Le Québec ne deviendra pas un pays

Nos enfants et nos petits-enfants ne sont pas nés pour réaliser nos rêves démodés, ni pour recréer les rendez-vous manqués de l'histoire

Zélotes de la subordination


Guy Laliberté Sainte-Monique-de-Nicolet - Désolé pour ceux qui espéraient encore, mais le Québec ne deviendra pas un pays. Passé un certain stade, la persévérance devient de l'entêtement et l'engagement de l'acharnement. Nos rêves fumeux, nos enfants et nos petits-enfants n'en veulent pas. L'ère de la fièvre séparatiste est révolue. Même avec ses leaders les plus charismatiques, dans un contexte d'effervescence nationaliste, l'option souverainiste n'a jamais rallié la majorité des Québécois. Et, quoi qu'en disent certains péquistes, il n'existe pas deux catégories de Québécois, les vrais et les autres.
Autres temps, autres moeurs, les plus allumés l'ont compris et ont quitté le bateau depuis belle lurette, cédant la place à de bien pâles copies, dont le discours belliqueux, souventefois, hésite entre le chauvinisme et le racisme. Le terrain de jeu des nouvelles générations n'est plus la cour arrière de l'église, mais l'univers, auquel elles comptent accéder autrement que par le chemin des Patriotes, avec des outils modernes, par la force de leurs talents et de leurs idées nouvelles.
Oui, à la protection et à la promotion de la langue et de la culture, à la fierté de bien parler et de bien écrire son français, au rayonnement de notre culture et de notre savoir dans le monde, à tout geste qui vise à soutenir le développement de nos expertises, à la connaissance et au dépassement de soi. Non, à tout ce qui réduit, confine, restreint, discrimine, à tout ce qui nous «ghettorise». Utilisons notre différence comme une force d'action et non comme un bouclier. La politique doit se subordonner à notre évolution et non l'inverse.
Madame Marois n'a ni le charisme, ni les idées, mais là n'est pas le problème. Quel que soit le chef, la pensée péquiste, devenue le dénominateur commun de toutes les tendances négatives et revendicatrices, ne passe pas. Et, n'en déplaise aux autres partis qui font également la promotion de la souveraineté, il ne suffit pas de moduler la vitesse d'actualisation. Qu'on y ajoute du yogourt, des fruits, de la mélasse ou de la cassonade, quel que soit le bol dans lequel on le présente, un gruau demeure un gruau! Pourquoi Jean Charest, le mal aimé, tient-il encore le volant en dépit de quelques déboires? À cause de son regard tourné vers l'avenir, de son ouverture sur le monde, de sa vision moderne et, avouons-le, de l'absence d'adversaires crédibles.
Que d'énergie perdue que l'on pourrait utiliser à travailler ensemble, au lieu de chercher à avoir raison, en attisant de vieilles querelles, dont seulement quelques initiés se rappellent les origines! Est-ce là notre héritage? L'image projetée est-elle une juste représentation de notre identité? Quelquefois, j'ai honte de l'ignorance et du manque de savoir-vivre de certaines personnes qui prétendent parler en notre nom.
Nos enfants et nos petits-enfants ne sont pas nés pour réaliser nos rêves démodés, ni pour recréer les rendez-vous manqués de l'histoire. Soutenons-les dans la recherche de leur propre voie. Et de grâce, congédions ces faux leaders qui non seulement nous proposent des chemins qui ne mènent nulle part, mais, pire encore, nous empêchent d'avancer vers la lumière.
Guy Laliberté
Sainte-Monique-de-Nicolet


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