Les nouveaux curés

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En s'attaquant aux Blancs, la gauche québécoise s'en prend de fait aux Canadiens français


Souvent, très souvent, trop souvent, je me dis que cinquante ans après nous être débarrassés des curés, la religion est de retour. Ce n’est plus celle d’hier. Les curés d’aujourd’hui ne portent plus la soutane ou le col romain. Mais ils souhaitent toujours réglementer nos vies à partir d’un catéchisme particulièrement exigeant.


Hier, les curés se réclamaient du catholicisme. Aujourd’hui, ils nous sermonnent au nom du féminisme, ou du moins, d’une certaine conception du féminisme, qui renoue avec le puritanisme. Chose certaine, les nouveaux curés semblent aussi obsédés par le sexe que les anciens.








Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.





Religion


On apprenait ainsi dans les pages du Journal, en début de semaine, que la nouvelle publicité des bières Archibald suscite la colère de certaines féministes.


Premier reproche : cette publicité serait trop « blanche ». Nous vivons dans un étrange monde, dominé par les obsédés de la race et de la couleur de la peau. On trouvait même dans l’article un universitaire pour accuser Archibald de verser dans le « suprémacisme blanc ». Comme quoi on peut être un funeste zozo incapable de maîtriser le sens des mots même dans une chaire universitaire.


Mais surtout, ces néo-féministes reprochent à la brasserie de mettre de l’avant dans ses publicités de belles jeunes femmes, désirables, sexy. Une idéologue féministe qui officie à l’université s’oppose quant à elle au « sous-entendu sexuel » qu’on trouve dans la publicité.


Il y a quelque chose de troublant dans ce puritanisme renaissant, qui cherche à classer sous le signe du sexisme les manifestations du désir des hommes pour les femmes et des femmes pour les hommes. C’est un peu comme si l’univers du désir, parce qu’il est inévitablement trouble, était sale, malpropre, condamnable.


Les nouvelles gardiennes de la morale publique scrutent les publicités et les inspectent avec un pénible esprit de sérieux. Le côté ludique de l’existence doit être proscrit. À les entendre, chaque publicité devrait se transformer en exercice pédagogique au service du néo-féminisme.


Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à une telle controverse.


En décembre 2018, par exemple, à Paris, une publicité d’Aubade aux Galeries Lafayette faisait scandale parce qu’elle affichait une jolie paire de fesses ! Problème : Aubade vend des sous-vêtements féminins. La compagnie aurait-elle dû faire la promotion de ses produits en affichant sur ses publicités un cadran, un coupe-ongles, un cerf-volant ou une clef à molette ?


Sexe


Je prends la peine de noter que cette tendance à voir du sexisme partout est occidentale. La Grande-Bretagne elle-même a adopté ces derniers mois une loi contre la « publicité sexiste ». Mais encore une fois, on bute sur le même problème : la plupart du temps, est décrété sexiste ce qui heurte les néo-féministes. C’est aussi pour cela que certaines d’entre elles veulent en finir avec les hôtesses au Tour de France.


Il faudrait chanter cette liberté des sexes de se plaire, par l’esprit, par le corps, par l’odeur. Le désir n’est pas un péché !


Il faudrait surtout cesser d’accorder de l’importance aux professionnels de l’indignation. On aurait surtout envie de leur dire : fichez-nous la paix !