Crise économique aux États-Unis

Le vertige

Crise mondiale — crise financière


Cette semaine, la Réserve fédérale américaine a dévoilé son intention d'utiliser un autre outil financier avec l'espoir que cela dope l'activité économique. Partout dans le monde, les marchés ont traduit cette annonce comme étant un paravent à une panique. Laquelle? La déflation, ou la double récession (double dip).
Ainsi donc, le président de la Fed, Ben S. Bernanke, a décidé de recycler les obligations hypothécaires qu'il a à sa disposition dans le rachat de dettes américaines afin de maintenir le loyer de l'argent au niveau le plus bas possible. Dans le communiqué publié à cet effet, ni la déflation ni le double creux n'étaient évoqués. Pourtant, c'est exactement cela que les acteurs boursiers ont entendu. Conséquence immédiate, tous les gains enregistrés par l'indice Dow Jones depuis le début de l'année sont partis en fumée dans les 24 heures qui ont suivi le geste de la Fed.
En fait, ce que les marchés ont réalisé est simple à décrire: ils ont additionné deux plus deux avec le résultat que l'on sait. On s'explique. Lorsque la Fed a précisé que la croissance du PIB au second trimestre avait été de moins de 2 % et non de 2,4 % comme anticipé, elle peinait du coup à camoufler les risques de déflation ou de double creux qui planent au dessus des États-Unis. Elle peinait à cacher ce qu'une mosaïque d'indicateurs laissait entrevoir.
Le défi auquel sont confrontées les autorités américaines est d'autant plus vertigineux qu'au problème intérieur s'ajoute une ribambelle de problèmes extérieurs. Autrement dit, le coefficient de difficulté afférent à la présente crise est plus élevé que ceux des crises antérieures et récentes. Car pour sortir le pays du marasme, Bernanke et la Maison-Blanche ne peuvent pas compter sur les autres nations. Commençons par l'Europe.
Au printemps dernier, on se souviendra qu'après la Grèce, et à la suite de l'impulsion donnée par la chancelière allemande, Angela Merkel, l'Espagne, le Portugal, la France et l'Italie, cette dernière dans une moindre mesure, ont conçu et ordonné l'application de plans d'austérité. Dans la foulée de sa victoire aux législatives britanniques, Dave Cameron y est allé du sien. Bref, tous ces pays ont choisi l'austérité plutôt que la croissance.
Tous ces programmes ont eu pour conséquence un ralentissement. C'était évidemment écrit dans le ciel. Par contre, ce qui ne l'était pas, c'est l'ampleur de ce ralentissement. Prenons, par exemple, le Royaume-Uni. La Banque d'Angleterre vient de confesser, si l'on ose dire, qu'elle avait abaissé ses prédictions concernant le PIB: il ne sera pas de 2 %, mais bien en dessous de cette cible. Passons maintenant à la Chine.
Là également, au printemps dernier, on a observé des remous, des changements. De quoi s'agit-il? Dans la foulée de contestations ou grèves d'ouvriers d'entreprises privées, les salaires de ces derniers ont été augmentés. Mais pas à raison de 2 ou 3 % par année, mais bien de 20 % et au-delà. CQFD: ces hausses vont être intégrées dans le prix de revient des produits. Ce n'est pas tout. Selon les dernières données propres à l'activité immobilière, la bulle dans laquelle celle-ci est enferrée est à la veille d'éclater, si ce n'est déjà fait.
Dans cette histoire, le pire pour Bernanke et Barack Obama, c'est que, ne pouvant compter sur les autres pour soutenir l'économie américaine, ils songent à des stimulations, par exemple une réfection de l'infrastructure routière, dont le Congrès ne veut pas. Bref, c'est la quadrature du cercle.


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