AFP | L’arrêt de plusieurs sites d’exploitation des sables pétrolifères dans la grande région de Fort McMurray, en proie à de gigantesques feux de forêt, risque de virer à une catastrophe économique pour l’Alberta et le Canada.
Déjà frappée lourdement par la dégringolade des prix du pétrole depuis deux ans, l’industrie pétrolière canadienne, concentrée dans l’Alberta, va maintenant enregistrer une chute vertigineuse de sa production d’or noir.
Ces derniers jours, l’avancée infernale des flammes dans la forêt boréale au nord de Fort McMurray, a obligé pratiquement toutes les grandes compagnies à arrêter ou, au mieux, à ralentir leur production.
Le prix du baril à New York s’était échangé vendredi en séance autour de 46 dollars, au plus haut depuis six mois, avant que des compagnies ne ferment d’autres mines de sables pétrolifères au nord de Fort McMurray.
Syncrude leur a emboité le pas samedi en arrêtant la production de sa mine de Mildrew Lake. Ce groupe est détenu par le premier pétrolier canadien Suncor, qui a également fermé des sites non loin tout comme auparavant Shell, ConocoPhillips, Total, Imperial Oil (Exxon), Nexen (CNOOC) ou encore Husky et BP.
Production réduite de moitié
Au total, selon l’expert pétrolier Dan McTeague, la production de tout le bassin nord de l’Alberta a été amputée de moitié, soit l’équivalent de 1 à 1,5 million de barils par jour (bpj). Cela représente un quart de la production canadienne.
En raison «des inquiétudes sur la production de pétrole qui commencent à pointer, à la fois aux États-Unis et au Canada, on pourrait voir les prix du brut s’envoler», a estimé Dan McTeague sur la chaîne CTV.
Un emploi sur 10
Pour les compagnies et pour l’économie canadienne, cette catastrophe tombe au plus mauvais moment. Sur les deux dernières années, les pétroliers ont licencié en masse leurs salariés et la croissance canadienne est même tombée en récession l’an dernier, le secteur énergétique comptant pour 10 % du PIB.
Le pétrole emploie un salarié sur 10 en Alberta et pour Fort McMurray, l’impact est énorme, car toute l’activité en dépend. La population de la ville a quintuplé en 20 ans, à près de 100 000 habitants.
Économie difficile
Avant même le départ des feux il y a tout juste une semaine, l’économie albertaine était déjà en souffrance avec, pour le seul mois d’avril, 21 000 emplois supprimés et un taux de chômage de 7,2 %, soit plus de deux fois son niveau d’avant la crise pétrolière il y a deux ans.
Cinquième producteur mondial de pétrole, le Canada cherche à maintenir une activité si essentielle à sa croissance et, à la fin de l’hiver, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a promis une aide d’un milliard de dollars canadiens à la province.
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