qu'il en était devenu le symbole.
Aujourd'hui, parlez à un citoyen de 25 ou 30 ans. Il vous dira sans doute, comme cet étudiant québécois rencontré à Nice, qu'il ne se souvient pas de la marche d'amour des Canadiens à la veille du référendum, ni des milliards des commandites, ni des dépenses électorales non comptabilisées parce qu'elles venaient des autres provinces ; qu'il ne se souvient pas plus des Commissions régionales, merveilleux exercice démocratique durant lesquels des agents fédéraux armés d'ordinateurs relevaient systématiquement les partisans du oui pour un profilage éventuel. ll ne se souvient plus de tout cela...parce que depuis des années, le PQ a chaussé ses pantoufles et craint la route.
Ce que nous dit M.Parizeau modestement, c'est qu'il faut travailler, prendre de la peine comme le chantait La Fontaine, construire le pays dans notre tête et dans nos actes pour entraîner nos amis et nos concitoyens dans ce qui pourrait être la plus merveilleuse fête démocratique en Amérique du Nord. Et quand Monsieur Parizeau nous dit encore aujourd'hui qu'il a connu l'échec, je ne peux que lui redire non, que les Québécois auraient pu tirer avec lui un peu plus fort sur la corde et des proches un peu moins fort sur lui : it takes two to tango.


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