Les Filles du Roy: la fin d’un long périple

Le bal des prétendants et d’autres festivités viennent clore le voyage qu’ont refait 36 jeunes Québécoises dans le sillage de leurs ancêtres

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Renouer avec nos racines

Amélie Gaudreau
Depuis le début de l’été, les Filles du Roy sont revenues dans l’actualité de l’Amérique française, 350 ans après que les premières volontaires et mères de la nation furent arrivées dans la vallée du Saint-Laurent.

Trente-six jeunes Québécoises se sont embarquées en juin sur un grand voilier en partance de Dieppe, refaisant le voyage de leurs lointaines ancêtres, pour finalement arriver au Québec au début de ce mois.

Après des arrêts à Tadoussac, à Québec et à Trois-Rivières, elles abordent finalement Montréal, où on leur réserve tout un accueil ce week-end dans le Vieux-Port. Suivra un bal des prétendants à la Maison Saint-Gabriel, auquel le public peut assister. Voyage dans le temps assuré, ou presque.

Ce samedi, vers 14h, le quai Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal prendra des airs des débuts de la colonie française, alors que la ville se faisait encore appeler Ville-Marie, car L’Aigle d’or, le voilier dans lequel les descendantes des Filles du Roy ont refait le voyage de leurs ancêtres, sera accueilli par un cortège comme on n’en voit plus beaucoup…

Une partie du régiment Carignan-Salières renaîtra le temps de former une haie d’honneur qui mènera les grandes voyageuses à l’une des 36 calèches où les attendent des prétendants désignés pour l’occasion, dont certains seront personnifiés par des artisans et des conteurs qui collaborent à l’occasion avec la Maison Saint-Gabriel.

Lorsqu’on demande à la directrice de ce musée et site historique, l’historienne Madeleine Juneau, si une telle procession était courante en 1663, elle explique qu’à l’époque, Ville-Marie n’était encore qu’une bourgade coloniale naissante et que peu de ces femmes y ont été envoyées. Donc, quand elles arrivaient, « toute la ville se retrouvait au port pour les accueillir ».

L’anachronique équipée tirée par des chevaux canadiens, plus communément appelés des percherons, empruntera la rue Saint-Pierre, puis la rue Wellington, « escortée par la cavalerie »,précise Mme Juneau, en direction de la Maison Saint-Gabriel. La fête sera précédée d’un spectacle extérieur réunissant des danseurs abénaquis et le groupe Danse Cadence.

Menuets, repas et costumes d’époque

La fête à laquelle les curieux sont invités à participer, obligatoirement costumés, n’a pas de racines historiques à proprement parler, mais Madeleine Juneau précise qu’au temps où les Filles du Roy ont pris mari et pays en Nouvelle-France, « les gens dansaient beaucoup » dès qu’ils en avaient l’occasion, lors de modestes fêtes et parfois de bals…

Par ailleurs, le théâtre de ce bal, jadis lieu d’accueil de ces valeureuses femmes sous la responsabilité de Marguerite Bourgeois, faisait en quelque sorte office « d’agence matrimoniale », selon l’historienne.

Ainsi, ceux qui auront pu dénicher des billets pour cet événement (il restait encore quelques dizaines de places jeudi) pourront donc s’exercer au menuet au son des musiques du temps interprétées par l’ensemble Claude-Gervaise, accompagnés dans leur apprentissage par le Groupe Danse Cadence.

Un repas inspiré de la « gastronomie » de la Nouvelle-France, préparé dans les cuisines du Reine-Élizabeth, sera servi aux convives, qui pourront également déguster une bière spécialement concoctée pour ces festivités par les Brasseurs de Montréal. La blon de cervoise sera par la suite disponible au réfectoire du musée, ainsi qu’au pub de la brasserie, rue Ottawa.

Engouement

Si les places disponibles pour le bal se font rares, c’est qu’il y a un réel engouement pour tout ce qui touche à l’histoire des Filles du Roy depuis le début des célébrations entourant le 350e anniversaire de leur arrivée en Amérique.

La directrice de la Maison Saint-Gabriel reçoit de nombreux appels d’un peu partout au Québec et d’ailleurs, provenant de descendants enthousiastes qui affichent un intérêt marqué pour l’histoire de leurs ancêtres.

Cet engouement se fait sentir pour cette activité mais aussi dans la fréquentation du musée. Selon Mme Juneau, l’exposition temporaire qui leur est consacrée, à l’affiche depuis le début de mai, attire environ 50 % plus de visiteurs qu’à l’habitude.

Pour ceux qui n’auront pu se procurer de billets pour le bal, les festivités se poursuivent dimanche sur le site historique avec des démonstrations d’artisans, une causerie musicale, des contes et une pièce de théâtre.

Cette journée d’activités se terminera en soirée par un concert hommage aux Filles du Roy, offert par l’Orchestre symphonique pop de Montréal au parc Marguerite-Bourgeoys.


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