Le PQ, l'État, etc...

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« Le PQ s'est enlisé à gauche. Dans le sable mouvant des vieilles habitudes bureaucratiques et de ses vieilles amitiés syndicales. »


C’est bien la première fois que le PQ demande de regarder ailleurs, lui qui n’a jamais été dirigé par des humbles, mis à part René Lévesque, ce qui fait un sacré bail...


Ce n’est pas dans un autre programme qu’on pouvait lire il n’y a pas si longtemps:  


«Nous souhaitons que les regards du monde entier se tournent vers nous, attirés par la fierté que nous dégageons...»  


Disons que le dégagement a pris une forme centrifuge; il y a eu éparpillement, des victimes partout... Au final, qu'une poignée de rescapés au destin plus qu'incertain.  


Évidemment, durant la campagne électorale, les péquistes déploraient, avec raison, la «partie gratuite» dont profitait Québec solidaire, et qui en profite encore un peu. QS, la véritable source des problèmes du seul véritable parti indépendantiste.  


QS, dont on ignore à peu près tout, dont l'organigramme dissimule des amitiés particulières, pas du genre de celles qu'on verra à Tout le monde en parle ou chez Denis Lévesque...  


Mais si le Conseil Central des Bons Sentiments n’a pas encore eu à subir la véritable pression des médias, cela ne tardera pas : la discrétion actuelle des qsistes indique d'ailleurs un stratégique réalignement. On respire par le nez, à huis clos, loin des oreilles indiscrètes, et peut-être sur les genoux de quelque colleur de timbres...  


Une pause donc. On ne veut pas que Catherine Dorion gâche tout et que Manon Massé passe pour La Poune de l'extrême-gauche alors qu'elle se veut la version post-moderne de Rosa Luxembourg...  



Le PQ, l'État, etc...

Photo d'archives, Simon Clark




Comme dirait Patrice Desbiens, le poète préféré de la Tuque de Taschereau: «Il faut apprendre à fermer sa gueule et à respirer par le trou du cul».  


Remarquez que cela ne changera pas grand-chose au sort qui attend le PQ et ses joyeux naufragés. QS, la CAQ ou le West-Island Party of Quebec n'ont rien à y voir au fond.  


Le PQ, il n’est pas dans le déni, comme plusieurs croient, il continue au contraire à patauger dans l’espérance d'un quelconque retournement, ce qui est encore plus dangereux.  


Espoir de quoi? Espoir de faire du Québec un pays? Un pays avec des centaines de milliers de provinciaux zé de provinciales zzzenvoûtés par Justin Trudeau, le Yogi de l’Éloquence, le Portier d'un Monde Meilleur? Quant au Bloc, sans la télé, que serait-il vraiment?  


Le PQ s'est enlisé à gauche. Dans le sable mouvant des vieilles habitudes bureaucratiques et de ses vieilles amitiés syndicales. Personne d'autre n'aurait pu protester contre les recommandations de la commission Charbonneau parce que ça punissait des boss de la FTQ-Construction; un vrai délire!   


Ce qui a fait élire la CAQ, c’est moins son nationalisme mou ou sa position sur la laïcité que sa froideur envers l’administration publique et les syndicats. Ce n'est pas souvent l'objet d'analyses politiques mais ça ne veut pas dire que c'est sans importance... Le contribuable colonoscopié par le fisc a bien saisi où se trouvait (possiblement) le moindre mal...  



Le PQ, l'État, etc...

Photo d'archives




Aux dernières élections donc, le PQ, en passe d’être démodé chez les jeunes, promettait un État fort... Ce n’était pas plus dans l’air du temps que le pays; le P’tit gros de la Confédération avait eu sa ration et plus encore durant cinquante ans... La dette et la fiscalité en témoignent.  


On verra ce que la CAQ en fera de ce mastodonte. Mais la prudence doit avoir préséance sur l'optimisme...  


L’État québécois est une méduse, il est immunisé contre le changement, les réformes, les réingénieries, etc. Il est vacciné contre la contrainte; la concurrence, la compétition, la performance, l’imputabilité, la récession, rien n’altère son tour de taille... Rien ne le rend malade: il a tout prévu dans les moindres détails...  


Même en pleine austérité, on ajoute des élastiques et des boutons à son corset. Parce qu'il enfle, il gonfle, il bouffit, il boursouffle, il ballonne, il bedonne, il amplifie, il agrandit, il élargit, bourgeonne, se dilate, se distend, s’étend de tout son poids sur tout un chacun et sur plus petit que lui...  


C’est ça qui a tué le PQ. Son éternel parti-pris pour l’État... Il ne connaît d'ailleurs pas vraiment d'autre univers. Et l'idée du pays mourra avec lui.