Robert Dutrisac - Après l'industrie de la construction, c'est l'attribution des places en garderies qui doit faire l'objet d'une enquête, réclame le Parti québécois. Le Directeur général des élections et le Vérificateur général doivent se pencher conjointement sur les contributions qu'ont versées au Parti libéral des propriétaires de garderies privées favorisées par l'État.
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Québec — Le Parti québécois a demandé hier au Directeur général des élections (DGE) et au Vérificateur général de faire enquête sur les contributions faites au Parti libéral du Québec par les propriétaires de garderies qui ont obtenu de nouvelles places à 7 $.
Le député de Gouin et porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille, Nicolas Girard, a présenté une motion pour que l'Assemblée nationale donne «un mandat spécial conjoint» au Vérificateur général et au DGE «afin d'évaluer le processus d'octroi des places en services de garde par le ministère de la Famille». Les libéraux ont refusé leur consentement pour que la motion soit débattue.
La porte-parole du DGE, Cynthia Gagnon, estime qu'il est «difficile de voir s'il y a eu infraction à la loi. Tout semble conforme». Ainsi, les dons ne dépassent pas le maximum permis de 3000 $, les personnes étaient habilitées à voter et leurs contributions figurent dans le rapport du DGE. Au PQ, on avance que le fait de faire une contribution au parti au pouvoir en échange d'un avantage alloué par l'État est illégal.
Lors de la période de questions, l'opposition officielle n'allait pas lâcher l'os qui a fait sa bonne fortune cette semaine. Nicolas Girard a signalé que des promoteurs qui ont versé 112 000 $ à la caisse du PLQ depuis 2003 avaient obtenu 1600 nouvelles places pour leurs garderies privées à but lucratif. En 2008, l'année même où le gouvernement a octroyé les 18 000 nouvelles places pour les trois années suivantes, les propriétaires ou administrateurs de garderies privées qui avaient été choisies ont versé, pour la première fois de leur vie, des contributions au Parti libéral, pour un total de 20 000 $, a ajouté le député de Gouin.
Qui plus est, selon un document interne du ministère de la Famille, les dix garderies dont les propriétaires étaient des donateurs du PLQ avaient une cote D pour leur projet, et pour cinq d'entre elles, le Bureau des plaintes du ministère avait formulé une «réserve», a mentionné Nicolas Girard.
C'est le ministre de la Famille, Tony Tomassi, qui a donné la réplique au député péquiste, alors que la veille, Michelle Courchesne, qui était ministre de la Famille au moment de l'attribution des places, était montée aux barricades. M. Tomassi a continué à défendre le processus de sélection du ministère. Il a ensuite minimisé l'importance des plaintes dont faisaient l'objet des garderies, soulignant qu'«une réserve pouvait être que la serrure de porte ne fonctionne pas». Le député de Richelieu, Sylvain Simard, de répliquer en aparté: «La serrure du coffre!»
À la veille de la fin de la session parlementaire, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a de son côté dressé une sorte d'inventaire des manifestations de la «dérive éthique» du gouvernement Charest. «Ce que les Québécois retiendront du bilan du premier ministre, ce sont les odeurs de fin de régime, de collusion et de corruption», a-t-elle lancé à Jean Charest. Mme Marois a soutenu que le premier ministre a commencé par abaisser les règles éthiques pour ses ministres, il a permis que «des libéraux influents profitent du programme FIER» (Fonds d'intervention économique régional) et a défendu la décision du ministère des Transports de ne pas transmettre à la police un dossier de collusion. Enfin, Jean Charest refuse «obstinément» la tenue d'une enquête publique sur l'industrie de la construction, a rappelé Pauline Marois.
Jean Charest a traité la chef péquiste de «vulgaire» en citant le documentaire À hauteur d'homme, de 2003, dans lequel Mme Marois affirmait que le PQ allait «brasser de la marde» s'il devait se retrouver dans l'opposition. M. Charest a accusé la chef péquiste de s'être «adonnée à un exercice de bas étage en politique» depuis qu'elle est chef de l'opposition officielle.
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