Les empêcheurs de tourner en rond sont dans la ronde

Tribune libre

On a beau tenter de se donner la main pour faire la ronde qui pourrait, sait-on jamais, susciter la farandole et entraîner à la suite des plus délurés tous ces voyeurs contents de regarder danser… y’a toujours quelqu’un qui se glisse dans la ronde pour la freiner, pour la détourner, pour enfarger, avec l’intention de dissuader tout le monde de se mettre en mouvement.
On a beau se dire que nos chicanes – mon père est plus fort que le tien, mon Canadien est meilleur que tes Pingouins – ne nous mèneront à rien… v’la-ty pas qu’y en a un qui vient nous écœurer en prétendant que la sienne est plus grosse que celle des autres !
Ben, ça va faire. Ceux-là qui veulent déconner, grand bien leur fasse, mais qu’ils restent donc dans leurs estrades à se tirer la pipe (ou à s’en faire tirer une), pis qu’ils laissent donc danser ceux qui en ont encore envie, ceux qui croient qu’on peut faire autre chose que chialer ou se contenter de ce qu’on a.
Moi qui n’ai aucun, mais vraiment aucun, intérêt pour regarder le hockey – notre passe-temps national –, je comprends la montée de lait de monsieur Louis Lapointe dans son billet du 4 mai dernier (L’étoffe des héros) envers la passion démesurée de nos compatriotes pour le club de hockey supposément notre emblème et porte-étendard (dans quelle langue au juste ?). Mais pas au point de dédaigner ou de snober ces gens qui, à défaut de symbole d’appartenance, d’identité et de fierté nationale plus motivante, s’accrochent désespérément à des héros de remplacement, qui sont tantôt décevants, tantôt victorieux. Cet attachement comporte un potentiel incroyable, une réserve formidable de puissance endormie qu’il ne tient qu’à nous d’éveiller. C’est la résilience du bon peuple qu’on a tort de mépriser. Cette résilience est la clé de notre libération collective.
Je suggère aux sceptique de lire, dans Le Devoir, les articles de Jean Dion : Résilience, quand tu nous tiens... ; Le canadien refuse de rendre les armes.
À bon entendeur, salut !
Et en avant la musique.
Raymond Gauthier

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Raymond Gauthier17 articles

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Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

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1 commentaire

  • Serge Charbonneau Répondre

    13 mai 2010

    Je crois que c'est dans la nature de l'homme de dire : «la mienne est plussse que la tienne ! ».
    Ça vient sans doute du besoin animal d'être plussse que l'autre pour survivre avec ces lois de la jungle réelle et virtuelle.
    Si nous étions un peu plus gouvernés ou menés par le féminin, peut-être y aurait-il plus de mains pour aller chercher ceux qui regardent la danse et n'osent s'y mêler et moins de coqs qui veulent diriger la farandole.
    Je crois que le monde aurait besoin d'un peu plus de femmes aux commandes, mais évidemment pas ces hommes manqués du genre de la dame de fer galvanisé Tatcher, ou de celles pour qui la "richesse à créer" demeure l'objectif pour pouvoir dire la mienne (ma cabane à défaut de l'organe) est plus grande que la tienne.
    Et les héros !
    Plus on se sent des zéros plus on a besoin de héros.
    Je crois que les Québécoises et les Québécois commencent peu à peu à cesser de se sentir comme des zéros. Ils et elles s'aperçoivent peu à peu que la matière grise qu'ils et elles ont entre les oreilles vaut autant que celle de certains écervelés surestimés.
    Tout comme vous, Raymond, je crois que la résilience du bon peuple peut nous mener à bon port. Je crois que sa cohésion massive coriace et compacte peut donner l'assurance qu'il nous faut pour donner la détermination aux habitants de ce Pays de devenir Maîtres de leur destin et Maîtres chez eux.
    Il suffit de mettre en place des outils pour canaliser l'énergie et éveiller ceux qui avaient été mis en léthargie par ces vieilles méthodes fédéralistes. Le fédéralisme endort de moins en moins. Je crois que le bon peuple avec son bon sens commun sort de plus en plus de son sommeil, ce sommeil qui aurait pu lui être fatal.
    De moins en moins nous avons besoin de "héros", je crois que nous devons tous être notre propre "héros". Nous sommes un peuple héroïque qui s'est trop longtemps ignoré. Nous sommes en train d'en prendre conscience.
    Ce ne sont pas les "Héros" qui vont nous mener où nous voulons, mais nous-mêmes si nous le voulons. Quand on veut, on peut. Travaillons le vouloir et nous obtiendrons le pouvoir.
    Ce Pays, on le veut de plus en plus.
    Serge Charbonneau
    Québec
    http://www.vigile.net/Les-empecheurs-de-tourner-en-rond