Les risques de fermer Gentilly-2

Actualité québécoise



Jean-Guy Dalpé - L'auteur est ingénieur.

Dans une entrevue accordée récemment à Sophie Cousineau de La Presse, le ministre des Finances, Raymond Bachand, mentionne que le débat sur la réfection de la centrale Gentilly-2 reste à faire. Serait-ce avant, pendant ou après la prochaine campagne électorale? Comment se fera ce débat sur ce sujet tabou s'il en est un et qui y participera? Tous les paramètres restent à définir.
Si jamais l'on décidait de fermer notre seule centrale nucléaire, le Québec risque de perdre beaucoup plus que l'on peut penser au-delà des retombées économiques, surtout régionales, et de la part d'environ 3 % de la production d'électricité au Canada. Tout exploitant de centrale nucléaire fait partie d'un réseau national et international dont la règle d'or est le partage de l'information. Ce réseau permet de bénéficier d'un retour d'expérience qui assure une exploitation de plus en plus sûre des centrales partout dans le monde.
Avec ses 22 centrales, dont 20 sont en exploitation, le Canada a déjà acquis l'équivalent d'un demi-millénaire d'expérience en exploitation de centrales nucléaires CANDU. Avec sa seule centrale, le Québec a, d'une part, contribué de façon notoire à l'accroissement des connaissances dans le milieu nucléaire tant du côté de la technique que de la gestion et, d'autre part, bénéficié grandement du retour d'expérience des autres propriétaires de centrales.
De plus, on ne doit pas perdre de vue que la force de notre réseau électrique aujourd'hui pourrait bien devenir son point faible dans l'avenir. En effet, non seulement notre portefeuille de production est à toutes fins utiles exclusivement centré sur la filière hydraulique, mais les installations de production sont très éloignées des centres de consommation, ce qui en fait un réseau vulnérable aux intempéries, de plus en plus fréquentes, et dont la stabilité constitue un élément préoccupant. L'apport de l'éolien viendra certainement diversifier le portefeuille énergétique sous l'angle de la puissance installée (nombre de mégawatts), mais la production éolienne demeurera longtemps marginale et coûteuse.
Enfin, toute technologie évolue : on n'utilise pas aujourd'hui les mêmes types d'avions qu'il y a 50 ans, comme on ne conduit pas le même genre d'automobiles qu'autrefois. L'industrie nucléaire ne fait pas exception. L'expérience acquise est mise à profit pour développer de nouvelles générations de réacteurs, encore plus sûrs et générant moins de déchets.
Nul doute que la centrale Gentilly-2 fermera - dans un an... ou dans trente! Si la seconde option est retenue, cette centrale aura contribué à maintenir notre expertise et à accroître encore plus notre niveau de connaissance et, enfin, elle nous aura permis de participer activement au développement de nouvelles technologies qui pourraient se révéler essentielles au maintien de notre niveau de vie. Le Québec doit absolument garder un regard sur le monde nucléaire tout en continuant de s'impliquer comme il le fait depuis 50 ans.


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