Le retour détourné de Stephen Harper?

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Poilievre serait soutenu par Harper


Pour les élites de droite, le Parti conservateur du Canada (PCC) est redevenu intéressant. Le départ du très malhabile chef Andrew Scheer combiné à la nouvelle vulnérabilité de Justin Trudeau, dont le deuxième mandat est minoritaire, les fait déjà rêver à un retour rapide au pouvoir.


Le pouvoir est comme le miel. Il attire. D’où les nombreux candidats potentiels à la chefferie conservatrice : Michael Fortier, Vincent Guzzo, Erin O’Toole, Bryan Brulotte, Peter MacKay, etc. Même le nom de Jean Charest s’y est ajouté. Le prochain chef étant choisi le 27 juin, tout ce beau monde devra se brancher d’ici peu.


Au Québec, certains voient M. Charest dans leur soupe. L’ex-premier ministre, après tout, est un super communicateur et un fédéraliste inconditionnel. Comme je l’écrivais en décembre, ses fans voient aussi en lui celui qui pourrait redonner son influence à l’aile dite « progressiste » du PCC, tassée par la droite albertaine lors de sa fusion en 2003 avec l’Alliance canadienne de Stephen Harper.


Beau scénario, mais...


Ce scénario est bien ficelé, mais un brin trop québécocentriste. De fait, l’aile Harper est loin d’avoir dit son dernier mot. À preuve, Pierre Poilievre. Son nom circule beaucoup. Député conservateur depuis 2004 et né en Alberta, cet ex-ministre de 40 ans au charisme digne d’une patte de chaise est surtout un pur produit de l’ère Harper.


La droite de M. Poilievre, dont les racines remontent à l’Alliance canadienne, est claire : l’État doit être le moins interventionniste en toutes choses. Bref, on dirait bien le poulain de son ancien patron. Selon le Toronto Star, John Baird, un influent ex-ministre de Stephen Harper, serait d’ailleurs le directeur de campagne de M. Poilievre.


Comme quoi le « clan » Poilievre prend déjà des airs de clan pro-Harper et du premier candidat ABC — Anybody But Charest. C’est ici que l’enjeu central de la chefferie se précise. Depuis sa défaite en 2015, la prochaine élection pourrait offrir à Stephen Harper l’occasion inespérée d’un match revanche par son « poulain » Poilievre interposé.


Trois gros « si »


Du moins, si Pierre Poilievre se présente à la chefferie, qu’il la remporte et qu’il gagne la prochaine élection fédérale. Trois gros « si » pour le moment. S’il réussissait — et ce n’est pas un détail —, les Canadiens assisteraient au retour détourné au pouvoir de Stephen Harper et de la droite albertaine. Le très ambitieux premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, une autre grosse pointure des années Harper, y trouverait sûrement aussi un allié de taille pour son pétrole et sa croisade pour une péréquation moins favorable au Québec.


Et Jean Charest dans tout ça ? S’il plonge, les eaux politiques d’aujourd’hui risquent de lui être moins accueillantes et dorées qu’en 1998. Cette année-là, il quittait les conservateurs pour le PLQ avec l’appui enthousiaste des fédéralistes d’une mer à l’autre. Lesquels, à l’époque, se magasinaient un Capitaine Canada pour combattre une « menace séparatiste » depuis longtemps oubliée.






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