Comme pour Lee Harvey Oswald, comme pour Ben Laden (l’équipe censée l’avoir tué disparut dans un accident d’hélicoptère quelques semaines après), les commandos auteurs de meurtres ont été liquidés après leurs forfaits, sans que l’on puisse en tirer plus d’informations. Plus de témoin, affaire classée, version sanctuarisée.
Or, des échanges téléphoniques ont été réalisés par BFMTV avec deux des auteurs de cette folle semaine, et les quelques renseignements donnés en disent plus que bien des discours.
J’ai été envoyé, moi, Chérif Kouachi, par Al-Qaïda au Yémen. Je suis parti là-bas, et c’est le cheikh Anouar al-Aoulaki qui m’a financé.
Et ce dernier est un prédicateur américain.
Cela recoupe les déclarations d’Hillary Clinton qui avoua, il y a quelques années, que les États-Unis avaient financé ce qui est devenu Al-Qaïda.
Il y a 20 ans, nous avons financé les gens que nous combattons aujourd’hui. Nous l’avons fait parce que nous étions enfermés dans cette lutte avec l’Union soviétique. Ils avaient envahi l’Afghanistan et nous ne voulions pas les voir contrôler l’Asie centrale et nous sommes allés au travail. C’était le président Reagan en partenariat avec le Congrès, dirigé par les démocrates, qui dirent : “C’est une très bonne idée. Traitons avec l’ISI [Inter-Services Intelligence, services de renseignement du Pakistan], avec l’armée pakistanaise, recrutons des moudjahidines. Allons recruter en Arabie saoudite et ailleurs, importons les branches wahhabites de l’islam afin que nous battions l’URSS”.
Après la chute de l’URSS, les élites américaines ont cessé de collaborer avec leurs nouvelles recrues en essayant de « compenser l’énorme temps perdu », conclut l’ancienne candidate à la présidentielle américaine.
Donc, soit Al-Qaïda est une créature qui a échappé à ses créateurs, soit elle continue d’être sous influence – discrète ou indirecte – des élites américaines (que nous ne confondons pas avec son peuple).
De l’autre côté, Amedy Coulibaly, tueur de policiers, se revendiquait de l’État Islamique. Là encore, cette nouvelle entité est une création occidentale indirecte. En effet, les États-Unis et la France ont participé à son émergence parce qu’ils ont pris part à la destruction de l’Irak (dernier sursaut de diplomatie indépendante française) et de la Libye, et déstabilisé la Syrie – trois pays historiquement multiconfessionnels.
Encore une fois, les événements de cette semaine sont les répliques des secousses sismiques des plans de modification des frontières au Moyen-Orient. Les attentats du 11 septembre permirent l’application du plan américain d’attaquer sept pays : Irak, Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et Iran.
Le plan est presque à moitié appliqué et la France se trouve impliquée de force (et contre ses intérêts) dans un conflit de grande ampleur.
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes », disait Bossuet. L’humour et le recul historique sont peut-être les deux seules choses qui nous restent.
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