COVID

Les complotistes font irruption dans le débat politique à Québec

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La nouvelle opinion publique qui naît sur internet effraie les médias subventionnés

Les députés devront tenir compte, cet automne, du fait qu’environ 20 % de la population adhère aux thèses conspirationnistes, croit le directeur du Département de science politique de l’Université Laval.



«C’est énorme, s’exclame Thierry Giasson au bout du fil. C’est plus que les gens qui votent pour le Parti québécois, c’est plus que les gens qui votent pour Québec solidaire.»


Au moment où les travaux reprennent à l’Assemblée nationale, il va falloir «prendre acte» de la situation et parler à ces gens, insiste le professeur spécialisé en communication politique. Une grande manifestation de complotistes est de surcroît prévue à 16h devant le parlement de Québec.


«Il semble y avoir (...) une préoccupation pour les notions de transparence, dit-il. Les gens disent que beaucoup d’informations (...) ne circulent pas.


«Je pense que si on fait preuve (...) d’ouverture et d’écoute, on peut peut-être penser établir un dialogue.»





Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont révélé lundi qu’environ 18 % des Canadiens adhéraient à des idées conspirationnistes au début de l’été.


Un sondage de l’Institut national de santé publique du Québec mené auprès de 1000 Québécois suggère en outre que 23 % des répondants croient que le virus causant la COVID-19 a été créé en laboratoire.


Rappelons également que 10 000 personnes ont manifesté samedi à Montréal contre le port du masque obligatoire et l’imposition de nouvelles amendes pouvant aller jusqu’à 6000 $.





Thierry Giasson estime que le gouvernement devra faire oeuvre pédagogique et «déconstruire» chacun des messages véhiculés par les complotistes, en se retenant de les traiter d’«illuminés».


«Si on veut que les gens adhèrent à des consignes sanitaires, il va falloir qu’on leur explique clairement pourquoi», a déclaré M. Giasson lors d’un entretien où il était question de la rentrée parlementaire.


«Est-ce qu’il y a 20 % d’illuminés au Québec? J’espère que non, sinon on est mal parti.»


D’après lui, le gouvernement Legault a «compris» qu’il y avait un «enjeu de livraison du message». C’est désormais le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui est le porteur du ballon.


«Il est très sympathique, le Dr (Horacio) Arruda, mais des fois, il y a des problèmes de clarté, signale M. Giasson. Il est là, il ne disparaît pas, mais il parle moins.»


Les partis d’opposition devront quant à eux trouver le bon ton en Chambre, face à un gouvernement de la Coalition avenir Québec toujours aussi populaire dans les sondages d’opinion.


«Ils ne voudront pas se mettre l’opinion publique à dos», résume le professeur, qui souligne que les oppositions ne devront pas non plus se montrer trop conciliantes, sous peine de déplaire à leurs membres.


«Ils sont entre l’arbre et l’écorce», a-t-il laissé tomber.


La rentrée parlementaire de mardi sera bien différente des autres: déjà, la COVID-19 a mis à l’écart la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade.


Celle-ci a annoncé sur les réseaux sociaux lundi devoir se placer en quarantaine, car sa fille de huit ans ressent des symptômes s’apparentant à ceux de la COVID-19 et passera un test de dépistage.


Qu’une cheffe de l’opposition officielle soit absente à une rentrée d’automne est inédit.