Le sermon écolo des artistes

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Le monopole de la vertu des artistes de gauche

La démission surprise, en direct à la radio, de Nicolas Hulot, le ministre français de l’Écologie, a fait jaser des deux côtés de l’Atlantique.


Au Québec, on l’a commenté à peu près dans les termes suivants : la démission de Nicolas Hulot serait un geste de grand courage qui nous rappellerait de prendre au sérieux la question de l’environnement en la plaçant au cœur des préoccupations politiques.


Les moins bien placés


Rares sont ceux qui le contrediront. Tout le monde, aujourd’hui, officiellement, du moins, convient de l’importance vitale d’une vraie politique de l’environnement. Il y a urgence en la demeure.


Qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la contamination des sols ou du fameux continent de plastique qui s’est formé sur l’océan Pacifique, l’homme a une responsabilité immense : il doit s’assurer que la planète demeure habitable et ne devienne pas une poubelle. Cela ne veut pas dire que les autres questions politiques sont secondaires.


Avec l’écologisme, on réapprend à penser à long terme et à prendre soin du monde. On redécouvre aussi la critique constructive d’une modernité souvent destructrice.


Et pourtant, trop souvent, le discours écolo exaspère et son petit côté moralisateur tape franchement sur les nerfs.


On comprend pourquoi en lisant la lettre signée par 200 personnalités, essentiellement venues de l’industrie du spectacle, qui se sont rassemblées à l’initiative de l’actrice Juliette Binoche, pour venir en renfort du ministre démissionnaire.


On ne doutera pas de leur bonne foi. Mais comme chaque fois que des artistes se rassemblent en meute pour nous dire quoi faire à propos d’un sujet qu’ils ne connaissent pas, on a envie de leur demander : pour qui vous prenez-vous ? Votre talent, indéniable sur scène, vous donne-t-il de quelque manière une qualification supplémentaire sur le plan de la compétence civique ?


Je veux bien que certains d’entre eux aient pris le temps de lire, ces dernières années, à propos de la question. Mais globalement, leur discours sonne faux. Ils en appellent même à des politiques très difficiles, et pour cela, impopulaires, qu’ils sont courageusement prêts à faire subir au commun des mortels, alors qu’ils pourront continuer à bénéficier de leur côté d’une vie de rêve. « Je crois tellement à mes idées que je suis prêt à vous faire souffrir pour elles ! »


Je ne critique pas ici la nécessité d’une politique environnementale ambitieuse. Je dis que ceux qui nous la vendent sont les moins bien placés pour le faire.


Sermons


Qu’on me comprenne bien. Je ne méprise pas la parole des artistes. Elle est précieuse, vivante, imagée, enlevante. C’est en créant qu’ils éveillent les consciences et transforment le monde. Au Québec, nous sommes bien placés pour le savoir.


Et comme tout le monde, ils ont le droit et le devoir de militer pour les causes qu’ils veulent.


Mais lorsqu’ils se rassemblent entre eux, à la manière d’une caste, pour sermonner la population à la manière de curés enflammés, croyant avoir le monopole de la vertu, tout en se présentant comme les experts qu’ils ne sont pas, ils tirent dans leur but.