Le retour du «nous»

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« Quand ça va mal, les peuples ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur leurs propres chefs.»


C’est fou comme les crises clarifient les choses et dissipent les illusions.


Reportons-nous à il y a 100 jours à peine.


Quelle était la petite musique que nous jouait une bonne partie de notre élite médiatico-intellectuelle ?


Être du bon côté de la morale, c’est ouvrir nos frontières, ne pas succomber au repli national et protectionniste, et chanter les louanges de la mondialisation fraternelle.


Nous


Mais quand la matière brune frappe le ventilateur, que voit-on ?


Quand vient le temps d’organiser les soins, de freiner la propagation, de maintenir à flot nos populations et nos économies, vers qui se tourne-t-on ?


Eh oui, on se tourne vers nos gouvernements, vers ceux élus par nous.


Quand ces gens d’affaires qui vomissent à temps plein l’État et ses fonctionnaires sont désespérés, aux abois, vers qui se tournent-ils ?


Eh oui, ils se tournent vers leur gouvernement national.


Quand on doit agir vite pour ralentir la propagation, que fait-on ?


Eh oui, on redécouvre qu’une frontière, ça peut aussi se fermer, et même qu’elle peut parfois être plus utile fermée qu’ouverte.


Écoutons des dirigeants politiques aussi divers que Legault, Macron, Merkel, Boris Johnson, ou même Trudeau.


On peut les aimer ou pas, les trouver compétents ou pas, ce n’est pas de cela que je parle.


Quand ces dirigeants veulent mobiliser, rassurer, encourager, à qui s’adressent-ils ?


Ils ne s’adressent pas à une humanité abstraite de 8 milliards de personnes. Ils s’adressent à leur peuple, à leur nation, les deux termes étant synonymes.


Eh oui, Legault parle aux Québécois, Trudeau aux Canadiens, Macron aux Français, etc.


Ils font ainsi parce qu’ils savent qu’un être humain normal sera plus solidaire avec des gens qui lui ressemblent, avec qui il partage un héritage et des valeurs communes.


Ces temps-ci, on redécouvre que l’État national, les peuples avec leurs identités particulières, et les frontières restent les matériaux les plus solides quand les choses se corsent pour vrai.


Un récent éditorial dans La Presse y voyait un triste repli sur soi. Ça vous étonne ?


L’alternative était crûment posée : la solidarité globale ou l’isolement nationaliste ?


Certes, une fois la crise passée, il faudra se pencher sur des façons de mieux répondre globalement à un défi global, puisqu’il y aura d’autres virus.


En attendant, si on accepte de regarder la planète comme elle est et non comme un jardin zoologique peuplé de licornes roses, on constate que le cadre national, loin d’être dépassé, est le plus efficace pour agir quand il y a urgence.


Et même si, à l’avenir, on veut éviter qu’une pandémie dévaste un continent souvent désorganisé comme l’Afrique, par quoi faudrait-il commencer ?


Par des États nationaux efficaces et par donner aux gens de bonnes raisons de vouloir rester chez eux.


Creux


Un ministre italien demandait tristement : combien de lits, de médecins, de masques l’Union européenne ou l’ONU ont-elles fournis à son infortuné pays ?


Zéro. On leur a servi de beaux discours.


Quand ça va mal, les peuples ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur leurs propres chefs. 


Il faudra se le rappeler.




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