Conflit en Syrie

Les barrages

Géopolitique — Proche-Orient



Il était écrit dans le ciel que, pour la énième fois depuis que Bachar al-Assad est parti en guerre contre son peuple, la Russie et la Chine feraient barrage à la résolution composée par les autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU. À bien des égards, ce veto est le reflet des divisions qui agitent l'opposition et des hésitations qui distinguent actuellement le gouvernement Obama.
De prime abord, on serait tenté de croire que l'attentat dans lequel ont péri des proches d'Assad va se traduire par la fragilisation prochaine et durable de ce dernier. Mieux, c'est selon, étant donné les fonctions occupées par certaines victimes, on serait même enclin à supputer la décapitation du régime puisque l'un était ministre de la Défense, l'autre vice-ministre de la Défense, alors qu'un troisième était chef de la cellule de la crise. Mais voilà, des témoignages recueillis par le journal Le Monde et par Der Spiegel permettent d'avancer qu'Assad n'est pas aussi affaibli qu'on l'a affirmé ici et là.
En effet, selon l'ex-ministre de la Défense Hassan Tourkmani, le pays n'est pas une addition d'institutions efficientes mais bien un régime logeant à l'enseigne des affinités claniques, du réseau. " Comme tous les ministres de la Défense depuis le coup d'État en 1970 d'Hafez al-Assad, Daoud Radjha [NDLR : le ministre assassiné avant-hier] n'avait aucun pouvoir [...] Un homme comme Tourkmani, en dépit de son poste, voyait très peu Assad. La cellule de crise qu'il présidait ne gérait en fait pas grand-chose. " À vrai dire, le père a conçu un système de manière à ce que personne ne soit irremplaçable, le chef de l'État mis à part.
Ici et là, on craint qu'entre l'échec sans appel de la mission menée par Kofi Annan au nom de l'ONU et de la Ligue arabe et la fin annoncée de la mission onusienne en Syrie, le fils fasse ce que le père avait fait après une tentative d'assassinat manqué, soit orchestrer une répression " foudroyante ". Et ce, avec les armes fournies généreusement par la Russie, l'Iran et, mais plus discrètement, la Chine. Bref, on parie qu'Assad et les siens vont redoubler d'ardeur, d'autant que l'opposition est plus divisée aujourd'hui qu'hier.
Cette division découle au fond des pays qui soutiennent les courants du Conseil national syrien (CNS). Selon le magazine allemand Der Spiegel, l'Arabie saoudite et le Qatar, bien décidés à fouler un pays sous l'emprise des chiites, leurs frères ennemis, financent sans compter les groupes islamistes.
À tel point que, le pouvoir décisionnel détenu par les islamistes n'ayant cessé d'augmenter, ils multiplient les agressions politiques contre les laïcs. Quand ils n'accusent pas ces derniers d'être des hérétiques, ils les traitent d'adversaires de la patrie. Désormais, l'ambiance est si acrimonieuse que certains membres du CNS comme des proches observateurs estiment que les différences sont insurmontables.
Pour cette raison, la Maison-Blanche est encline comme jamais à faire le service minimum. Mais encore ? À moins de quatre mois de l'élection présidentielle, Barack Obama veut tout faire pour éviter l'engagement des États-Unis dans un autre conflit dans le monde arabe. Il veut tout faire pour éviter un autre rapport de force musclé avec la Russie qui, elle, entend user de tous les moyens diplomatiques et militaires pour préserver son dernier et seul pion au Proche-Orient.
Enfin, on le répète et on le souligne, Obama ne veut pas s'aliéner une Russie qu'il juge incontournable sur un autre front : celui du nucléaire iranien. Alors, la Syrie...


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