Le tribun imaginatif

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Lisée est-il un esprit fin ou un fin finaud ?

Jean-François Lisée est un brillant. Il s’est d’abord fait connaître avec sa plume aiguisée, puis, en politique, il s’est avéré un jouteur vif d’esprit. Vous ne le prendrez pas à court de mots. Plusieurs péquistes misent d’ailleurs sur ses qualités de débatteur pour créer le miracle attendu dans cette campagne.


Il fait partie d’une espèce assez rare à atteindre le plus haut échelon dans son parti après y être entré dans un rôle de conseiller. Il faut dire qu’il était débarqué dans l’entourage de Jacques Parizeau comme un « conseiller vedette », chose qu’on avait rarement vue auparavant.


Les discours


Il a vite acquis la réputation d’un rédacteur de discours hors pair, autant sous les ordres de monsieur Parizeau qu’avec son successeur Lucien Bouchard. Cependant, l’esprit productif de monsieur Lisée et la multiplicité de ses idées originales ont fini par tomber sur les nerfs de ses collègues.


La ligne est parfois mince entre un esprit fin et ce que ma mère appellerait un fin finaud. Il est arrivé au chef péquiste de poser le pied du mauvais côté de cette ligne. Durant le bref mandat de Pauline Marois, Jean-François Lisée est devenu un mal-aimé autour de la table du Conseil des ministres. Plusieurs de ses collègues ne se retenaient pas pour publiciser son comportement désagréable et son manque d’esprit d’équipe.


Le fait qu’il ait remporté une course au leadership dans son parti à peine trois ans plus tard en dit long sur sa capacité impressionnante à s’ajuster, à se corriger et à rebondir. Il avait d’ailleurs démarré cette course loin derrière.


Stratège


Sa remontée et sa victoire ont mis en relief sa capacité stratégique aiguisée. Fut-il machiavélique pour arriver à ses fins ? L’histoire retiendra qu’il a gagné. D’ailleurs les péquistes espèrent au fond d’eux-mêmes que leur chef sorte quelques lapins de son chapeau pour aider le PQ dans ce moment critique.


Jean-François Lisée a démontré un mélange de clairvoyance et de courage en mettant de côté l’idée d’un référendum. Le flou du référendum « peut-être que oui, peut-être que non » avait été ingérable pour Pauline Marois dans la campagne de 2014. Monsieur Lisée a réussi à rallier les membres du PQ derrière une position en phase avec les attentes des Québécois.


S’il est un habile stratège, parfois monsieur Lisée se lance dans des stratégies tellement savantes qu’il en emmêle ses propres lacets. C’est précisément ce qui lui est arrivé dans son opération d’alliance avec Québec solidaire. Il s’est fait douloureusement refermer la porte sur les doigts. Le PQ ne s’en est jamais relevé.


Son plus récent coup stratégique fut son appel à un débat en anglais, qui aura d’ailleurs lieu le 17 septembre. Bizarre demande pour un chef péquiste ? Monsieur Lisée fait le calcul qu’il est celui des quatre chefs qui maîtrise le mieux la langue et qu’il n’a aucun vote à perdre dans cette clientèle. Une occasion en or de faire trébucher gravement ses adversaires.


Du grand Lisée !