Le modèle canadien

Les emplois au Canada anglais, la péréquation au Québec

Tribune libre

En page 14 du Journal de Québec de ce matin, le 4 octobre, nous apprenions du chroniqueur Jean-Jacques Samson que les récentes ententes Canada/Québec concernant l'harmonisation des taxes et le gisement Old Harry avaient pratiquement enlevé aux indépendantistes québécois (en supposant évidemment qu'une telle chose existe) ce qui leur restait d'argumentaire contre le lien fédéral. D'ailleurs, la population leur a sévèrement rappelé cette réalité lors des dernières élections fédérales, ajoutait le chroniqueur.
Il convient donc d'entreprendre cet article en rappelant à monsieur Samson qu'il a fallu plus de vingt ans au fédéral pour attribuer au Québec la compensation qui lui revenait du fait de l'harmonisation, alors que l'Ontario et la Colombie Britannique ont, elles, été dédommagées sur-le-champ, ou presque. Du côté d'Old Harry, le Québec n'a pas obtenu la garantie, contrairement à Terre-Neuve, que les montants des redevances qu'il retirera éventuellement de l'exploitation de ce gisement ne viendront pas diminuer ses paiements de...péréquation. Au Canada, il y en a donc qui sont plus égaux que les autres.
Et, il semble que ce soit toujours les mêmes. Dans les années 50, le fédéral a contribué au financement d'un réseau d'écoles techniques pour préparer la main-d'oeuvre ontarienne à recevoir les usines du Pacte automobile et celles de l'industrie des appareils électriques. À Ottawa, on négociait par ailleurs la libéralisation des secteurs du textile et du meuble, deux secteurs fortement présents au Québec. Suite à la débâcle de 2007-08, où sont allés les milliards $, sinon au secteur automobile?
On a agi de façon comparable en matière de transports et plus particulièrement dans le secteur maritime. Alors que l'on construisait des infrastructures modernes à Halifax et Vancouver, on fermait des ports au Québec, tout en jonglant avec l'idée de privatiser la Voie maritime. Nous passerons sous silence les efforts faits en vue de la tarification des services de brise-glace.
Dans le secteur financier, on a permis aux banques de faire l'acquisition d'entreprises de courtage. Évidemment, ces dernières sont désormais installées à Toronto. Le secteur financier est, en fait, désormais concentré à Toronto, au détriment de Montréal...Ne manque qu'une commission nationale des valeurs. Et, où sont allés les milliards $, lors de la débâcle de 2007-08?
Même les infrastructures du libre-échange, dont le Québec était un grand promoteur, sont meilleures en Ontario qu'au Québec. Au cours des dernières années, elles ont été améliorées à la hauteur d'un milliard $ en Ontario. Lacolle a obtenu 75 millions $.
Disons un mot, en terminant, des aéroports. Alain Dubuc racontait en introduction d'Éloge de la richesse qu'il avait été inspiré à écrire son livre en constatant l'état de délâbrement de PET par rapport à Pearson. Les aéroports, monsieur Dubuc, c'est une juridiction fédérale...
Lorsque certains, au Québec, dénoncent cet état de fait, Jean-Jacques Samson les accuse de donner dans le «misérabilisme». Mais, où est donc le misérablisme? Dans le fait d'aller quémander sa pitance de péréquation à Ottawa d'année en année ou dans le fait de réclamer une place honorable dans la politique économique du Canada...ou à défaut d'en sortir. Parce que non content de confiner le Québec à la péréquation, le Canada anglais se plaît ensuite à le traiter de «quémandeux» peu reconnaissant.
Mais, faut-il blâmer exclusivement le Canada anglais? Le Québec ne déteste pas tendre la main pour son bol de péréquation. On ne l'entend pas souvent se plaindre, hormis quelques bêlements d'usage.
À tout événement, s'il doit un jour y avoir des États généraux, espérons que la Cour suprême et le modèle canadien y auront une place de choix. Mais, il ne faut pas trop espérer, surtout lorsque l'on est familier avec les théories du philosophe politique québécois le plus sous-estimé de l'histoire, Tex Lecor...«Tant qu'y aura quelque chose dans l'frigidaire, j'farmerai ma yeule, pis j'laisserai faire...»


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 octobre 2011

    Que les fédéralistes le veuillent ou non, que le Canada soit ou non «le plusse meilleur pays au monde», que le Canada ne soit pas le goulag comme l'a dit naguère René Lévesque, il restera que les que les Québécois ne disposeront d'eux-mêmes comme peuple que le jour où ils feront collectivement leur indépendance.
    C'est un fait que les Québécois ne sont pas si mal avec les Canadians, et même mieux qu'avant les années '70, bien qu'ils ne doivent qu'à eux-mêmes leurs progrès comme peuple. Mais, à tout moment, encore et encore, ils doivent dire: «Yes Sir». Et toujours sentir la crotte d'Ottawa. Au total, Les Québécois sont Québécois dans la mesure où Ottawa et ses alliés des provinces et territoires canadian le veulent bien. Et ça, c'est un argument bien plus puissant en faveur de leur autodétermination que n'importe quel gisement pétrolier ou harmonisation de taxes.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 octobre 2011

    La chanson originale est pas de lui, c'est de Georges Langford, des Îles-de-la-Madeleine, mais Tex Lecor a modifié les paroles, et cette phrase vient effectivement de Tex.
    L'originale disait « tant que je pourrai toffer dans l'frigidaire, [...], ma Rosalie, on retournera chez les marins ! ». Donc un propos complètement différent. J'ai été habitué à la version Langford seulement. Attention aux versions !