" Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie." Prononcée dans une église américaine, cette phrase n'est que le douzième verset du huitième chapître de l'Evangile selon Jean. Evoquée, même de façon codée, sur les fusils d'assaut de l'armée américaine en Irak ou en Afghanistan, elle est beaucoup plus problématique et contrevient à l'ordre général numéro 1 applicable à l'armée américaine en Irak et en Afghanistan.
Cet ordre général daté de 2006 décrit toutes les activités "qui sont généralement admises dans les sociétés occidentales" mais que "les lois ou les coutumes locales interdisent", au nombre desquelles on trouve à l'article 3, alinéa l, "le prosélytisme de quelque religion, foi ou pratique que ce soit".
"LES FUSILS DE JÉSUS"
Un reportage diffusé par la chaîne de télévision ABC a en effet révélé, mercredi 20 janvier, que la société américaine Trijicon, sous contrat avec le Pentagone pour la fourniture de 800 000 viseurs contre 660 millions de dollars, avait fait graver sur son matériel, au sein des numéros de série, des codes faisant référence à deux passages du Nouveau Testament, en l'occurrence Jn 8. 12 et 2Cor 4. 6. ABC rapporte qu'entre eux, les soldats américains appellent ces armes "les fusils de Jésus".
Après l'indignation manifestée par la communauté musulmane américaine et des organisations de défense des libertés religieuses, Trijicon a assuré, jeudi, qu'elle allait fournir gratuitement cent trousses d'équipement "pour permettre d'ôter les références figurant sur les produits déjà en service". La société a ajouté qu'elle faisait graver des références au Nouveau Testament sur les enveloppes en métal de ses viseurs depuis plus de vingt ans.
"CELA FOURNIT DES ARGUMENTS À LA PROPAGANDE DES EXTRÉMISTES"
Pour le directeur du Conseil musulman des affaires publiques, Haris Tarin, "le fait qu'un équipement militaire comporte des références à la Bible est une violation des idéaux fondamentaux et des valeurs sur lesquelles notre pays a été fondé". Pire, a-t-il dit mercredi dans un communiqué, "cela fournit des arguments à la propagande des extrémistes qui prétendent qu'il existe une croisade contre l'islam menée par les Etats-Unis".
Le Pentagone s'est dit "préoccupé" par ces révélations. Le corps des marines et l'armée de terre ont lancé un examen de leurs procédures d'achats de matériels. Trijicon a précisé jeudi qu'elle avait pris l'initiative de supprimer ces références bibliques "en réponse aux préoccupations exprimées par le département de la défense", qu'elle supprimerait aussi ces références sur les viseurs déjà fabriqués mais pas encore livrés et a proposé aux armées étrangères utilisant ces matériels – notamment les forces britanniques et néo-zélandaises – de supprimer ces références à la Bible.
Un porte-parole de l'armée de terre, Gary Tallman, a indiqué à l'AFP que les responsables militaires "ignoraient jusqu'à il y a quelques jours la présence de ces références bibliques codées". "Ce n'est pas la politique du département de la défense de mettre des références religieuses, quelles qu'elles soient, sur ses équipements", a-t-il affirmé. Selon des sources au Pentagone, un peu moins de 300 000 de ces viseurs sont actuellement en service, dont 220 000 utilisés par les marines et de 70 000 à 75 000 par les soldats déployés en Irak et en Afghanistan.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé