Les économistes s’attendaient à un nouveau record historique de chômage. Les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis publiés vendredi 5 juin par le département du travail sont excellents et confortent la thèse d’un rebond rapide de l’économie. Le taux de chômage est passé de 14,7 % à 13,3 % en mai tandis que le pays a créé 2,5 millions d’emplois. Depuis le début de la pandémie due au covid-19, le bilan reste apocalyptique : le pays a vu le taux de sans-emploi bondir de 9,8 points, soit 15,2 millions.
Mais ce chiffre reflète les prémisses de la réouverture économique du pays. Le nombre de personnes se déclarant au chômage provisoire – leur employeur leur a indiqué qu’il les rembaucherait à l’issue de la crise — a baissé de 2,7 millions pour retomber à 15,3 millions (après un bond de 16,2 millions en avril). En revanche, le nombre des licenciés définitifs s’est établi à 2,3 millions, en hausse de 295 000. La participation à l’emploi des Américains est remontée de 0,6 point à 60,8 % après une chute de 2,5 ponts en avril.
Dans la foulée de la publication de ces chiffres inattendus, Donald Trump s’est réjoui sur Twitter : « C’est un chiffre prodigieux. C’est joyeux, disons-le comme cela. Le marché avait raison. C’est étourdissant. » Wall Street, en effet, parie depuis des semaines sur un scénario optimiste, le Nasdaq riche en valeurs technologiques ayant même battu des records historiques. Vendredi matin, l’indice Dow Jones progressait de 2,63 % tandis que le Standard and Poor’s 500 gagnait 2 %. Le Nasdaq ne gagnait que 0,8 %.
L’augmentation des emplois à temps partiel explique pour les deux cinquièmes de la croissance de l’emploi. Les cafés-restaurants ont embauché 1,4 million de personnes après en avoir licencié 6,1 millions au début de la crise tandis que l’hôtellerie continue de décliner (1,1 million, en hausse de 148 000).
Avec la réouverture et le beau temps, la construction a rattrapé la moitié de ses pertes, avec près de 500 000 emplois créés, tandis que les services médicaux et dentaires, tous fermés pendant des semaines, ont recréé 312 000 emplois. Le commerce de détail rouvre, avec 312 000 emplois créés pour 2,3 millions détruits en avril. Les usines redémarrent, et avec elles l’emploi dans l’industrie manufacturière (255 000 emplois créés après un recul de 1,3 million détruits en avril). En revanche, les emplois publics, essentiellement dans les collectivités locales privées de recettes fiscales, continuent de baisser fortement, avec 585 000 suppressions d’emplois, qui aggravent les 963 000 d’avril.
Le retour au travail d’une partie des employés et ouvriers a conduit à une baisse du salaire horaire, qui a reculé de 29 cents à 29,75 dollars (environ 26 euros), après un bond de 1,35 dollar, qui s’expliquait par le télétravail des cadres.
Les Afro-Americains, qui avaient été un peu moins frappés que les autres en avril, ne profitent pas de cette reprise – leur taux de chômage progresse de 16,8 % à 16,9 %. Le chômage des Blancs recule de 14,2 % à 12,4 % tandis que les Latinos, qui profitent de la réouverture de la restauration et du BTP où ils travaillent de manière importante, voient leur taux de chômage baisser de 16,7 % à 15,1 %.