Les Palestiniens annoncent un cessez-le-feu à Gaza après le plus grave accès de violence depuis 2014

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Pas de surprise : la supériorité militaire israélienne confirmée une fois de plus



Gaza | Les Palestiniens ont accepté dans la nuit de dimanche à lundi un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, ont indiqué trois responsables égyptien et palestiniens après un grave accès de violences de deux jours qui a réveillé le spectre de la guerre dans l'enclave.




Aucune confirmation n'a été obtenue du côté israélien, qui se garde généralement de corroborer de telles trêves.




Mais alors qu'approchait le début du mois sacré du ramadan, les tirs de roquettes palestiniennes et les frappes de représailles israéliennes qui avaient secoué les villes israéliennes riveraines de Gaza et l'enclave elle-même depuis samedi ont effectivement cessé avant la levée du jour à l'heure du cessez-le-feu indiquée par les responsables.




Après deux jours de tensions, qui ont tué quatre personnes côté israélien et 23 Palestiniens, le voisin égyptien, intermédiaire traditionnel entre Palestiniens et Israël à Gaza, a forgé un accord de cessation des hostilités entré en vigueur à 04H30, ont dit sous couvert d'anonymat un responsable du mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza et un autre responsable du Jihad islamique, deuxième force dans le territoire et autre ennemi juré d'Israël.




Un responsable égyptien a confirmé sous le couvert de l'anonymat la conclusion d'un accord. Une porte-parole de l'armée israélienne a décliné tout commentaire.




La bande de Gaza, coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée, ainsi que les villes israéliennes voisines ont été le théâtre pendant deux jours de la plus grave flambée de violences depuis la guerre de 2014, faisant redouter un quatrième conflit entre les parties depuis 2008. Des centaines de roquettes tirées par le Hamas et le Jihad islamique se sont abattues sur Israël, qui a riposté par des centaines de frappes contre des objectifs ainsi que des combattants des deux groupes.




Cet accès de fièvre a aussi donné lieu à une vigoureuse mise en garde des États-Unis à l'adresse de l'Iran, accusé par Israël de soutenir les groupes armés de Gaza.




L'accord trouvé dans la nuit prévoit des mesures quant aux zones de pêche gazaouies en Méditerranée et une amélioration de l'approvisionnement en électricité et en combustible dans l'étroite enclave de deux millions de personnes durement éprouvée par les guerres, la pauvreté et le blocus imposé par Israël depuis plus de dix ans pour contenir le Hamas, a dit le responsable du Jihad islamique.




Quelque 690 roquettes ont été tirées depuis samedi de Gaza, dont plus de 500 ont atteint le territoire israélien, et au moins 35 sont tombées dans des zones urbaines, selon un décompte de l'armée israélienne.




L'aviation et l'artillerie israéliennes ont en retour frappé plus de 350 objectifs du Hamas et du Jihad islamique à travers la bande de Gaza, visant des combattants des groupes armés, des ateliers de fabrication de roquettes, des entrepôts d'armes, des positions et des bases militaires ainsi qu'un tunnel du Jihad islamique débouchant en Israël ou encore des immeubles abritant des bureaux du Hamas.




Sur les 19 Palestiniens tués au cours de la seule journée de dimanche, neuf ont été identifiés comme des combattants du Hamas et du Jihad islamique.




Parmi eux figure Hamad al-Khodori, 34 ans, présenté par la branche armée du Hamas comme un de ses commandants et par l'armée israélienne comme un responsable des transferts d'argent iranien à destination du Hamas et du Jihad islamique. L'armée israélienne a ouvertement revendiqué son élimination ciblée.




Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné dimanche la poursuite de "frappes massives" et l'envoi de renforts militaires autour de la bande de Gaza.




« Nous soutenons Israël à 100% dans la défense de ses citoyens », a tweeté dimanche soir le président américain Donald Trump. « Au peuple de Gaza - ces actes terroristes contre Israël ne vont vous apporter rien d'autre que davantage de souffrance. CESSEZ la violence et travaillez pour la paix - cela peut arriver! », a-t-il ajouté.




Peu après, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, annonçait le déploiement au Moyen-Orient du « porte-avions et groupe aéronaval USS Abraham Lincoln et d'une force de bombardiers » tout en précisant qu'il s'agissait d'un « message clair et indubitable » à l'Iran.




« Toute attaque contre les intérêts des États-Unis ou contre ceux de nos alliés rencontrera une force implacable », a-t-il dit dans un communiqué à l'adresse du régime iranien, sans toutefois donner davantage de détails.




Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyé, avait cependant indiqué dans une déclaration dimanche soir qu'un « retour à une accalmie (était) possible » si Israël s'engage à observer un « cessez-le-feu total ». Sans cela, on risque « plusieurs cycles de confrontation », a-t-il ajouté.




Crise chronique


La bande de Gaza est en proie depuis 2014 aux poussées de fièvre répétées, en l'absence persistante de toute reconnaissance de l'existence d'Israël par le Hamas et de tout horizon politique pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Depuis des mois, l'Egypte et l'ONU s'emploient régulièrement à éteindre les incendies.




Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres avait encore appelé dimanche à « une retenue maximale » et à une « désescalade immédiate ».




Soutenant « la médiation de l'ONU et de l'Egypte », le président français Emmanuel Macron avait fermement condamné les « tirs de Gaza » et souligné que le cycle de la violence devait « cesser ».




De son côté, le mouvement libanais du Hezbollah a condamné « avec force l'agression sioniste barbare et continue », dénonçant dans un communiqué « le silence international et arabe ».




L'escalade intervient à Gaza alors que le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, a récemment promis de dévoiler son plan de paix après la fin du ramadan, qui s'achève début juin. Ses propositions ne devraient pas faire référence à la création d'un État palestinien qui coexisterait avec Israël, formule dite à deux États pourtant au coeur de la diplomatie mondiale depuis des années.