Les nouveaux conquérants

Tribune libre

Nous venons de vivre une période de débats, sans précédent dans nos annales politiques, qui a mobilisé une grande partie de la société civile et qui nous a permis de nous mettre à jour sur les tenants et aboutissants de l’égalité citoyenne entre les hommes et les femmes dans notre société.
Ce débat s’est tenu dans une relative sérénité, mettant aux prises les tenants du patriarcat, de la suprématie de Dieu, d’Allah, de Jéhovah, du multiculturalisme, du gouvernement des juges à ceux qui militent pour le féminisme, l’intégration citoyenne des nouveaux arrivants, la laïcité des institutions publiques et parapubliques et la stricte séparation entre l’État et les diverses dénominations religieuses.
À raison, tous ceux et toutes celles qui militent pour le statu quo se sont ligués-es contre nos nouveaux conquérants. Et quand on parle de statu quo, les ténors du fédéralisme en connaissent un rayon à ce sujet. Les Mulcair, Trudeau, Harper, Couillard, David ont déchiré leur chemise sur la place publique pour pourfendre ce qu’ils et elle considéraient comme une atteinte insupportable aux libertés individuelles. Jugez donc! Ne pas s’affubler de signes ostentatoires religieux pendant les heures en fonction, pour les travailleurs et les travailleuses offrant des services relevant de l’État aux citoyens et aux citoyennes, devenait une hérésie.
Profitant du fait que les partis d’opposition allaient nécessairement rejeter le budget par un vote de non-confiance, le gouvernement de madame Marois et de son équipe s’est lancé dans une bataille électorale, croyant pouvoir faire des gains avec le support d’une majorité de la population à sa charte de la laïcité. Le calcul était le bon, nonobstant la mauvaise foi de leurs adversaires politiques.
C’est avec effroi et la peur au ventre que les libéraux ont commencé à s’investir dans la campagne qui devait les mener au pouvoir. Cette peur et cet effroi, ils n’ont eu de cesse de les projeter, à travers leurs dénonciations et leurs manigances, en les formulant autour d’un éventuel projet de référendum sur l’indépendance du Québec que concocteraient en catimini les suppôts du Grand soir.
Ils ont fait élire soixante-dix députés-es, ces libéraux que l’on associe à une bande de voleurs. Déjà, on nous annonce qu’un Moreau, le «poodle» de Charest, pourrait devenir le ministre de la Justice politique, qu’un Leitao, astrologue imbu de lui-même, ministre des Finances des petits amis et qu’une David, la sœur de l’autre, celle-là même qui a sacrifié au mythe prestigieux de la renommée familiale au détriment de la lutte politique, ministre de l’Enseignement supérieur et néolibéral. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises! Nous attendons incessamment la promotion d’un Birnbaum, un ancien de The Gazette, comme ministre de la Francophobie, de l’Assimilation et du Bilinguisme institutionnel.
Qu’à cela ne tienne! Nos nouveaux conquérants – les Hivon, Péladeau, Lisée, Drainville et consorts – savent maintenant les failles dans la cuirasse caractérielle de leurs adversaires politiques. Que des gens, majeurs et vaccinés, osent ainsi essaimer leur propre peur dans la population en dit long sur leurs faiblesses et leur manque d’assurance. Nous aurons l’occasion d’y revenir, mais leur séjour au pouvoir risque, pour ces libéraux, d’être un long et douloureux calvaire.


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1 commentaire

  • Pierre Cloutier Répondre

    12 avril 2014

    Pour la charte de la laïcité, l'erreur majeure a été celle d'introduire dans le projet de loi l'article 5 sur l'interdiction des signes religieux ostentatoires dans l'espace civique, réservé aux institutions publiques.
    L'important c'était de modifier la Charte des droits et libertés de la personne pour forcer les tribunaux à examiner des critères additionnelles, comme l'égalité homme-femme, la neutralité de l'État etc. pour définir dans chaque cas particulier l'étendue d'un droit fondamental et ses limites.
    L'article 5 aurait pu être introduit plus tard par un gouvernement majoritaire par une simple modification à la Loi sur la fonction publique et à d'autres lois.
    En procédant de cette façon, la charte aurait été volée avant d'aller en élection.
    Mais, c'est ce genre d'erreur qu'on ne peut prédire d'avance. Moi aussi, j'étais pour la charte dans son intégralité.
    Mea culpa.
    Pierre Cloutier